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jeudi 24 février 2022

Ben v’là aut’chose !

Carte liguistique de l'Ukraine

Alors voilà : je me réveille, je vais faire mon petit tour sur le Net en fumant ma première cigarette, je prépare mon petit déjeuner, la routine, quoi. A 9 heures j’allume la télé, histoire de prendre des nouvelles de Zemmour et du Covid et qu’ouis-je ? M. Praud est dans tous ses états ! Les Russes (ou plutôt l’infâme Poutine) sont en train d’envahir la gentille Ukraine ! Avec le sens de la mesure qui le caractérise, le bon Pascal se déclare bouleversifié : le monde n’est plus ce qu’il était ! Il en est comme deux ronds de flan ! Ce à quoi personne ne s’attendait, s’est produit ! Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! Il n’en revient pas le père Praud ! Dans quel monde vit-il ?

S’ensuivent divers témoignages. Comme toujours dans ces cas-là, on fait appel à des gens qui présentent l’avantage de parler notre langue. Sont-ils représentatifs ? Va savoir, Charles ! Les invités (à l’exception de M. Bauer, toujours pragmatique) parlent d’un dictateur fou, on évoque le souvenir de l’exode de 1940, souvenir un peu flou, vu que ceux qui l’ont vécu se raréfient.

Personnellement, j’aurais un peu tendance à m’en foutre comme de l’an quarante. D’un côté, il y a le principe de la (plus ou moins) intangibilité des frontières, de l’autre le fait que certains russophones de l’Est de l’Ukraine où ils représentent l’immense majorité des habitants ne semblent pas ressentir vis à vis de l’Ukraine l’amour immodéré qui conviendrait. D’un autre encore, il y aurait comme un léger désir de la part de l’Otan d’entourer la Russie (pour son bien !) de bases militaires. Dans quel but précis ? Va savoir Charles !

De brillants spécialistes de la spécialité (ils le sont tous!), nous expliquent qu’il est urgent d’arrêter le dictateur fou avant qu’il n’envahisse la Biélorussie, la Pologne, l’Allemagne, la France et peut-être même les principautés d’Andorre et de Monaco. Ce qui ne saurait se faire dans certains cas cités au nom du Panslavisme et qui entraînerait accessoirement autant qu’obligatoirement l’entrée en guerre de l’Otan avec les menus inconvénients que cela pourrait entraîner.

Ce nouveau fait présente tout de même un avantage : ceux de nos compatriotes qui commençaient à se lasser d’être d’éminents épidémiologistes pourront se reconvertir dans la stratégie. Pour ce qui me concerne, n’étant spécialiste en rien, je me contenterai de penser qu’il ne s’agit là que d’un épiphénomène qui ne concerne que les états russes et ukrainiens et le désir d’hégémonie de nos chers amis étasuniens. Qu’ils se démerdent entre eux et gardons notre calme !


vendredi 18 février 2022

Transfuges divers

 

La mode est aux prises de conscience. Une question de saison peut-être… Une poignée de membres plus ou moins éminents de LR ou du RN tournent casaque et se découvrent des affinités avec MM. Zemmour ou Macron. Certaines de ces ces désertions étaient prévisibles, d’autres plus surprenantes surtout si l’on considère que leurs seules motivations sont éthiques ou idéologiques.

Prenons un premier exemple au hasard : M. Woerth. Ministre sous Sarkozy, soutien de Fillon lors du deuxième tour de la primaire LR de 2017, il accorde son soutien à Laurent Wauquiez lors de son élection à la présidence de LR. Pour ces raisons, on aurait pu penser qu’il appartenait à la tendance la moins molle de ce parti dont il il était jusqu’à ces derniers jours, président de la section de l’Oise. C’eût été se tromper ! En fait, comme Paul sur le chemin de Damas, à quelques semaines du scrutin présidentiel, il fut frappé par la grâce et réalisa qu’à l’insu de son plein gré s’était développée en son âme la fleur d’un macronisme sincère. Mettons cela sur le compte de la versatilité de la jeunesse (il n’a que 66 ans!) , sur celui d’une intervention divine ou encore d’une tardive prise de conscience du côté où sa tartine serait le mieux beurrée. Député LR de l’Oise, il ne lui resta plus qu’à changer de groupe.

