Buster Keaton, artiste burlesque américain fut surnommé « l’homme
qui ne rit jamais ». Notre cher
ministre de l’intérieur mériterait largement ce sobriquet car s’il lui arrive,
sans grand succès d’ailleurs, d’esquisser un sourire son boyau de la rigolade
semble gravement atrophié. Là s’arrête
pourtant la ressemblance car Buster fut
une vedette du muet et M. Valls serait
plutôt parlant. Ce qui n’est pas forcément un avantage.
Avant-hier, l’ennui et une absence de programmes attrayants
m’ont amené à regarder l’émission « Des
Paroles et des actes » qui avait pour invité vedette rien moins que
notre vénéré ministre de l’intérieur. Des paroles, il y en eut. Des actes, aucun.
On serait tenté de parler de tromperie sur la marchandise mais quel genre d’actes
peut-on attendre au cours d’une émission télévisuelle ? Serait-il souhaitable que l’invité se lançât
dans un numéro de claquettes, dans un tango effréné avec une des journalistes politiques
présentes ou que, emporté par son zèle antifasciste, il se mît en devoir d’administrer
au représentant du FN la bonne dérouillée que ses propos nauséabonds méritent (acte
toujours risqué sauf à avoir précédemment testé les capacités pugilistique de l’adversaire)?
Paroles nous eûmes et
à foison. Car M. Valls est grand causeur. Au point qu’après ses réponses,
on se demande quelles étaient les questions. Pour ce qui est de noyer de malheureux poissons, il est un maître ! Ainsi, si certains chiffres de délinquance
augmentent, c’est qu’on a appris à les
mieux compter. Cela ne remet aucunement en question l’efficacité de sa lutte
contre la criminalité. Souhaitons toutefois
que les techniques de comptage ne s’améliorent pas plus rapidement que l’efficience
de la police, car en ce cas, plutôt que de créditer le ministre de la qualité
de ses chiffrages, de mauvais esprits tendraient à penser que ses méthodes de
lutte sont inefficaces.
Nous apprîmes que M. Valls n’a d’autre ambition que de mener
à bien ses luttes contre le racisme et accessoirement contre l’insécurité (ou
du moins ce qu’il en reste). Pas fou, le Manu ! Il ne va pas aller
compromettre ses chances de devenir président en acceptant un poste de premier
ministre qui de nos jour discrédite plus qu’il ne valorise. Le racisme,
Dieudonné sont ses combats primordiaux à l’heure où vingt mille personnes ont
récemment, selon lui, défilé au cri de « Mort aux Juifs ! ». Serait-il sujet aux cauchemars ou manquerait-il d'honnêteté ?
M. Florian Philippot, vice-président du FN, vint l’interroger
sur la question de l’immigration avant de se lancer dans une diatribe contre le
bon ministre. Rien que de très naturel. On se traita mutuellement de raciste
comme il sied dans tout débat sérieux.
Le clou du spectacle fut l’échange avec M. Alain Finkielktaut,
philosophe réactionnaire de son état. Le fin lettré commença par se plaindre de
passer après M. Philippot, laissant entendre que les propos de ce dernier auraient
été inadmissibles autant qu’attristants. Mais qui n’a pas ses petites manies ?
Cela dit, le bon Alain enfourcha son cheval de bataille à savoir le refus du
multiculturalisme. Partageant cette douce lubie, je jugeai son discours à la
fois brillant et convaincant. Manuel, devant une telle autorité se montra courtois
et donna l’impression d’abonder dans son sens, tout en reprochant avec douceur au
penseur de manquer un peu d’audace, de ne pas faire suffisamment confiance à la
France… Pour quelqu’un qui appartient à
un gouvernement qui encourage le
multiculturalisme tout en prétendant lutter contre le communautarisme, je trouvai ça gonflé. A peu
près aussi crédible qu’un sacrilège assurant
l’archiprêtre de son respect de la religion tout en pissant dans le bénitier.
Une conséquence du plaidoyer intégrationniste de M.
Finkelkraut fut que deux membres éminents du PS (ne le sont-ils pas tous ?)
saisirent le CSA sous prétexte qu’il se serait permis d’utiliser l’expression
maudite de « Français de souche » ! La folie gagne.
Pour clore le tout, trois journalistes de service vinrent
déclarer sa prestation brillante.
Entre un président qui déclenche l’hilarité à coup de
blagounettes et de virées à scooter et un émule du vieux Buster on ne peut pas se plaindre de manquer d’occasions de rire. Dommage que
parallèlement ils nous en offrent tant de désespérer !