Le rat est un animal très habile. Je le constate chaque jour un peu plus. Suite à une attaque sournoise contre mes patates, je lui ai déclaré la guerre. Je pensais me débarrasser de ce rongeur à l'aide d'une tapette à rats en deux temps trois mouvements. Innocent que j'étais !
Il était indiqué sur l'appareil qu'en guise d'appât on pouvait utiliser du pain ou du fromage. J'optai d'abord pour le pain. Rien ne se passa d'abord. Puis, mystérieusement le pain disparut sans que le piège ne se déclenchât. "Ah ah!" me dis-je, "ne faudrait-il pas avoir recours au fromage, plus difficile à arracher ?" Je fixai donc un beau morceau de fromage au crochet du piège. Rien ne sembla d'abord se passer. Puis, observant de plus près le piège, je vis que progressivement le fromage diminuait. Je tentai de mieux régler le piège afin qu'il devienne plus sensible. Peine perdue. Bien que ce déclenchant à la moindre pression, le bout de fromage continua de se réduire et finit par disparaître totalement pas plus tard que ce matin. Comment le rat s'y prend-il ? Mystère...
Il y a bien les grains empoisonné mais je m'en méfie pour deux raisons : d'abord je crains que l'adorable petite chienne Yorkshire de ma compagne n'en absorbe par mégarde avec les conséquences qu'on devine. Ensuite, je n'ai pas envie, en faisant du rangement dans la grange de tomber sur des cadavres de rats en décomposition.
Que faire ? Me résigner à vivre en cette douteuse compagnie ? Rendre mon piège plus sensible ? Espérer que la crise qui frappe la France et la perte programmée de son triple A pousse les rats à fuir vers des cieux plus cléments ? Attendre le printemps prochain qu'une victoire de la gôche vienne résoudre ce problème comme elle résoudra tous les autres ? Voyez à quelles extrémités j'en suis réduit !
S'il y a, parmi mes lecteurs, quelqu'un qui connaisse une solution valable, qu'il me la donne. Il ou elle n'aura pas obligé un ingrat : je lui conférerai le titre envié de Dératiseur des Collines de Première Classe, qui, inscrit sur une carte de visite, apporte à qui l'obtient (jusqu'ici personne) un prestige indéniable.