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jeudi 10 janvier 2019

Évolutions et révolutions

Certains de nos compatriotes ont un goût immodéré pour les révolutions. Ils en attendent une en permanence. Parce que ça ne peut plus durer. Parce que la coupe est pleine. Parce que trop c'est trop. Parce qu'on n'en peut plus. Parce que, parce que et, j'allais l'oublier, aussi parce que.

Alors de temps en temps on en fait une. 1789 (La Grande), 1830, 1848, 1871... Je ne parlerai pas de 1968 qui ne fut jamais à mes yeux autre chose qu'un grand monôme. Ces révolutions, à part la commune de 1871 ont été suivies par un changement de régime. Ce ne sont pourtant pas la seule origine des nombreux changements de types de gouvernement que connut notre pays. Il y eut des coups d'état (1799, 1852), des défaites militaires (1814,1815,1870, 1940), un complot (1804), une libération (1944) et le retour de De Gaulle (1958), soit en 230 ans une douzaine. Qui dit mieux ?

Depuis quelques semaines certains en attendent une nouvelle. L'idée de toute révolution est de changer un maximum de choses voire tout et, évidemment, d'apporter un bonheur et une liberté jusqu'à elle rêvés. Les résultats finaux sont plutôt décevants car en général elles ne mènent à terme qu'à l'établissement d'un régime autoritaire qui par bien des côtés rappelle le précédent. Un pas en avant, un pas en arrière...
Cependant, les choses changent pas nécessairement GRÂCE aux révolutions mais plutôt suite à des évolutions. Car les données économiques et sociologiques changent, entraînant une évolution des mentalités. En France, on nous bassine avec la République, fille de la Grande Révolution de 1789, sans laquelle nous ne serions que des esclaves. Bizarrement, il semblerait que bien des pays n'ayant pas connu cette merveilleuse transformation (qui prit tout de même quasiment un siècle pour s'imposer) soient largement aussi démocratiques que le nôtre. Dire que les Britanniques, les Suédois ou les Danois connaissent encore le servage provoquerait, à juste titre, les rires.

Je pense que pour expliquer le phénomène des révolutions, utiliser la métaphore du séisme est pertinent. Le séisme est dans bien des cas la conséquence de la tectonique des plaques qui fait que s'accumulent les pressions à l'endroit de leur rencontre jusqu'à ce que l'énergie accumulée se libère lors de secousses. De la même manière, la révolution se produit lorsque les conflits entre gouvernants et gouvernés, faute d'avoir été résolus pacifiquement arrivent à un point de non retour et provoquent une réaction violente. Il faut de plus que le mouvement revendicatif populaire trouve face à soi un pouvoir faible ou pour le soutenir une grande partie de la population. Sinon, le pouvoir l'emporte et on ne parle que d'émeutes. Lesquelles, si elles sont graves et largement répandues amènent toutefois les gouvernants à réformer en partie leur politique.

La révolution n'est dans tous les cas qu'un rattrapage du retard pris par un régime par rapport à l'inévitable évolution des sociétés. Dans le meilleur des cas elle remettent les pendules à l'heure, dans le pire elle les avance tellement qu'un retour à l'exactitude devient nécessaire.

Cela dit, je crois que ceux qui pensent qu'aujourd'hui, dans notre beau pays, une révolution est sur le point de se produire se trompent. Ne serait-ce que parce que, sans être pleinement satisfaits de leur sort, une majorité de nos concitoyens craint d'avoir plus à y perdre qu'à y gagner.

24 commentaires:

  1. Sauf que ce ne sont jamais des majorités qui mènent les révolutions mais des minorités, sans doute des minorités qui estiment qu'elles n'ont plus rien à perdre !

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  2. Des minorités bien sûr mais comme je le disais dans l'article encore faut-il qu'elles aient face à elles un pouvoir faible et/ou qu'elles soient soutenues par une majorité. Ensuite ces minorités cèdent le pas aux techniciens qui savent ou parviennent à se maintenir en établissant une dictature sanguinaire. Dans ce dernier sas cas tout le monde finit par se dir content car ne pas le faire entraînerait de graves ennuis.

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  3. P.S. : Ceux qui pensent ne rien avoir à perdre se trompent par manque de culture historique et/ou d'imagination.

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    1. Peut-être que ceux qui craignent d'avoir plus à y perdre qu'à y gagner le font par "gavage d'esprit" des médias et des autorités ?

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    2. Et que les autres sont des malins à qui on ne la fait pas ? Des esprits libres que rien ne saurait influencer ? Des gens qui connaissent le fond de la misère humaine vu que c'est leur vie quotidienne ?

