Ce matin, M. Nicolas
Sarkozy, ex-président de la république et président en exercice du
parti Les Républicains, était l'invité du 7-9 de la RSC. Je ne
peux m'empêcher d'avoir une certaine sympathie pour le personnage.
Je le trouve brillant, habile. Arrêtez vos sifflets, je vous prie !
Et les quelques autres, au fond de la salle, qui s'apprêtent à
applaudir, refrénez votre enthousiasme ! Je n'ai pas terminé :
In cauda venenum !
Donc je le trouve
sympathique. Ceux qui lui reprochent un manque de culture, un
pitoyable français, des goûts vulgaires placent le débat sur un
mauvais plan. C'est un peu comme s'ils reprochaient principalement à
Edith Piaf d'avoir été nulle au lancer de marteau, à
Louis-Ferdinand Céline son peu de connaissances en maçonnerie ou à
François Hollande de chanter faux. Je suppose que ses détracteurs
sont de nouveaux Pic de La Mirandole, ont tout appris à Maurice
Grevisse et que le bling-bling ne saurait les tenter. Moi, ce que je
vois en lui, c'est le roué politicien, l'homme qui sait entraîner
dans son sillage hommes et foules. Qu'il soit loin d'enthousiasmer
tout le monde est certain. Il n'est pas le Louis d'or. Seulement,
parmi tous ceux s'agitent sur la scène politique, je n'en vois aucun
qui lui arrive à la cheville, talonnettes ou pas.
Bien sûr, il m'a déçu.
Mais je ne lui en veux pas pour autant. Finir cocu n'empêche pas
qu'on conserve le souvenir ému de torrides parties de jambes en
l'air. En 2007, un soir de mai, mon père et ma fille m'appelèrent
pour exprimer leur joie de notre victoire. On est souvent réac dans
la famille et moi plus que tout autre depuis des lustres. C'était la
joie ! Si j'avais déserté mon camp pour Sarkozy, c'est qu'il
avait mis le paquet, le bougre, reprenant les thèmes qui m'étaient
chers. On allait voir ce que l'on allait voir. Et, hélas on a vu :
débauchage de gens de gauche, suppression de la « double
peine », reculades diverses. Bien sûr, il fut en butte aux
railleries, aux attaques haineuses de la gauche et de ses relais
médiatiques(qu'attendre d'autre?) mais était-ce une raison pour
trahir ? Un homme d'État ne doit-il pas conserver le cap contre
vents et marées ? Il fallut attendre la campagne de 2012 pour
que, dans une tentative de recréer l'enthousiasme, il
ressortît les thèmes de 2007. On vota pour lui au deuxième tour
parce que ç'aurait pu nous éviter Hollande mais sans enthousiasme.
Comme finit si bien par dire Émile dans La Cité de la peur
(film cultissime!) : « On peut tromper mille fois une
personne, on peut tromper une fois mille personnes mais on ne peut
tromper mille fois mille personnes ». Alors cocufier ne
serait-ce que deux fois des millions de Français...
Et le voilà qui repart
en ces temps de montée du radicalisme sur la ligne de 2007 et de
2012. Comment lui faire confiance ? Surtout quand il a dans son
parti des Raffarin, des Juppé, des Kosciusko-Morizet, quand, vue la
force actuelle du FN, il se voit contraint à ménager la chèvre
centriste et à flatter le chou nationaliste ? Ce matin, je l'ai
écouté faire le grand écart. Je dis « Chapeau
l'artiste,mais ce coup-là, tu nous l'a déjà fait ! ».
Si on se fait mettre une fois, ça peut être un accident, si on se
fait mettre à tous les coups, c'est qu'on aime ça. Et puis n'est-il
pas trop tard ?