Autre exemple : M. Bay. Son cas est bien différent. Contrairement au bravé Éric, ses convictions ont pu paraître variables. Militant FN dès l’âge de 15 ans, il quitte ce parti en 1998 pour suivre M. Mégret avant d’obtenir dans ce parti le poste de secrétaire général. Mais, vu qu’il se rapproche un peu trop de Marine Le Pen, il en est exclu en 2008. Pas rancunière pour un sou, Marine l’accueille de bon cœur. Le retour de l’enfant prodigue est un succès. Secrétaire général puis vice-Président du FN, il se voit élu député européen (2014 et 2019) puis au conseil régional de Haute-Normandie (2015). Il semble pourtant que le sort s’acharne sur lui (cf. supra) puisqu’il se trouve suspendu de ses postes au RN le 15 février (on l’accuse, à tort selon lui, vu qu’il portera plainte contre ce parti le lendemain, d’être un sous-marin zemmourien). A la surprise générale (vraiment?), il apporte son soutien le 16 au candidat de Reconquête sans pour autant démissionner du parlement européen.

Ainsi, on passe du RN chez Zemmour, de LR chez le même ou chez Macron tout en conservant des mandats acquis grâce au parti qu’on abandonne en rase campagne. Personne ne semble s’en offusquer. Les commentateurs, plutôt que de fustiger les transfuges, préfèrent supputer l’impact qu’auront ces défections sur les résultats électoraux des uns ou des autres. J’avoue que j’aurais du mal à soutenir un renégat de la dernière heure et je pense que ces ralliements n’apporteront que peu de changements aux scrutins.

Tout ce qu’on peut souhaiter à ces deux braves hommes ainsi qu’à leurs semblables, c’est que les trente deniers promis leur seront payés sous forme d’un maroquin pour le premier et d’une circonscription éligible pour le second (le risque étant pour ce dernier de connaître les mêmes déboires électoraux qu’il connut au MRN et que la porte du RN ne lui soit fermée à jamais).

mardi 15 février 2022

And the best loser is…*

 


Il semblerait que le résultat de la présidentielle soit plié d’avance. Sauf grave accident de dernière minute (scandale sexuel particulièrement odieux, découverte de détournements massifs, assassinat de Brigitte à coups de bêche lors d’une cérémonie officielle, etc.) il est très probable que M. Macron soit réélu, plus ou moins les doigts dans le nez. A cela, il y a d’excellentes raisons : il bénéficie, va savoir pourquoi, d’une certaine popularité, le Français moyen a horreur de l’aventure et a été dressé à rejeter les extrêmes ou ce qu’on lui présente comme tel et aussi la peur du changement que l’on peut constater en tous domaines suivant le principe  qu'on ne change pas une équipe qui perd.

Les sondages sont clairs à ce sujet : quel que soit son opposant, M. Macron l’emporterait. On me dira que les sondages mentent, qu’ils sont truqués, que c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses. Moi, je veux bien tout ce qu’on veut (c’est mon côté tolérant) mais je serais fort surpris que M. Lassalle, Mme Hidalgo ou M. Mélenchon soient élus dès le premier tour.

Nous en sommes donc réduits, à moins d’être des macronistes fervents ou résignés, à désigner celle ou celui qui perdra. Jusqu’à nouvel ordre, nous avons donc le choix entre trois candidats à l’échec : M. Zemmour, Mme Le Pen et Mme Pécresse. Pour ce qui me concerne, j’élimine cette dernière car malgré son ralliement de façade à des thèses droitières elle représente un centre droit si modéré que pour la différencier de celui qu’elle affronterait et en faveur duquel il est probable qu’elle se désisterait en cas d’échec au premier tour , il faut être du genre à disséquer, en vue d’une analyse poussée, un cheveu en quatre dans le sens de la longueur. Ce n’est pas mon cas.