      Toutes les possibilités sont envisageables mais je demeure persuadé que les révolutions ne profitent à personne et surtout pas à ceux qui les font (à moins, comme je l'écrivais plus haut qu'elle profite aux plus malins d'entre eux quand ils parviennent à instaurer une dictature sanglante comme nous avons pu souvent le constater au XXe siècle dans plusieurs pays).

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  4. Quand on voit les visages de certains manifestants défigurés par des tirs de flash ball à bout portant,c'est moins d'une révolution qu'est menacée la France que de répression,avec derrière la tentation de la dictature.
    Surtout quand le pouvoir a choisi la stratégie du durcissement et de la provocation.

    Et tous les bourgeois apeurés applaudiront aux mesures répressives qu'on leur aura présentées au préalable comme des mesures de salut public pour protéger l'Etat de droit....

    Vendémiaire.

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    1. Ils lancent de gentils pavés et devraient recevoir en échange des pluies de fleurs, vous avez raison. Quant à la dictature, c'est une obsession de gauchistes.

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    2. Il faut alors vraiment que des femmes aient eu de gros biscotos pour balancer des pavés sur les policiers et se prendre en retour des balles de flash ball en pleine poire!
      Et pendant que notre ami Christophe Dettinger,le boxeur-cogneur aux poings d'or a couché pour sa première nuit en prison,que devenait Alexandre Benalla,ce modèle d'intégration,auteur présumé d'une dizaine de délits en quelques heures,selon l'avocat Regis de Castelnau?

      Je le savais!
      Je savais qu'après avoir toujours voté à droite,je finirais par tomber à l'extrême gauche,sur mes vieux jours ;-)

      Vendémiaire.

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    3. Populiste, tout au plus. Les réacs tournent Rouge-brun, c'est répandu en ce moment.

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  5. Si vous voulez parler de leon, je l'ai banni parce que je commençais à en avoir marre de ses commentaires à la con. Il reviendra j'en suis certain et j'effacerai ses écrits même si ça me fait perdre du temps car je tiens à ce que ce lieu demeure ouvert.

    Pour le reste, il ne faudrait quand même pas oublier que la plupart des Français vivent à peu près correctement (et j'en suis) à condition d'adapter leurs dépenses à leur rentrées. Je suis le premier à me plaindre des nouvelles taxes, mais de là à foutre la cabane sur le chien, il y a de la marge. Ceux qui disent qu'ils ne se battent pas pour eux mais pour leurs enfants et petits enfants n'ont donc aucune confiance en ces derniers et pensent que M. Macron tient en ses mains les clés de leur avenir ce qui est lui donner un importance qu'il n'a pas. Ma fille fait et fera comme j'ai fait : elle se démerdera. Pour l'instant, elle le fait très bien.

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  6. En effet,c'est le produit de quarante années de tension progressive!
    L'arrivée au pouvoir d'une équipe qui donne l'impression de se foutre
    du pauvre monde a déclenché a cassure. Maintenant, je pense que vous
    avez raison, les braves-gens affublés d'un gilet-jaune ne veulent pas
    la révolution...l'ennui c'est qu'ils ne savent pas exactement ce qu'ils
    veulent, et c'est là que réside un risque de dérapage incontrôlé.
    En attendant c'est intéressant à observer.
    Amitiés.

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    1. Je ne crois pas trop au dérapage incontrôlé. En fin de compte,les pires dérapages se contrôlent.

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  7. Comme je lis pas mal de blogues impertinents comme le vôtre, je ne me souviens pas si c’était sous votre plume qu’a été présentée la réflexion suivante, à l’occasion du cinquantenaire de mai 68 : l’idée était que les Français étaient trop soumis, trop mous, trop avachis devant leur télé, trop consommateurs, pour se révolter en 2018 comme ils le firent en 68. Pourtant, il y avait tant et tant de sujets scandaleux depuis l’élection de Macron, sujets dignes de provoquer une protestation vigoureuse…
    Cette réflexion, pas si ancienne (quelques mois) me fait songer que l’’amorce de ce qui semble une révolution – même si elle avorte – me paraît une bonne nouvelle. Les Français ont prouvé qu’ils n’étaient pas des veaux. Je m’en réjouis quant à moi.

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    1. Cher Anonyme, il me semble qu'en 68 comme en 2018 DES Français se sont révoltés. Les Français, c'est autre chose. Aujourd'hui, la grande majorité se contente de regarder les révoltés à la télé, avachis sur leur canapés, et de les soutenir ou plutôt de les comprendre. Une révolution ? On en parle tout le temps mais force est de constater qu'il n'y en a pas eu une depuis plus de 150 ans (si on considère que la commune de Paris en ait été une).

