Cette image semble illustrer de près ou de loin le conte des frères Grimm racontant l’histoire d’une jolie princesse qui, jouant près d’une fontaine avec sa balle en or la fait malencontreusement tomber dans l’eau. C’est ballot. Survient un crapaud bien laid (en existe-t-il de beaux?) qu’on devine libidineux. Il lui propose un marché : il se fait fort de récupérer la balle, de la lui remettre et en échange lui demande de devenir sa compagne. La princesse accepte. Le crapaud la lui ramène et, comme on pouvait s’y attendre, la rouée prend ses jambes à son cou et rentre au château du roi son père. Si le crapaud avait eu un minimum de jugeote, il aurait laissé la belle fille chialer, attendu qu’elle s’en lasse et parte, aurait récupéré le précieux objet, quitté le pays et serait allé dépenser le fruit de sa rapine en compagnie de roturières peu farouches. Le crapaud étant aussi têtu que sot, se rendit au château pour y réclamer son dû. Elle l’envoya dinguer mais son père, homme de parole, lui enjoignit de tenir sa promesse. Ils passèrent la nuit ensemble et au matin, la princesse éblouie constata que le crapaud s’était transformé en prince charmant. Comme quoi la vie réserve bien des surprises.
De cette histoire absurde on a retenu que par un baiser les princesses pouvaient transformer les crapauds en princes. Il faut croire que les amerloques, toujours prêts à croire en n’importe quoi, ont pris l’histoire au pied de la lettre et que d’une certaine manière ça a marché. Il se trouve que dans leur merveilleux pays, vit une espèce de crapauds qui exsude des substances hallucinogènes que l’on peut ingérer en le léchant. Toujours, comme les y incite leur constitution, à la recherche du bonheur fût-il artificiel il faut croire qu’influencés par le conte des frères Grimm certaines jeunes amerloques ont tenté le coup du baiser et que leurs hallucinations ont pu prendre la forme d’un prince (ou d’un trader). Toujours est-il que la pratique s’est développée et que l’on peut aujourd’hui acheter un de ces crapauds en Europe et s’offrir ainsi des excursions dans le bizarre.
Vous ne me croyez pas ? Ce lien vous mènera à un blog suisse où vous pourrez entendre une émission où le professeur Kurt Hostettman parle de cette curieuse pratique et d’autres tout aussi étonnantes que répugnantes. Redoutant une mystification, j’ai tapé « Kurt Hostettman crapaud » sur Google et j’ai pu vérifier que le personnage non seulement existait mais était un scientifique internationalement reconnu expert en drogues naturelles.
Si vous vous interrogiez sur ce qui a pu m’amener à ces étranges découvertes je ne vous le cèlerai pas plus longtemps. L’épidémie de variole du singe qui frappe notre malheureux continent m’a grandement inquiété et fait songer que si la pratique qu’eurent un temps les princesses d’embrasser des crapauds perdurait, il serait bon de vérifier que cela ne risque pas de faire se répandre la vérole du crapaud ou toute autre maladie sexuellement transmissible. Si tel était le cas mon devoir eût été d’alerter les membres des familles régnantes ou déchues sur les risques que cette tradition leur ferait encourir.