..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 7 décembre 2012

Sauvegardons notre patrimoine !



J’apprends avec une joie profonde que le Fest noz (prononcé fechnoz en trégorrois) vient d’être inscrit à la liste du patrimoine immatériel de l’humanité. La torpeur du Breton qui sommeille en moi en est toute secouée. Une telle reconnaissance est amplement méritée.  Que serait l’humanité en effet sans ces merveilleux moments de liesse où, le soir venu,  jeunes et moins jeunes se lancent dans des jabadaos, gavottes et autres  an-dros endiablées tandis que les chanteurs de kan ha diskan s’époumonent,  que les sonneurs sonnent  et que Chouchen et Coreff coulent à flot ?

Quand je pense que pour beaucoup de mes lecteurs certains mots que je viens d’écrire sont autant d’énigmes, le découragement me saisit tandis que s’éveille en moi l’espoir que la reconnaissance par l’UNESCO de l’immense intérêt  que présentent ces fêtes de nuit palliera rapidement  ces lacunes tant en France que dans le reste du monde.

Il est toutefois une coutume nationale, de laquelle participe largement celle-ci-dessus évoquée, qui mériterait également d’accéder à la reconnaissance universelle : je veux parler de la cuite à la française. Il serait d’autant plus urgent de s’en occuper que quoi qu’on en dise elle est menacée. En effet, notre consommation d’alcool s’est dramatiquement réduite ces dernières décennies. On m’objectera que les jeunes pratiquent le Binge drinking assurant ainsi la pérennité de la cuite. L’argument ne tient pas. Comme son nom l’indique, cette pratique qui consiste à absorber un maximum d’alcool en un minimum de temps afin d’atteindre l’ivresse nous vient de la perfide Albion.

La Cuite à la Française (ou CALF*) est tout autre chose. Il ne s’agit pas de se mettre en position de vomir ses tripes dans le caniveau ou sur l’élue de son cœur  au plus vite mais de monter en puissance de manière raisonnée afin d’atteindre un état d’ébriété satisfaisant et ensuite de s’y maintenir. Une bonne cuite se doit de durer plusieurs heures, plusieurs jours, voire plusieurs décennies comme certains grands anciens ont su ont su nous le montrer. Le tout étant d’éviter, comme le proclame la chanson, de rouler dessous la table. Il se peut qu’accidentellement  ce roulement se produise mais ce n’est pas le but de la manœuvre.

Suivant les régions, la CALF peut être à base de vin, de bière ou, plus rarement de cidre**. Les alcools forts, c’est une tendance nouvelle,  peuvent y tenir leur rôle. Au-delà de ces sources variées, il existe dans cette pratique une certaine homogénéité qui en assure la spécificité et qui la différencie des cuites à l’allemande, à l’anglaise, à la russe ou à la polonaise. On note certes des similarités entre notre CALF et les cuites italienne, espagnole et portugaise.  Faudrait-il pourtant l’élargir, afin d’obtenir une plus grande  base de reconnaissance, à l’ensemble de  l’Europe Latine du Sud, en faisant une CELDS ?  Quoique tentante, cette idée me paraît nuisible en ce qu’elle exclurait  nombre de  nos compatriotes et ainsi nuirait à l’unité nationale : comment  nier l’éminente participation au maintien de la CALF de nos concitoyens Bretons, Flamands, Alsaciens et Mosellans ? Comment rattacher à l’Europe du sud Normandie, Artois,  Lorraine ou Champagne ?

Non, décidément, c’est pour la bonne vieille CALF qu’il faut militer. Votre soutien est indispensable et, je l’espère, acquis.

*Est-ce pour ça que Le Général traita ses concitoyens de veaux (jeu de mots à destination des anglicistes)?
**Le lait de jument fermenté n’étant généralement utilisé à cette fin  que par ceux de nos concitoyens qui plongent leurs racines en Asie Centrale. Je profite de l’occasion pour saluer mes nombreux lecteurs d’Oulan-Bator.

jeudi 6 décembre 2012

Descartes : fou à lier ou mal compris ?




« Je demeurais tout le jour enfermé seul dan un poêle »



Quiconque lit avec ses yeux d’aujourd’hui cette phrase de M. Descartes imagine le brave René seul et recroquevillé à longueur de journée dans un Godin* d’où on lui interdisait la sortie. A moins que ce ne n’ait été lui qui s’y confinât. Allez savoir… On voit mal d’ailleurs comment il aurait pu y accueillir grande compagnie sauf qu’il se fût agi d’un modèle particulièrement imposant. De là à penser que celui qui est à l’origine de la pensée rationnelle qui fait du Français l’objet d’une universelle admiration avait un sévère  pet au casque, il n’y a qu’un pas. Que le vulgaire franchirait sans états d’âme s’il lui arrivait de le lire. Et ce serait une erreur. Pardonnable, certes, mais erreur cependant.