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    2. Cher Fredi, on verra bientôt qui de votre enthousiasme ou de mon cynisme aura raison.

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    3. Il est très facile, Jacques Etienne, de répondre à votre objection (bien faible, pardon de vous le faire remarquer, mais votre hostilité aux gilets jaunes diminue l’acuité de votre jugement) que ce mouvement n’est pas le fait de tous les Français, mais d’une partie active des Français : est-ce que ça n’a pas toujours été le cas ? Et n’est-ce pas aussi toujours le cas de tous les événements historiques (grèves, guerres, manifestations, etc.) comme de tous les données sociales ?
      Cela dit, je vous rejoins lorsque vous anticipez sur une évolution plutôt défavorable, nuisible à la société dans son ensemble. Mais ce volet néfaste est présent dans toutes les révolutions. Et c’est hélas le prix à payer lorsque un gouvernement a fourvoyé un pays tout entier dans une voie mortelle.

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    4. Cher Anonyme, je ne crois pas en une révolution. Et quand bien même y en aurait-il une, les pauvres deviendraient ils riches et les riches pauvres ? Peu de choses changeraient en définitive. Plus que mon hostilité, les GJ provoquent mon ennui.

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  8. Merci pour ce texte et ce rappels historiques. Et toutes mes excuses pour mon commentaire impertinent sous celui de leon, votre ex-troll résident si j'ai bien compris. Depuis que je lis votre blog, on peut dire qu'il est fidèle !

    Finalement, la France a passé l'essentiel des deux derniers siècle à essayer différents régimes, dont le plus constant n'a pas duré plus de 70 ans, et qui ont tous été victimes de mort violente : révolutions, coups d'État ou défaite militaire. Il serait bien étonnant que la Vème république fasse exception à la règle, d'autant que la société française est, une fois de plus, très divisée. Les gens qui ont le droit de causer dans le micro et de prendre des décisions au nom du peuple français vivent dans un monde qui n'est plus le sien et ils sont quelque peu tombés de leur piédestal ces derniers mois; on voit bien que tout cela est bien fragile, bien pourri.

    Comme vous le faisiez remarquer récemment, le régime n'est même plus capable d'organiser une bonne répression des familles, ce que la république ne s'est pourtant pas privée de faire en maintes occasion (Clemenceau, Jules Moch, De Gaulle est bien d'autres). C'est un mauvais signe pour lui. Il faudrait que tout cela se règle dans les urnes, à la loyale, mais les dernières élections et autres référendums me laissent à penser que même cela n'est plus possible. Or, il ne faut pas oublier que ce sont bien souvent des minoritaires qui tirent les marrons du feu dans ce genre de situations et finissent par imposer leur loi.

    Je partage, une fois de plus, votre analyse du phénomène révolutionnaire, qui fait en France l'objet d'un culte hors de propos. Sans doute parce que j'ai, moi aussi, passé quelques années dans un pays réellement libre et démocratique dont le chef d'État est une reine, et qui se passe de constitution et de révolutions depuis des siècles.

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    1. Cher Rupert, comment pourrais-je vous dire autre chose que mon approbation ? Maintenant, même en admettant que la Ve meure bientôt de sa belle mort par quoi pourrait-on la remplacer ?

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  9. Ché pas, moi, vous êtes drôle. Le duc d'Anjou ou Jean-Christophe Napoléon ? Une république populaire ? Une VIème république aussi bancale que les cinq précédentes ? Non : je pressens une bonne grosse catastrophe comme on les aime bien dans ce pays (défaut de paiement et guerre civile), avec une addition bien salée. On ne sort pas indemne de 45 ans de mauvaise gestion des affaires publiques et j'ai cessé, moi aussi, de croire au père Noël. On pourrait virer Macron demain matin et mettre le général de Villiers ou même un clone du très saint général De Gaulle à sa place que ces personnages finiraient aussi épais qu'une feuille de papier à cigarettes au bout de 18 mois. Pour ma génération, celle qui se trouve en plein milieu de sa carrière professionnelle, je pense que c'est foutu; le réveil sera rude. Je m'attends au pire.

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    1. Je ne parviens pas à être pessimiste. Notre cher pays s'est relevé de tant de vicissitudes que je lui fais confiance pour se remettre des vaguelettes d'aujourd'hui.

      Je laisse votre commentaire sur celui de notre cher absent : il le résume tellement bien !

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    2. Oui mais triste... le con.

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