..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 18 février 2013

Que faut-il faire, où et dans quel but ?



Ces derniers temps, histoire d’exister un peu, on a vu une ministre de la justice défendre une loi, une agitatrice catho-rigolo la combattre, des adeptes de la peinture corporelle se dénuder et brailler dans une cathédrale, un chômeur s’immoler par le feu et un papa grimper sur une grue (Notons au passage que grimper sur une grue est depuis toujours une activité très prisée des pères de famille mais qu’auparavant  ils le faisait discrètement, que si ça pouvait se passer dans les ports, les grues en question n’étaient pas d’acier ni toujours de bois et qu’enfin il se livraient à ce hobby pour leur seul plaisir égoïste et non pour le salut de leurs enfants).

Or donc, si on veut donner un minimum de visibilité à ses actions il faut faire dans le spectaculaire et l’original. Seulement, tout le monde n’a pas sous la main une opposition prête à dégainer des amendements par milliers. Réunir plusieurs centaines de milliers de personnes afin qu’elles défilent à Paris pour défendre l’évidence demande du temps et une certaine logistique. Profaner un site religieux requiert un niveau de connerie et une impunité qu’on ne rencontre pas chez tous ni partout. S’immoler par le feu est douloureux et suppose un dégoût de la vie qui n’est pas donné à tout le monde. Grimper sur une grue (du type appareil de levage en acier) suppose la proximité d’un port ou d’un chantier.

On s’aperçoit donc que pour réussir son coup, il faut non seulement trouver une action sortant de l’ordinaire mais que celle-ci se produise dans un lieu ad hoc (Assemblée Nationale, rues d’une capitale, cathédrale gothique, agence de Pôle Emploi, port de Nantes, etc.) Mais ce n’est pas suffisant. Encore faut-il trouver une cause à défendre. Le genre de cause qui rencontrera soit l’adhésion soit la désapprobation du bon peuple. Que la question concerne ou non une partie importante de la population n’est pas un critère. Il s’agit de faire beaucoup de bruit. Que ce soit pour rien n’a aucune importance. Ce qui compte c’est qu’aux yeux des média et du quidam tout ce bruit paraisse justifié.

Si ces trois conditions ne sont pas réunies, inutile de s’agiter.

Afin que tout le monde comprenne, je prendrai un exemple personnel : hier, constatant une croissance certaine de ma pelouse, je décidai, profitant d’une exceptionnelle absence de précipitations, de tondre icelle. L’affaire fut compliquée par la présence de nombreux monticules de terre dus à l’action de cet ennemi du genre humain nommée la taupe.  J’en fus marri. Je tenais une cause : comme moi, des millions de Français sont à longueur d’année victimes des ravages de ces noirs démons. Leur capture est délicate. Des échecs cuisants m’ont amené, il y a beau temps, à renoncer à les piéger. Je ne suis pas seul a contempler impuissant leurs déprédations. Une solution serait donc de créer un corps municipal, départemental, régional, national, européen, voire mondial de taupiers qualifiés, apte à délivrer l’humanité de ce fléau.

Seulement, comment parvenir à sensibiliser la population à cette noble et primordiale cause ? Alerter mon député, afin qu’il dépose une  proposition  de loi ? Organiser une manif monstre ? Me promener peinturluré et torse nu dans Notre-Dame en criant « Mort à la taupe ! » ? M’immoler par le feu ? Faute de grues dans le secteur,  grimper sur une taupinière et refuser d’en descendre tant que le gouvernement n’aura pas promis de mesures drastiques ?  

Je crains que ces actions ne mènent à rien. Pour bien faire, il me faudrait trouver quelque chose de plus novateur. La meilleure des causes, défendue de manière banale au mauvais endroit, est perdue d’avance.

dimanche 17 février 2013

Moi, ça me fait rire !



J’étonnerai peut-être certains en introduisant dans un blog principalement consacré aux grandes questions qui agitent l’humanité une note qu’ils jugeront futile. Mais qu’importe au fond ? N’est-il pas sage d’abandonner de temps à autre la profondeur philosophique pour des domaines encore plus distrayants ?

Quoi qu’il en soit, et pour ces qui ignoreraient son existence, je voudrais signaler à mes lecteurs qui un site d’information alliant qualité éditoriale, sérieux et fantaisie. Il s’agit de Bilboquet Magazine.

Je connaissais déjà  The Onion et Le Gorafi  mais j’avoue que BM laisse ces concurrents sur place. Le premier parce qu’il est écrit en anglais et traite de sujets susceptibles d’intéresser  les américains mais souvent de peu d’attrait pour tout xénophobe digne de ce nom et le second parce qu’il le surpasse en finesse comme en sérieux.

