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jeudi 17 novembre 2016

Rapt (1)

On ne se doute de rien. Tout juste se sent-on très vite las, s'essouffle-t-on pour un rien, a-t-on le cœur qui bat la chamade en permanence. Alors on se dit comme ça « Et si on allait voir le bon docteur du village voisin ? On se ferait renouveler son ordonnance et comme ça, mine de rien, au cours de nos bavardages, on mentionnerait le problème, il vous ausculterait et il donnerait son avis sur la question... » On a parfois d'utiles conversations avec soi-même.

Donc, on compose le numéro du praticien, il vous répond et vous fixe rendez-vous dans l'heure qui suit. C'est rapide, net, efficace et pour tout dire Limousin. Le bon docteur renouvelle, ausculte et en conséquence vous conseille instamment de vous rendre directement au service des urgences de l'hôpital de Tulle, sans passer par la case départ ni toucher la moindre prime. Il rédige même un courrier à l'attention du cardiologue de garde. Inquiet, vous vous enquérez de la possibilité de vous voir retenu par son destinataire. On vous rassure. Quand bien même vous retiendrait-on ce ne serait que pour quelques heures, le temps de vous prescrire les drogues nécessaires à ramener votre cœur à la raison (laquelle est ignorée de la raison comme Blaise Pascal l'a écrit dans ses désopilantes Pensées). Confiant, vous prenez la route de Tulle, repérez l’hôpital, dont le parking est plein, finissez par trouver une place payante libre, en prenez pour 2 heures, et vous présentez aux urgences.

Et là, clac ! Le piège se referme. On vous fait patienter avant de vous mener à une chambrette où on vous prie de vous défaire de vos vêtements qu'on échange contre une chemise de nuit boutonnée à l'arrière et la série des épreuves commence. Au bout de quelque temps, un jeune homme vient vous voir et vous et vous fixe des électrodes tout partout afin de jouer à l' « Électrocardiogramme ». Mon score est excellent : 130 battements minute ! On m'annonce la prochaine visite du spécialiste qui sait. Une ou deux heures plus tard, il arrive, me pose quelques questions, et me dit qu'il va voir avec son service. Voir quoi, Dieu seul le sait .Deux heures plus tard, tel la sœur qui ne voyait rien venir (en fait, elle avait quand même l'avantage sur moi, Anne la veinarde, de voir le soleil poudroyer et l'herbe verdoyer tandis que moi,à part le plafond, je n'apercevais rien), je m'enquiers auprès d'une soignante de passage sur mon devenir. Je ne vais pas rester là, quelqu'un viendra me chercher pour m'amener au service de cardiologie. Je pense, fou que je suis, que c'est pour qu'on me donne une nouvelle prescription. Que nenni ! On m'installe dans un fauteuil, me roule jusqu'à l'ascenseur et m'installe dans une chambre dont l'autre occupant est momentanément absent. Vont suivre deux jours d'incarcération...

16 commentaires:

  1. 110 sur les petites routes de province, 130,vous n'êtes pas raisonnable.
    Enfin les hommes en blanc vois ont relâché pourtant ils ont un humour noir particulier.

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  2. Finalement le Limousin ne vous aura rien valu ! Haletants on attend la suite !

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    1. Ne dites pas de mal du Limousin. Normalement la suite arrivera demain.

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  3. Deux jours de rétention et deux heures de parking! J'espère que l'addition n'a pas eu d'influence sur votre rythme cardiaque.
    Vous voulez me faire plaisir? Remettez-vous!
    Pourvu que cette histoire se termine bien! Vivement Rapt(2)!

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    1. Ma bonne fée veillait. Elle a appelé la mairie de Tulle pour expliquer la situation et il n'y a eu aucun PV. Je les ai appelés pour les remercier de leur obligeance. Ils en ont été touchés.

      Je vais tâcher de vous faire plaisir, surtout que le moral remonte.

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  4. aie aie aie, on sent l'angoisse monter là !

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    1. Le taulier est un véritable teaser. Je suis néanmoins ravi et rassuré de le lire ici. J'espère n'être pas déçu.

      Amitiés, cher Jacques.

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    2. @Boutfil : elle a monté, en effet !

      @ Al : Je tâcherai de ne pas vous décevoir, cher Al

      Avec toute mon amitié.

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  5. Angoissant votre histoire...enfin, deux jours de prison, vous vous en sortez bien et c'est de nature à rassurer un peu le lecteur.
    Au N°2, donc.
    Amitiés.

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    1. Il est certain qu'ils ne m'auraient pas relâché si vite si les choses avaient été plus graves. Ce n'est cependant qu'à moitié rassurant,comme nous le verrons dans le prochain épisode.

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  6. "Rapt à Gruyère" fut publié aux défuntes Editions du fromage !
    Tandis que Blue velvet n'est pas un fromage suisse à pâte persillée ...

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    1. On ne saurait se montrer plus réaliste.

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    2. Les Editions du fromage ayant fermé en 1982 pour cause de trou (comptable) ...
      Et comme le disait (ou plus sûrement repris) Coluche à propos du gruyère:
      "Plus y'a de fromage plus y'a de trous et plus y'a de trous moins y'a de fromage !"

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  7. De l'espoir, il y en a. Se ménager n'est pas mon fort. Excessif je suis, ai été et serai. Je n'y peux rien et n'en ai aucune envie.

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