..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 5 mars 2015

Explications de votes

Je me vois contraint de l’admettre : à force de ne prêter qu’une oreille distraite aux propos de notre inestimable président, je finis par passer à côté d’enseignements fondamentaux. Toutefois, il est des formules qu’à moins d’être plus sourd qu’un pot on ne peut que retenir. Ainsi, notre cher M. Hollande a-t-il déclaré lors d’un échange particulièrement  fructueux avec des lecteurs du Parisien : « C'est un échec collectif quand un parti d'extrême droite est le premier parti de France » avant d’ajouter : « cela ne veut pas dire que ceux qui votent pour le FN soient convaincus par ses thèses ».

Comme souvent, Notre vénéré président soulève une question fondamentale. Qu’est-ce qui fait qu’on vote pour tel ou tel parti ? Une des raisons peut être qu’on a trop bu et/ou qu’on a oublié ses lunettes. Après avoir à tâtons saisi les différents bulletins, on se retrouve dans l’isoloir et faute de bien les distinguer on en glisse un au hasard dans la petite enveloppe bleue. La dyslexie explique, elle aussi bien des votes. Quand on en est affecté, l'apparente paronomase entre Sarkozy et Hollande justifie certaines confusions. Parmi les motivations des votants peuvent entrer le désir cruel de faire de la peine à ceux pour qui on ne vote pas ou à ceux qui ne votent pas comme nous, la démence sénile, un besoin de se démarquer du troupeau en choisissant celui qu’on donne perdant, la distraction qui fait qu’au lieu d’un bulletin blanc on glisse dans l’enveloppe celui, à l’envers, d’un candidat abhorré. Toutefois, comme il est probable que la proportion d’ivrognes, de myopes, de dyslexiques, de cruels, de déments, d’originaux ou de distraits est égale dans chacun des camps, en cas de duel les conséquences de ces votes ne sont pas déterminantes.

Quittons le domaine des erreurs et des sentiments pour celui des motivations sérieuses. Le physique du candidat peut être déterminant. Quoique, vue l’offre… On peut aussi choisir son poulain en fonction de l’inintelligibilité de son discours. Pour beaucoup d’intellectuels autoproclamés obscurité et bafouillage sont les deux mamelles de la compétence. On peut encore être séduit par des promesses de lendemains qui chantent, même si l’amnésie n’est pas un mal très répandu. On peut enfin voter pour une personne ou un parti parce qu’on est « convaincu par ses thèses », comme disait l’autre. Pour cela, il faudrait non seulement les connaître mais aussi que ces dernières soient plus ou moins constantes.

On ne peut donc qu’approuver M. Hollande : ceux qui votent pour le FN ne sont pas nécessairement convaincus par ses thèses. Pas plus que ne le sont ceux qui votent PS, PC, NPA, UMP, UDI, MoDem, etc. S’il n’a pas inventé le fil à couper le beurre on peut donc lui faire confiance lorsqu’il énonce la recette de l’eau tiède. Ce qui est étonnant dans ces conditions, c’est que ladite non-adhésion devienne à ses  yeux un « échec collectif ». En seraient donc à blâmer l’ensemble de la classe politique française traditionnelle et ses relais médiatiques, coupables qu’ils seraient d’avoir failli à attirer vers eux les non convaincus.

Il doit bien y avoir une raison à cela, non ?  Je vous laisse y réfléchir.

En attendant, pour qu’ils ne soient  pas venus ici pour rien, j’offre aux anglicistes une petite récréation qui prouve que quand on est brillant on l’est en toute langue : 




mercredi 4 mars 2015

Question de rythme…





Les plus attentifs de mes lecteurs auront remarqué une baisse de fréquence dans la publication de ces billets qui, comme l’auraient probablement affirmé Mathusalem et bien d’autres personnages éminents si Dieu ne les avait arrachés prématurément à notre affection, réjouissent le cœur et l’âme de l’homme et de la femme de goût. Il faut dire que mon esprit (car j’en ai un et de toute beauté) s’est trouvé accaparé par de bien triviaux soucis. 