Restent donc deux postulants à la défaite. Le Z, comme aiment à le désigner ses partisans et Mme Le Pen. Le premier, entre autres arguments, proclame que la deuxième ne sera jamais en position de gagner. Il semble, ce faisant, ne pas se rendre compte qu’il « bénéficie » d’un pourcentage de rejet bien supérieur à elle et qu’en cas de deuxième tour il obtiendrait un piètre score. Car s’il lui est possible de rallier les « intellos » de droite dure et quelques traîtres plus ou moins éminents de LR et du RN , son assise populaire reste faiblarde. Son opposante, quant à elle (toujours selon des sondages menteurs et truqués), recueillerait jusqu’à 45 % des suffrages, comme le fit Mitterrand face à de Gaulle en 1965. Ce n’est pas rien.

Si la défaite est inévitable, autant qu’elle soit le moins cuisante possible. Ce qui compte, c’est la progression du camp national. Présidentielle 2002 : Jean-Marie Le Pen : 17,79 %. Présidentielle 2017 : Marine Le Pen : 33,9 %. Prévisions 2022 (Toujours selon des sondages truqués autant que menteurs) : Marine Le pen : entre 43,5 et 45 % des voix. M. Zemmour pourrait-il faire mieux ?

Plutôt que le briser, il serait à mon sens plus utile d’entretenir cet élan qui finira bien un jour ou l’autre (Paris ne s’est pas fait en un jour!) à la victoire. Maintenant, si vous êtes, comme M. Zemmour, des fanatiques de Napoléon, libre à vous de le choisir.

* Et le meilleur perdant est…

samedi 12 février 2022

Je suis pour !

 


J’ai, avec les assassins, un point commun : nous sommes pour la peine de mort.

Entendons nous bien : il ne s’agit pas de l’infliger à qui aurait traversé en dehors des clous, aurait été soupçonné de mal voter, n’aurait témoigné qu’un amour modéré pour la république, aurait émis des restrictions sur l’utilité du passe vaccinal, n’aurait pas fait ses pâques ou aurait bu et mangé avant le coucher du soleil durant le Ramadan, aurait dépassé son découvert bancaire sans en référer à son conseiller, aurait dépassé un tracteur en franchissant une ligne blanche, aurait… ...mais j’arrête là vu qu’un recensement exhaustif de toutes les vilenies dont l’être humain est malheureusement capable est impossible à établir.

Je pense qu’elle devrait être réservée aux assassins et à certains meurtriers n’ayant aucune circonstances atténuantes et dont la culpabilité serait clairement avérée, l’intime conviction des jurés ne pouvant s’y substituer.

Un des arguments contre la peine de mort est qu’elles ne serait pas dissuasive. C’est l’évidence même. Bien que n’étant pas moi même criminel, je suppose que l’assassin lorsqu’il planifie son crime pense pouvoir le perpétrer sans être pris. Savoir qu’entre les XVIe et XVIIIe siècles ils risquaient d’être roués puis écartelés à quatre chevaux après avoir été dûment torturés ne semble pas avoir dissuadé les malandrins et autres bandits de grand chemin de l’époque. Je crains qu’aucune peine ne soit vraiment dissuasive. La question n’est pas là.

J’entends dire qu’en mettant à mort la société se ravalerait au rang des assassins. Et que fait-elle en emprisonnant ? Elle opère une séquestration ! Certes légale, mais la loi autorisant l’exécution des assassins rendrait ce « crime » légal. De même, les multiples amendes pour non observation de certaines injonctions ne s’apparentent-elles pas à une forme légale de racket et dans le cas de la fraude fiscale à une forme de loi du talion : tu m’as dérobé (ce que je considérais être) mon argent, je te ruine ? On m’objectera que c’est pour le plus grand bien de la société. Certes, mais la peine capitale, remède souverain contre la récidive, ne participe-t-elle pas d’une amélioration de la sécurité publique ?

L’abolitionnisme est basé sur le « Tu ne tueras pas » de la loi mosaïque, sur le principe rousseauiste que l’homme est intrinsèquement bon et surtout sur le désir d’être mignon qui pousse de plus en plus de nos contemporains à devenir végans. Tuer un animal ? Quelle horreur ! Alors, un être humain, je vous dis pas ! Quel dommage que les assassins n’aient pas ces scrupules !

