En cette fin d’après midi d’un septembre débutant, que faire sinon parler de Phaseolus vulgaris mieux connu du bon peuple sous le non de haricot ? La question est rhétorique, tant cette évidence s’impose. Bien sûr des esprits que leur profondeur égare préféreraient que l’on s’intéresse aux questions fondamentales qui taraudent l’esprit humain depuis la nuit des temps, comme, par exemple « Qu’est-ce que j’étais venu faire dans la cuisine ? ». Ce n’est pas mon cas.
Comme tous les ans où ces saloperies gluantes de gastéropodes ne les ont pas boulottés, le temps est venu de la récolte des haricots. Pour qui possède un potager et en a semé, bien entendu. C’est mon cas.
Je les récolte verts et extra-fins :
Une fois récoltés, il faut les équeuter, les cuire et les manger. L’équeutage me ramène aux heures les plus sombres de mon enfance quand ma mère nous imposait d’y participer en vue d’en faire des conserves que, selon elle, « nous serions bien contents de trouver cet hiver ! » . L’hiver me semblait bien lointain et je trouvais contestable le bonheur ineffable de nos retrouvailles hivernales avec ces légumes en pots. En revanche, l’énorme tas de haricots même pas fins était bien présent, lui, sur la table de la cuisine et la lente diminution de son volume me donnait, en cet âge tendre, un aperçu de ce que pourrait être l’éternelle géhenne.
La cuisson parfaite est assez difficile à obtenir. Entre elle, un al dente et une trop grande mollesse l’écart est faible… Ensuite, il faut les accommoder de manière à en relever la saveur qui sinon est bien faible. On peut les faire revenir dans le beurre en y mêlant de l’ail mais, curieusement, avec le temps le résultat de cette méthode m’apparaît de plus en plus fade. Je vais donc tenter de voir si, avec un assortiment d’épices ils ne deviendraient pas meilleurs…
Quoi qu’il en soit, la récolte de ces dicotylédones se faisant sur un temps court, je me retrouve pendant quelque temps avec une livre de haricots sur les bras tous les deux jours. Je me vois mal en consommer quotidiennement 250 g. N’ayant pas gardé un souvenir impérissable des conserves de ma mère, je me vois donc réduit à les congeler avec un résultat qui n’a rien d’enthousiasmant non plus. La sagesse voudra-t-elle, que les retrouvant en hiver, plutôt que de leur faire fête, je les abandonne aux ordures ménagères ? On verra bien.
Comme l’observateur perspicace l’aura noté, on voit sur ma photo quelques tomates. Ce fruit me pose moins de problèmes. S’il arrive que j’en fasse des salades, je n’en suis pas non plus fanatique mais leur conservation sous forme de sauce que je congèle me permet de confectionner des accompagnements pour des plats de spaghetti ou autres pâtes.
Certains esprits chagrins s’interrogeront sur l’intérêt que je peux trouver à cultiver un potager quand mon goût pour ses produits est si modéré. D’une part, ça m’occupe. D’autre part, les légumes que j’obtiens sont incomparablement meilleurs que ceux du commerce. Enfin, ce m’est un paisible plaisir de me rendre chaque matin au jardin pour y constater la croissance de mes plantations.On s’amuse comme on peut...