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vendredi 26 octobre 2018

Réflexions décousues sur l'école

M. Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, veut réformer l'école en vue d'améliorer les piètres résultats qu'ont constatés des organismes internationaux. Comme on le comprend ! Seulement,ce que semble oublier ce brave homme c'est qu'une société a l'école qu'elle mérite. Notre société folle ne saurait donc avoir une école autre que folle. Si on ne s'attache pas à réformer la société, on ne voit pas comment il pourrait réformer l'école.

Une école efficace est faite pour les médiocres. Les élèves plus ou moins doués ont le choix entre y briller et s'emmerder. Ceux qui pour une raison ou pour une autre sont incapables d'en suivre les programmes y perdent leur temps. En revanche, les éléments moyens peuvent, en se montrant studieux, réussir. Cela posé, si le niveau moyen des élèves baisse, le niveau des programmes ne peut que baisser. D'autre part, le fait d'imposer à l'ensemble des élèves du pays le même cursus a des conséquences pernicieuses : dans les zones « défavorisées » où une large majorité n'est pas en mesure de suivre, les programmes se trouvent inadaptés au niveau des élèves moyens. Passer plusieurs heures à écouter des propos auxquels on ne comprend rien est une épreuve que l'on ne saurait souhaiter à personne.

Les mêmes enseignants qui proclament haut et fort une égalité de capacités entre les élèves réclament, dans les zones difficiles plus de postes et des effectifs réduits dans les classes. Il est difficile de suivre leur logique. Surtout que deux bordélisés à la place d'un dans un établissement pétaudière ne me semble pas susceptible d'améliorer quoi que ce soit.

Ce qui manque à l'école, c'est la discipline. On fait des chahuts monstres, on joue sur son téléphone, on braque un pistolet sur son enseignant, on insulte profs et camarades quand on ne les frappe pas, bref, on se montre taquin voire incivil. Il faut que ça cesse et dare-dare ! Seulement, pour arriver à cette souhaitable pacification qui permettrait peut-être d'enseigner quelque chose, encore faudrait-il qu'il y ait une volonté sérieuse des intéressés, au moins des parents et des enseignants d'y participer activement. Malheureusement, bien des enseignants mourraient plutôt que de se montrer répressifs quant aux parents, leurs rejetons sont des anges qui ne sauraient en aucun cas se mêler aux troubles (je parle pour ceux qui s'intéressent à leur progéniture). Dans ces conditions, on voit mal comment les choses pourraient s'arranger.

Qui dit discipline dit sanction en cas de non respect des règles. Seulement les sanctions pour être efficaces doivent être de nature à dissuader les coupables de recommencer. J'ai évoqué dans un très vieux billet à quel point exclure un élève dont le rêve est de ne pas fréquenter l'école est une mesure ridicule. Toujours enfermés dans une conception rousseauiste de l'enfant, l'enseignement d'aujourd'hui voudrait des sanctions éducatives. Je serais assez d'accord. si on précisait ce que peut être une sanction éducative.  A mes yeux, ça ne saurait en aucun cas être un travail de type scolaire destiné à améliorer les savoirs de l'élève car dans ce cas on crée une équation travail scolaire égale punition ! Non, pour être éducative,la sanction se doit d'être pénible et stupide et inspirer le dégoût et la crainte d'avoir à l'encourir de nouveau. Creuser des trous pour les reboucher immédiatement me paraît très bien. Seulement, qui oserait employer de telles méthodes ?

Un phénomène nouveau que j'ai constaté dans les très bons établissement où j'ai fini par travailler en fin de carrière est l'explosion du nombre de surdoués. Je m'explique : traditionnellement, un élève qui n'apprenait rien et passait son temps à perturber les cours était considéré comme un sale petit morveux qu'il importait de ramener à de meilleurs sentiments. On avait tort. En fait, on sait aujourd'hui que ces enfants turbulents sont des hyperactifs surdoués. Leur nature les pousse à ne pas tenir en place quant à leur désintérêt pour les cours, il est dû au fait que leur niveau est insuffisamment élevé. J'ai vu ainsi vu une mère d'élève se mettre en quête d'un établissement spécialisé dans l'enseignement aux surdoués pour un rejeton dont elle était seule a avoir perçu les dons extraordinaires. C'est à la fois risible et triste.

10 commentaires:

  1. Très intéressant billet, plein de bon sens qui, hélas, va nous faire prendre conscience que, quels que soient les discours de Blanquer, ou autres, ce qu'on appelle Éducation nationale, n'a pas la moindre chance d'être améliorée de sitôt !

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    1. Je pense qu'une réforme en profondeur serait nécessaire : abandon du collège unique, changement du mode de recrutement, adaptation des programmes, restauratio de la discipline, etc. Seulement, le masochisme des enseignants les empêche d'envisager de réels changements suivant le principe suivant lequel "on ne change pas une équipe qui perd." Quant aux parents...

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  2. "Passer plusieurs heures à écouter des propos auxquels on ne comprend rien est une épreuve que l'on ne saurait souhaiter à personne."

    Hé,hé,maître Jacques c'était,hélas! mon état le plus naturel en classe,j'étais donc un surdoué qui s'ignorait,sauf que je n'emmerdais pas mes petits camarades ni mes profs,moi au moins...

    Depuis, j'ai un peu rectifié le tir et ne dit-on pas que le vin-même issu d'un mauvais cépage-,se bonifie en vieillisant?

    Vendémiaire.

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    1. Pour être vraiment surdoué, il aurait fallu que vous perturbassiez gravement les cours.

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  3. Votre billet est magistral et tellement neuf. Vous êtes un surdoué des blogs.

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    1. Et vous un surdoué du commentaire ! Merci encore de votre indéfectible fidélité.

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  4. J'entendais le commentaire d'une enseignante : comment voulez vous que des gamins qui viennent de quartiers où polices et pompiers n'entrent pas, puissent accepter l'autorité d'un professeur qui en plus est une femme !

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    1. Tout à fait. C'est pourquoi essayer de traiter les problèmes de l'école en oubliant ceux de la société est illusoire.

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  5. Vous parlez d'or!
    Orage

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