D’espoir inconsidéré en amère désillusion j’ai parcouru des centaines d’annonces immobilières et de kilomètres sur d’improbables chemins vicinaux à la recherche de la demeure apte à guérir ce sentiment d’insatisfaction profonde qui envahissait mon âme. Ce fut l’occasion de faire la rencontre d’agents immobiliers qui, me menant d’immondes masures qu’un rien transformerait en paradis naturels ou venant évaluer mon actuelle demeure, me permirent de jeter les bases d’une jolie collection de cartes de visite vivement colorées et accessoirement d’atteindre une conclusion. Laquelle est double : d’une part que mon insatisfaction actuelle est plus qu’autre chose l’effet d’une « dépression saisonnière » et que d’autre part le principal intérêt d’un éventuel changement de cieux serait de procurer auxdits agents et au fisc l’occasion de dépouiller votre serviteur et son éventuel acheteur d’un total de vingt et quelques milliers d’Euros avant qu'ils ne se retrouvent posséder des biens perdant de ce fait une bonne partie de leur valeur affichée. Aider l’état et une corporation méritante à surmonter leurs difficultés passagères est certes de nature à réjouir tout bon citoyen mais vu le coût de la manœuvre, on finit par se poser des questions quant au niveau réel de sa citoyenneté.

Ainsi renonçai-je à mes rêves immobiliers. Il n’empêche que ces errances ont gravement affecté le rythme de publication de mes billets et que le rétablir ne me paraît pas aller de soi. Surtout que l’époque ne semble pas bien riche en événements. L’inexorable montée du FN, l’inéluctable affadissement du célèbre « esprit du 11 janvier », l’allocution aussi quotidienne que définitive de M. Hollande sont certes des sujets passionnants mais ils ne m’inspirent que moyennement. Le réchauffement global, les aventures du petit Bachar, la meilleure façon de trier islamistes et musulmans à l’aide d’une boussole, savoir dans quel ordre il serait préférable d’écorcher et de rouer vif M. Poutine afin de le ramener à de meilleurs sentiments, déterminer avec précision la date à partir de laquelle il sera loisible de traverser le Sahara à la rame sont des questions qu’aucune grande conscience ne saurait ignorer mais en suis-je vraiment une (de conscience) ?

Restent la géographie, le comportement lamentable des animaux qui encombrent de leur importune présence notre planète, mes joies, mes peines, la pluie et le mauvais temps, les variations du prix des flageolets en boîte, l’intérêt comparé du dernier roman de Glutzenbaum et de la pêche aux moules… Bref, les thèmes majeurs ne manquent pas. Sera-ce suffisant ? Nous verrons bien…

Là-dessus, je m’en vais scier du bois.
 

jeudi 26 février 2015

Et si c’était elle ?



Difficile de se passionner, en admettant qu’il en existe une, pour l’actualité quand touts vos pensées sont tournées vers un seul but : trouver une nouvelle maison. Curieuse obsession. Qu’est-ce qui peut bien faire qu’elle vienne à envahir un esprit qui quelques semaines auparavant avait de tout autres préoccupations voire en était totalement dépourvu, tournant à quasi-vide au rythme d’une routine si bien rôdée qu’elle n’aurait su engendrer qu’ennui et léthargie ? Mystère !  Retracer le cheminement d’une idée est surement aisé. Aisé autant qu’inutile. J’ai toujours fonctionné ainsi. En tout domaine. Un peu comme Diderot qui dans l’incipit du Neveu de Rameau comparait les idées aux courtisanes que pourchassaient les libertins au Palais Royal, je pourrais dire « mes idées ce sont mes catins ». A part qu’il en est dont je m’amourache et que je ne saurais lâcher avant qu’elles n’aient quitté le domaine des virtualités pour devenir part intégrante de ma réalité. Quel qu’ait été le résultat final qu’aient entraîné ces impérieux désirs, je n’en ai jamais ressenti le moindre regret. Ce que d’aucuns pourraient apparenter au parcours erratique d’une boule de flipper, je le considère comme parfaitement logique, ce en quoi ils ne verraient qu’une suite d’erreurs est à mes yeux un sans faute. Ainsi vogue ma galère…