Grâce à Bilboquet Magazine vous apprendrez la vérité sur des affaires que le reste de la presse vous cache comme le drame de ce désespéré qui, voulant se suicider tue son frère jumeau par erreur ou l’admirable générosité du mannequin du pouce de Facebook   après qu’il eut gagné le procès l’opposant à ce réseau social…


Pour toute âme avide d’information, c’est une mine !
 

samedi 16 février 2013

Que faire en attendant la révolution ?



L’autre jour j’entendis les messages laissés par ses auditeurs sur le répondeur de Là-bas si j’y suis de l’inénarrable Daniel Mermet. Ça me laissa perplexe : tous ces braves gauchos semblaient persuadés que la révolution était au coin de la rue (un peu comme la fille de joie de L’Accordéoniste, chantée par Mme Piaf). Le problème est que ce coin de rue a des airs d’horizon : plus on avance, plus il recule, comment  voulez-vous qu’on l’atteigne ? Il y a quarante-sept ans (j’étais alors en classe de première) elle y était déjà, au coin de la rue cette fameuse révolution, c’est du moins ce que n’arrêtait pas de me seriner  une militante de je ne sais quel mouvement trotskiste qui s’était mis en tête de m’endoctriner…

Depuis : pas grand-chose.

De l’autre côté de l’échiquier politique, certains s’attendent également à un bouleversement imminent. Qui n’irait pas dans le même sens que celui voulu par les marxistes. Quoique, par certains côtés…

Un gars se crame devant Pôle emploi, deux autres font les guignols au sommet d’une grue, si ce ne sont pas là des signes certains de l’imminence des orages désirés, je ne sais pas ce qu’il vous faut.

Si on accepte donc l’idée que dans un avenir proche vont se déchaîner des troubles inouïs, que faire en les attendant ?  Faut-il continuer de payer les traites de ses emprunts ? Est-il utile d’envisager de repeindre la grille d’entrée ? A quoi bon s’inscrire au club Macramé et Bilboquet ? Pourquoi faire un loto si la révolution se déclenche avant le jour du tirage ?

Je serais pourtant prêt à parier que les plus fervents partisans des inévitables troubles continuent de mener leur petite routine. Comme s’ils n’y croyaient pas vraiment.

vendredi 15 février 2013

Billet d’un sans coeur



Un homme s’est immolé par le feu à Nantes devant « son » agence de Pôle Emploi. Il avait des problèmes. Qu’il devait penser insurmontables. Soit.

Il faut croire que la vie lui était devenue insupportable. Soit.

Mais à quoi bon faire une sortie spectaculaire ? Complexe d’Erostrate ? 

En France, chaque jour, pour une raison ou pour une autre, 28 personnes se donnent la mort. La plupart  le font calmement dans leur coin. Ils prennent une corde, des médocs, se jettent sous un train ou d’un point élevé. C’est triste mais banal. Bien plus banal que de gagner des millions au loto. C’est pourquoi ça fait moins de bruit. Même les âmes les plus sensibles n’en font pas un fromage.

Pour devenir intéressant, dans une société de spectacle, un suicidaire doit se montrer original.

Nous vivons « une crise sans précédent ».  La moindre des choses est qu’elle entraîne des réactions inouïes. L’immolation par le feu, bien que courante chez le bonze, satisfait, par son con côté inhabituel un  peuple avide de sensations fortes.  Il y réagit. Ça le bouleversifie.  Chacun peut se dire que, vues les circonstances, ce malheureux imbibé d’essence et armé d’un briquet ou d’allumettes pourrait bien être lui. Tu parles ! On pleure dans les pavillons et les HLM, faute de chaumières devenues hors de prix.

Face à un tel drame, le ou la ministre compétent se déplace ou prononce quelques mots émus. Les administrations concernées  jurent leur grands dieux qu’elles ont tout fait pour venir en aide au désespéré. C’est tout juste si ces bienveillants fonctionnaires ne finissent par apparaître plus à plaindre que le cramé.

Et les 27 autres ? C’étaient des guignols ? Ils se pendaient, s’empoisonnaient, se faisaient déchiqueter par les boggies  ou s’aplatissaient façon crêpe juste histoire de passer le temps ?

Le désespoir ne s’explique pas. Rien ne le justifie ni n’en réfute les causes. C’est personnel. Quand la vie fait plus peur que la mort, le suicide devient consolation. Vouloir lui donner un sens, en faire un acte ultime de revendication relève du paradoxe. Ça s’apparente à une sorte d’espoir : « si j‘éveille  les consciences, mon acte n’aura pas été vain »…  …ce genre de choses.

Il faut cependant se dire une chose : dès demain,  un autre événement  viendra distraire. L’immolé sera oublié. Ses cendres seront froides, ses braises éteintes par les larmes des crocodiles.

Qu’il repose en paix, pauvre homme !