Je note avec bonheur que notre cher omni-prés(id)ent nous a gratifiés d’une de ses apparitions
quotidiennes sur nos plats écrans. Cette fois, il était à Lens. Il y inaugurait des chrysanthèmes le Musée du Louvre.
Outre le fait qu’il n’est pour rien dans
cette merveilleuse opération de décentralisation, cet événement
considérable m’amène à me poser des questions.
Puisqu’il y a Beaubourg à Metz, pourquoi pas Le Louvre à
Lens, me direz-vous ? En effet, pourquoi pas ? Seulement, j’ai comme
une impression d’arnaque quand j’entends ça. Si on avait voulu transférer le palais parisien à
Lens ou le Centre Georges Pompidou à Metz, il aurait fallu les démonter, les reconstruire
en ces lieux et y transférer l’ensemble
de leurs collections. Est-ce ce qu’on a fait ? Que nenni ! On y a
construit des bâtiments qui n’ont rien à voir avec les originaux et les
institutions en question ont condescendu à y transférer une partie de leurs
collections puis on a baptisé ça du nom prestigieux de l’établissement dont ils
ne sont au mieux qu’une modeste annexe.
J’imagine la mine déconfite du pauvre touriste abusé
demandant à un gardien « Pardonne, Missiou, où il être le Joconde, please ? » et se voyant répondre qu’elle
n’est pas à Lens ! Parce que le Louvre pour beaucoup, c’est la Joconde. Un
Louvre sans Joconde, c’est comme un pain sans farine ni sel ni eau ni levure :
pas grand-chose.
Mais triple con, m’objectera-t-on, tu ne comprends donc rien
à rien ? Il ne s’agit pas de transférer mais d’implanter, dans le cadre de
la décentralisation, des musées de qualité dans des lieux jusque là dépourvus de ces atouts culturels !
Cher monsieur, chère madame (notez à quel point je sais
rester poli avec des personnes qui s’adressent à moi en termes discourtois), leur rétorquerai-je, je
comprends ce souci. Mais pourquoi reprendre le nom d’une institution
prestigieuse pour ce faire ? Si Lens tient à ce point à offrir au monde de
magnifiques collections que lui prêterait l’établissement parisien, pourquoi ne
le nommerait-il pas « Le Terril » et n’attendrait-il pas que leur
qualité lui attire les foules qu’il mérite ? Comment ça, ça prendrait trop
de temps ? Ça risquerait même de ne jamais venir ?
En fait, il ne s’agit que de profiter du prestige d’un lieu
culturel éminent pour attirer dans des endroits improbables des amateurs qui s’intéressent
davantage à une image qu’aux œuvres. C’est
du marketing.
Partant du fait qu’on peut attirer les foules dans un édifice qui ne ressemble en rien à l’original
et ne saurait receler ses richesses, pourquoi
ne construirait-on pas une « Notre-Dame de Paris » à
Romorantin, un « Sacré-Cœur »
à Châteauroux, Une « Sainte Chapelle » à Rodez, un « obélisque » à Hénin-Beaumont ou une « Chapelle Sixtine » à Rodez ?
Dans un souci d’économie, ils pourraient se contenter d’un bâtiment
modeste, toujours le même, le gros des dépenses consistant en l’installation de
nombreux panneaux routiers dans un rayon
de quelques centaines de kilomètres autour de ces localités. Le retour sur
investissement serait rapide !
Voici ce que je propose :
La « Notre-Dame
de Paris » de Romorantin
Le « Sacré-Cœur »
de Châteauroux
La « Sainte Chapelle » de Rodez
L’« obélisque » d’Hénin-Beaumont
La « Chapelle Sixtine » de Rodez
Arnaque ? Ben
oui ! Un peu plus un peu moins, ne chipotons pas !