Or donc depuis bientôt trois semaines, de Lusitanie en pays maraîchin, je poursuis de mes ardeurs les affriolantes  catins du déménagement. Cela ne va pas sans mal. Car le désir brouille la vue, vous fait prendre, le temps d’un rêve, une vieille décrépite pour la plus fraîche des jouvencelles. L’illusion se dissipe vite et ne fait que renforcer l’espoir.  Parallèlement, se met en place la logistique : évaluation des ressources disponibles (personnelles et bancaires), les données du problème se précisent effaçant l’impossible et définissant les frontières du faisable. Tout possible n’étant pas désirable, bien des envies étant irréalisables, les visites se succédant, les pourtours du projet s’affinent, et par le jeu de nouveaux refus et acceptations, on entre dans le concret. J’en suis là.

Une demeure, par son prix, ses volumes, la distribution de ses pièces, la taille et le profil de son terrain, sa situation géographique et jusque par sa décoration m’a séduit. Je dois la visiter dans quarante-huit heures. Cela ne va pas sans angoisse. Et si j’allais au-devant d’une nouvelle déception ? Si les photos étaient trompeuses ? Ou pire (car tout amoureux craint d’imaginaires rivaux et, fut-elle le pire thon de tous les océans, ne peut s’empêcher de penser que tous rêvent à sa belle), si au dernier moment surgissait un vil séducteur qui me la ravirait d’un compromis hâtivement signé ?  Le pire n’étant jamais garanti, me restent deux longs jours d’inquiétude que j’espère infondée. Avec la certitude que, quel qu’en soit l’issue, cet épisode ne saura qu’être utile.

mercredi 25 février 2015

Le Charlie Nouveau est-il arrivé ?



J’apprends qu’en ce jour sort un nouveau numéro de Charlie, le célèbre hebdomadaire que nous serions tous supposés être suite à la fusillade du 8 janvier dernier. Cette nouvelle livraison serait tirée à 2 millions d’exemplaires. Ce qui est peu comparé aux 8 millions de celui qui l’a précédé. A croire que le Charlie s’évapore bien vite même à basse température. Il n’empêche que comparé à sa diffusion pré-massacre d’une quarantaine de milliers c’est quand même pas mal. Si l’Express ou l’Obs voyaient, même exceptionnellement, leur diffusion connaître de tels progrès, ils en seraient ravis. Et pourtant…

Il semblerait que certains collaborateurs sont inquiets. Ils craignent de ne pas réussir à produire le Charlie d’avant. Parce que les morts ne reviendront pas. Parce qu’il est difficile de recruter de nouveaux dessinateurs tant peu de gens, si contestataires soient-ils,  se sentent attiré par la perspective de se voir métamorphosés en passoires suite à quelque hilarante finesse. Ces inquiétudes sont donc justifiées. Si le but est de renouer avec un lectorat évanescent qui menait la publication à une faillite certaine, ce n’est pas gagné d’avance. Seulement, il existerait une autre solution.

Si on y réfléchit un bref instant, cet afflux de nouveaux lecteurs est pain béni, à condition de savoir le conserver. Il y a fort à parier que la plupart d’entre eux n’ont qu’une idée très imprécise de la ligne éditoriale qui pouvait être celle du quasi-défunt hebdomadaire avant les événements qui le placèrent sous les feux de l’actualité. Si on excepte une certaine « impertinence », une « liberté de ton », d’un « esprit frondeur » qu’en a-t-on révélé au public ? Et c’est là que s’ouvrent des opportunités commerciales inouïes ! Ces deux millions d’acheteurs, afin de faire une rapide fortune, ne s’agit-il pas de les retenir ? Et comment mieux y parvenir qu’en leur offrant ce qui les intéresse vraiment ?  Ce n’est pas en dessinant des prêtres catholiques qui s’enculent, en proférant des blasphèmes gratuits, en insultant bassement quelques têtes de turcs, en écrivant des pensums écolos ou bobo-gaucho qu’on y parvient ! A part quelques dizaines de milliers de soixante-huitards attardés et de boutonneux ravis qu’on leur décrive un monde bien glauque, vous n’intéressez personne.