Surtout qu’enfermer à vie un humain, quoi qu’il ait fait, ne me paraît pas moins cruel. De plus, ça nous coûte des sous.



mercredi 9 février 2022

Disparu des écrans


L’amitié, c’est un truc de jeunes. Ça laisse pourtant des souvenirs. L’autre jour, j’avais commencé à regarder un film de Chabrol avec Benoît Magimel. Il me sembla me souvenir que cet acteur avait joué dans le film de Philippe. Je googlai pour m’en assurer. C’était bien lui qui tenait le rôle de mon pote dans son récit autobiographique. Et, surprise, je vis qu’un article de Wikipédia lui était consacré. J’allais voir. Il était très court, une simple ébauche disant qu’il avait travaillé comme assistant réalisateur dans les années 70-80 avant de tourner un long métrage en 1992. Et puis plus rien. Disparu des écrans. Que des écrans ?

Philippe, je l’ai rencontré en 1967. Nous étions condisciples en terminale A au lycée de Rambouillet. Il m’avait tout de suite plu. Il était de ceux qui, comme moi, se demandaient ce qu’ils pouvaient bien faire là. Des jeunes un peu (beaucoup ? Passionnément?) paumés qui se cherchaient et qui mirent longtemps à se trouver. Si tant est qu’ils se trouvèrent jamais. Sur quoi peut se baser une amitié ou un amour ? Difficile à dire, surtout quand ils ont disparu, ne laissant que de vagues souvenirs et plus de questions que de réponses sur ce qui pouvait être à leur origine.

Quoi qu’il en soit, proches nous fûmes. Des années durant avant que la vie ne nous sépare. C’est en 93, alors que, de retour d’Angleterre, pas très en forme, plus enclin, suite à une de ces multiples ruptures qui ont jalonné ma vie, à ruminer le passé qu’à envisager l’avenir, que nous eûmes notre dernier contact. J’avais trouvé son numéro dans l’annuaire et mon appel fut transféré dans le Var où il se trouvait. Bien que 18 ans aient passé depuis notre dernière rencontre, la conversation fut amicale, nous parlâmes de chose et d’autres, il me déclara travailler sur un nouveau scénario après le flop total de son film, retiré des affiches après quelques jours. Je lui résumai brièvement toutes ces années sans nouvelles. Nous nous quittâmes après être convenus d’une visite qu’il me rendrait quand il se trouverait dans mon coin où sa sœur possédait une maison. Et puis plus rien. Disparu des écrans. Que des écrans ?

Pourtant que de souvenirs ! Les week-ends de bringue dans sa maison de campagne, avec les sorties au bal après un ou deux grogs au whisky (une chope, deux tiers de whisky, un tiers d’eau bouillante et en voiture pour l’aventure), les bains de minuit dans les ballastières ou personne dans la bande n’aurait été foutu de secourir qui aurait eu un malaise, les rentrées avec des filles plus attirantes le soir qu’au matin, ses visites impromptues autant que tardives suivies de parties de chasse en voiture dans la forêt de Rambouillet ou d’une virée à Orléans, histoire d’y prendre un pot (comme s’il n’y avait aucun troquet d’ouvert à moins de 100 kilomètres), les longues missives échangées lors de mes séjours au Sénégal ou en Angleterre, ses dernières visites à Tours où le cœur n’y était plus vraiment, vu qu’y ayant trouvé l’amour je tendais à me ranger des voitures. Huit ans de fâcheries passagères, de retrouvailles, d’éclipses… Une amitié de jeunesse où il m’arriva de le considérer comme mon mauvais ange (comme si j’avais eu besoin d’un mauvais ange pour déconner!) et où il arriva que mes folies le lassent.

Et me voilà, des décennies plus tard, ne me reconnaissant plus dans nos frasques passées, conscient cependant que sans elles , sans cette amitié, je ne serais pas ce que je suis devenu.