Car l’initiateur de ce cartésianisme que chacun d’entre nous hérite à sa naissance ou acquiert sans l’avoir même demandé à dix-huit ans pour être né sur notre territoire ne parlait pas d’un poêle au sens où nous l’entendons aujourd’hui mais d’une chambre chauffée.

Cet exemple n’est là que pour montrer qu’il faut se méfier des interprétations hâtives de textes passés. Les mots avec le temps changent de sens. Ils n’arrêtent pas de le faire, ces coquins ! Quand ils continuent de dénoter la même réalité, il leur arrive de passer d’un registre de langage à un autre comme du courant au péjoratif par exemple.

Certains  semblent ne pas le savoir et blâment des gens du passé pour leur usage de tel ou tel vocable devenu politiquement incorrect. C’est évidemment d’une connerie sans nom. 

*Anachronisme, je sais , mais tant qu’on y est !

mercredi 5 décembre 2012

Le Louvre à Lens !





Je note avec bonheur que notre cher omni-prés(id)ent  nous a gratifiés d’une de ses apparitions quotidiennes sur nos plats écrans. Cette fois, il était  à Lens. Il y inaugurait  des chrysanthèmes le Musée du Louvre. Outre le fait qu’il n’est pour rien dans  cette merveilleuse opération de décentralisation, cet événement considérable m’amène à me poser des questions.

Puisqu’il y a Beaubourg à Metz, pourquoi pas Le Louvre à Lens, me direz-vous ? En effet, pourquoi pas ? Seulement, j’ai comme une impression d’arnaque quand j’entends ça. Si on  avait voulu transférer le palais parisien à Lens ou le Centre Georges Pompidou à Metz, il aurait fallu les démonter, les reconstruire en ces lieux  et y transférer l’ensemble de leurs collections. Est-ce ce qu’on a fait ? Que nenni ! On y a construit des bâtiments qui n’ont rien à voir avec les originaux et les institutions en question ont condescendu à y transférer une partie de leurs collections puis on a baptisé ça du nom prestigieux de l’établissement dont ils ne sont au mieux qu’une modeste annexe.

J’imagine la mine déconfite du pauvre touriste abusé demandant à un gardien « Pardonne, Missiou, où il être le Joconde,  please ? » et se voyant répondre qu’elle n’est pas à Lens ! Parce que le Louvre pour beaucoup, c’est la Joconde. Un Louvre sans Joconde, c’est comme un pain sans farine ni sel ni eau ni levure : pas grand-chose.  

Mais triple con, m’objectera-t-on, tu ne comprends donc rien à rien ? Il ne s’agit pas de transférer mais d’implanter, dans le cadre de la décentralisation, des musées de qualité dans des lieux  jusque là dépourvus de ces atouts culturels !

Cher monsieur, chère madame (notez à quel point je sais rester poli avec des personnes qui s’adressent à moi en  termes discourtois), leur rétorquerai-je, je comprends ce souci. Mais pourquoi reprendre le nom d’une institution prestigieuse pour ce faire ? Si Lens tient à ce point à offrir au monde de magnifiques collections que lui prêterait l’établissement parisien, pourquoi ne le nommerait-il pas « Le Terril » et n’attendrait-il pas que leur qualité lui attire les foules qu’il mérite ? Comment ça, ça prendrait trop de temps ? Ça risquerait même de ne jamais venir ?

En fait, il ne s’agit que de profiter du prestige d’un lieu culturel éminent pour attirer dans des endroits improbables des amateurs qui s’intéressent  davantage à une image qu’aux œuvres. C’est du marketing.

Partant du fait qu’on peut  attirer les foules  dans un édifice qui ne ressemble en rien à l’original et ne saurait receler ses richesses, pourquoi  ne construirait-on pas une « Notre-Dame de Paris » à Romorantin, un  « Sacré-Cœur » à Châteauroux, Une « Sainte Chapelle » à Rodez, un  « obélisque »  à Hénin-Beaumont ou une « Chapelle  Sixtine » à Rodez ?


Dans un souci d’économie, ils pourraient se contenter d’un bâtiment modeste, toujours le même, le gros des dépenses consistant en l’installation de nombreux  panneaux routiers dans un rayon de quelques centaines de kilomètres autour de ces localités. Le retour sur investissement serait rapide !

Voici ce que je propose :

La « Notre-Dame de Paris » de Romorantin
Le « Sacré-Cœur » de Châteauroux
 La « Sainte Chapelle » de Rodez
L’« obélisque »  d’Hénin-Beaumont
La « Chapelle  Sixtine » de Rodez

Arnaque ? Ben oui ! Un peu plus un peu moins, ne chipotons pas !