Ce qu’il faut à cette masse, c’est du people, du sport, des recettes de cuisine, des astuces en vue d’une vie sexuelle épanouie, des conseils de déco. Ce qui les retiendra, c’est de faire tout ça sur un ton coquinou, libre-bricoleur, franc-niqueur, concilier préoccupations vulgaires et esprit frondeur… De quoi requinquer la cerise du néo-bobo en mal de rebellitude, quoi !

Mais encore une fois, je prêche en plein Gobi. Nos provocateurs professionnels, comme nos politiques et nos amis des média cherchent désespérément à retrouver les bonnes vieilles recettes qui les ont si efficacement menés dans le mur. Je fais entièrement confiance aux gens de Charlie pour renouer dès que possible avec la cessation de paiement.

lundi 23 février 2015

Y’a des métiers pas faciles !



J’en veux pour preuve celui de commentateur politique. Vous savez, ces gens que les media paient plus ou moins grassement pour nous entretenir doctement à longueur de colonnes ou d’ondes hertziennes du dessous des cartes politiques. Leur tâche n’est pas aisée : il leur faut déployer des trésors d’imagination pour tenter de complexifier à l’extrême des situations d’une simplicité biblique et trouver à des prises de position découlant de raisons évidentes des motivations alambiquées. C’est à ce seul prix qu’ils peuvent passer pour de fins analystes et justifier au passage leur existence. Faute de ce talent, ils n’auraient souvent rien à dire et C dans l’air pourrait fermer boutique.

Prenons l’exemple de la loi Macron et du 49-3 qu’elle entraîna. Que de choses en furent dites ! On nous annonça entre autres finesses que les députés socialistes contestataires, protestataires, frondeurs ou simplement taquins ne voteraient pas la subséquente motion de censure car s’ils désapprouvaient certains (voire tous les) articles de l’infâme loi en question, cela ne saurait signifier qu’ils rejettent en bloc la politique gouvernementale. Alors que la question n’est absolument pas là.

A quoi aspire, sauf cas exceptionnel,  un député sinon à le rester ? Voter une motion de censure équivaudrait pour tout élu de l’actuelle majorité à retourner devant des électeurs dont l’empressement à le reconduire dans ses fonctions serait pour le moins mitigé. Son  refus de la censure ne relève donc pas d’une quelconque adhésion mais du simple instinct de conservation. Et il en va de même pour toute majorité qui ne saurait se constituer sans qu’en son sein existent des nuances permettant de ménager chèvre, chou et même loup. Du rose foncé communisto-compatible au rose orangé centriste, du bleu-pâle Udéiste au bleu foncé (pour ne pas dire « marine ») tendance souverainiste toute coalition se doit de ratisser large, de sembler déchirée par des tendances fortement antagonistes, de proposer un menu où végétariens et fous de barbaque trouveront leur compte, l’essentiel étant de ramasser un maximum de mandats et de donner du grain à moudre aux commentateurs histoire d’entretenir l’illusion que quelque chose se passe en politique.

Un commentateur politique honnête sait bien que les mouvements d’humeur des excités de tout bord ne sont là que pour faire joli, que les plus égarées des brebis ne s’aventurent jamais loin du bercail et s’y retrouvent au premier rappel. Mais ramener les querelles tendancielles à leurs véritables dimensions équivaudrait à se saborder en tant que profession et dans quel domaine pourraient-ils se reconvertir ? Les querelles sur le sexe des anges ayant perdu de leur attrait, leurs savoir-faire n’ont pas  grands domaines où s’exercer.

C’est pourquoi plutôt que de rire à leurs pataudes tentatives de donner des dimensions himalayennes aux taupinières et des justifications idéologiques profondes aux manœuvres des appareils, il faudrait applaudir leur talent d’illusionnistes faute duquel le spectacle qu’offre le cirque politicien perdrait beaucoup de son intérêt. Sans eux, le brave peuple ne serait-il pas tenté, privé de commentaires sur la guerre des chefs, de fines analyses de petites phrases comme de rapports d’envoyés spéciaux sur les champs de batailles des luttes intestines, de s’intéresser à des problèmes plus fondamentaux avec les déplorables conséquences qu’on peut imaginer sans peine ?