Le hasard a voulu que ce week-end, ma
compagne ayant allumé le téléviseur, j'assistasse à un navrant
spectacle. Sur une chaîne de déformation, lors de l'émission
« Passez donc bavasser une heure » (ou quelque
chose d'approchant), la parole fut donnée à une gamine. Les
« journalistes » l'avaient repérée alors que
durant la manifestation du sieur Mélenchon elle portait une pancarte
disant, grosso modo, « Macron, mon papa a voté pour toi et je
ne suis pas contente ». Devant tant d'audace, les héros des
media voulurent en savoir plus sur cette surdouée et
l'interrogèrent. L'enfant étant bavarde, elle se mit à débagouler
des clichés mélenchonesques sur la politique du genre Macron
président des riches, Valls professionnel de la politique avant
de déclarer son amour pour les idées de M. Mélenchon sans
toutefois préciser lesquelles. Il va sans dire qu'entendre un
perroquet débiter son catéchisme ne me transporte pas
d'enthousiasme. Quant il se trouve que le psittacidé est un enfant
qui a mon sens gagnerait plus à apprendre ses tables de
multiplications qu'à défiler, pancarte brandie, en compagnie de
braillards de quelque bord qu'ils soient, ça me désole. Eh bien,
les gens du « pannel » ne partagèrent pas mes
sentiments.
En entendant les slogans éculés que
la pauvre petite débitait avec une assurance et une aisance
d'élocution certes remarquables, les êtres d'élite convoqués pour
éclairer le bon peuple semblaient ravis. Ils auraient découvert un
génie de dix ans reléguant Einstein au niveau de l'idiot du
village qu'ils n'auraient pas été plus transportés. Il ne vint à
l'idée d'aucun d'entre eux qu'il y avait quelque chose de choquant,
voire d'obscène, dans le fait que des parents endoctrinent si
sottement leur progéniture. Non, hommes et femmes mûrs ou blets
dégoulinaient d'admiration. Quel phénomène, quel esprit, quelle
intelligence ! Il faut dire que les propos de l'enfant
caressaient les gens des media dans le sens du poil. Imaginons qu'un
gamin du même âge, dûment endoctriné par des parents militants du
FN, ait, avec autant d'aisance, débité des lieux communs
« nauséabonds ». L'eût-on considéré comme une
sorte de surenfant ? J'en doute.
Ce lamentable spectacle montre si
nécessaire le point de déliquescence atteint par des media
corrompus jusqu'à l'os par les idées gauchiardes. Non seulement
l'endoctrinement des enfants leur paraît acceptable mais comme
autant de parents stupides que les âneries de leurs petits génies
émerveillent, il l'admirent