..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 17 mars 2016

Parlons flexibilité

Nos chers (à tous les sens du terme) syndicats défendent les salariés. Quoi de plus estimable, de plus noble, de plus magnifique ? Et le bon peuple de les suivre. Car défendre le salarié c'est maintenir ses droits si chèrement acquis. Tout le monde vous le dira. Qu'est-ce qu'il veut le salarié ? DE LA SÉ-CU-RI-TÉ ! Il lui faut donc un emploi pérenne. Grâce à ce dernier, il pourra croquer la vie à belles dents : s'endetter sur des décennies afin d'acquérir l'appartement ou la maison sinon de ses rêves du moins de ses moyens, s'offrir le dernier modèle de chez Peunault, assurer l'avenir de ses chèreux-têteux-blondeux et tous les ingrédients d'un bonheur parfait (à condition cependant qu'un divorce ne vienne pas le contraindre à vendre son nid d'amour, à devoir se contenter d'une Regeot pourrie et à voir ses chers enfants le considérer comme un moins que rien. Car force est de constater que la précarité familiale, elle, connaît une expansion remarquable*.).

Donc, on défend le salarié. C'est à dire qu'on fait en sorte qu'il puisse justement rester salarié avec un maximum de garde-fous même s'il s'avère incapable d'assumer ses tâches (Être traîné aux prud'hommes par un employé si incompétent soit-il donne des sueurs froides à bien des employeurs dont le rêve secret, rappelons-le, est toute de même de se défaire de ses employés sans raison valable). Seulement, cette défense d'un salariat indéboulonnable présente de menus désavantages pour qui n'en participent pas et même pour ses bénéficiaires.

Dans une société « flexible » trouver un emploi est un peu comme jouer aux chaises musicales. On quitte son siège au risque de le voir pris par un autre et de n'en retrouver aucun. Mais ce n'est pas grave car au prochain tour on pourra s'asseoir sur un autre. Dans une société sclérosée, comme en Doulce France, un maximum de « joueurs » a le cul vissé à sa chaise et ceux qui tournent ont bien du mal, de ce fait, à trouver siège au leur. Ainsi la stabilité de l'emploi a-t-elle pour conséquence la stabilité du chômage. Ce que sachant, celui ou celle qui auront eu l'heur d'obtenir un CDI s'y cramponneront comme un naufragé à son épave quel que soit le mal-être qu'il retire d'une fonction qui a fini par lui sortir par les yeux. Dès lors comment s'étonner que le fameux « Modèle Français » que le monde entier nous envie sans pour autant aller jusqu'à le copier, ait pour résultat de faire de notre beau pays le recordman mondial du pessimisme ?

Notre bon gouvernement dont la compétence n'a d'égale que le courage a récemment sorti une réformette visant à instiller une dose de flexibilité dans le marché du travail. Aussitôt, les syndicats des élèves de maternelle, du primaire, du collège, du lycée, des étudiants et des salariés se sont fâchés tout rouge et le cabinet a battu en retraite sans pour autant les satisfaire. Car contrairement à l'opinion du héros de Tomasi de Lampedusa, aux yeux de nos progressistes, « Il faut que rien ne change pour que tout change ».


Mais, me direz-vous, dans cette société flexible, voire précaire, que vous semblez prôner, comment fera-t-on pour s'offrir le logement, la voiture, le bonheur familial et les frais de divorce de ses rêves ? Mais rien de plus simple, cher contradicteur : il faudra que le système bancaire s'adapte et accepte de financer ceux à qui leur adaptabilité et leur courage permettra de trouver des emplois sinon pérennes du moins quasi-constants. Cela demanderait, bien sûr, un profond changement des mentalités qui ne semble pas à l'ordre du jour tant l'adage selon lequel « On ne change pas un système qui perd » connaît d'adeptes en notre patrie...

* A ce propos il m'arrive de me demander pourquoi la rupture d'un contrat matrimonial n'implique pas de la part de la partie demanderesse le versement d'une forte indemnité en plus de l'éventuelle pension alimentaire. Ce ne serait que justice, non ? Comme le CDI refrène l'embauche, ça risquerait de rendre certains rétifs à l'engagement matrimonial mais si on veut de la sécurité...

23 commentaires:

  1. Je n'ai pas encore lu, mais la flexibilité ça me dit ! Quand nous étions enfants, mes cousins et moi-même, nous commencions toujours nos petits discours par : "Étant donnée la flexibilité des queues de vaches dans les tournants et l'influence des pets de sardine dans les courants marins, j'affirme... ceci ou cela !"

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    1. On savait rire en ce temps-là !

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    2. Pour moi, c'était: Etant donné le degré de visibilité d'une taupe cachée derrière un arbre par temps de brouillard; on peut dire que, ect,etc....

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  2. Excellent programme, encore qu'il fasse l'impasse sur l'apport des nombreux Lyonnais qui facilitent l'ajustement à la Kalachnikov, ce qui crée de l'emploi, facilite la promotion et fludifie le marché.
    Je crois même qu'eux aussi, comme vous, utilisent des Black & Decker (prenant modèle sur les Irlandais qui blacketdeckerisaient les traîtres) pour stigmatiser leurs concurrents.
    Je ne désespère pas de voir la fin de 1793, du socialisme, avant de mourir. C'est la lutte finale...
    C. Monge

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  3. Cette fois j'ai lu, mais c'est beaucoup trop compliqué pour moi, je suis obligée de renoncer !

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    1. Ben vous devez être rudement fatiguée...

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    2. @ Léon
      Bon d'accord, je suis fatiguée, mais vous n'avez pas été très loquace sur le sujet non plus !

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    3. Moins qui pensais être clair...

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  4. Les fonctionnaires judiciaires et pénitentiaires afférents aux levées d'écrou sont-ils représentatifs du salariat indéboulonnable ?

    Pour une fois je suis déçu par nôtre hôte, car à la lecture du titre de ce billet j'espérais un tuyau sur les cours du caoutchouc ...

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  5. Les cours du caoutchouc sur ce blog de dériseries, batifoleries, plaisanteries et autres ricaneries ?
    Hélas, tiquent certains commentateurs, notre spéculateur en matières premières s'égare où là Tex Avery même ne se risqua point pour se préserver du risque de capoter lamentablement ...

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    1. Mais à qui s'adresse ce conseil et est-ce que c'en est bien un? Ce n'est pas compréhensible.

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  6. Avec l' âge, on devient moins flexible.

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  7. L'ennui, c'est qu'il n'y en a pas qu'un.

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  8. En ce qui concerne l'indemnité en cas de rupture du contrat matrimonial, cela existe bel et bien et s'appelle une prestation compensatoire. Mais on ne peut pas dire que celle-ci soit fort dissuasive, parce qu'elle n'est pas particulièrement la sanction d'une faute ou du désir de rompre le dit contrat.

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  9. Etant moi-même de moins en moins flexible, je suis contre une flexibilité imposée qui réveillerait mes vieilles douleurs.

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  10. Je n'ai pas compris pourquoi les manifestants sont tous des gens de la fonction publique qui ont la sécurité de l'emploi à vie. Par contre aucun chômeur ou salarié du privé. Je n'ai pas compris pourquoi on donne complaisamment la parole à des syndicats qui représentent moins de 5% des salariés du privé.
    Pour les étudiants j'ai compris. La manif pour faire plier le pouvoir fait partie du parcours initiatique et la posture de révolté est valorisante

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