..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 25 juin 2020

L'adieu au Cantou

La cuisine et son cantou, vaste et profonde cheminée typique de la Corrèze et du Cantal, à l'intérieur de laquelle on peut s'asseoir.

C’est chose faite : ma maison de Corrèze est mise en vente. Vu son faible prix et les circonstances, l’agent immobilier semble confiant. Bien des Brivistes et des Tullistes seraient à la recherche de modestes pieds-à-terre à la campagne où passer le prochain confinement. Si ça s’avère, le Covid et sa sainte chocotte auront au moins servi à quelque chose…

Cet abandon ne va pas sans un pincement de cœur. Tout le travail accompli pour transformer une masure en un lieu agréable à vivre ne m’occasionnera qu’une faible perte financière. Sans la taxation des plus-values, j’en aurais même tiré un modeste profit mais ne rêvons pas : nous sommes en France et les dieux qui nous gouvernent ont une inextinguible soif d’argent. Je me console en me disant que si je n’avais pas tout fait moi même, l’imposition aurait disparu mais la perte aurait été conséquente.

De retour en Normandie, laissant princesse héritière et chevalier servant là-bas, je me suis demandé ce que je pouvais bien faire dans cette province où le temps de Toussaint sévit plus souvent qu’à son tour. Et puis le soleil est revenu, je me suis mis à désherber le potager, la vie a repris son cours.

De Corrèze, photos à l’appui me parvenaient des nouvelles : excursions, barbecues, grillades dans le cantou, apéro sur la terrasse à l’ombre du tilleul. Les parisiens étaient aux anges ! Face à ce bonheur me vinrent des remords : et si cette vente était une erreur ? Je m’en ouvris à ma fille. Pragmatique, elle me répondit que s’ils appréciaient l’endroit, les 500 km qui le séparent de Paris rendaient difficiles d’éventuels week-ends, sans compter que les frais de train et de l’inévitable location de voiture seraient élevés. Je me rendis à ses raisons.

Si tout se passe bien, je ne rendrai donc plus que quelques visites à la Corrèze. Les jeunes y reviendront en vacances en août. Puis, on passera à la suite, la vie continuera et voguera la galère...

mardi 23 juin 2020

Covideries


Il y a trois jours de cela, je reprenais le chemin de la Normandie et, comme rien de fatal ni d’accidentel ne se produisit, j’y arrivais huit heures plus tard. Ce retour n’alla pas sans mélancolie car je laissais en Corrèze ma fille et son chevalier servant qui étaient venus y passer des vacances. Les retrouvailles après ces mois de covideries échevelées furent un vrai bonheur et leur fin regrettée.

Seulement elles posaient problème : les deux tourtereaux vivent à Paris, ville,comme on sait, ravagée par la Covid où corbeaux et autres charognards se disputent les restes des victimes qui jonchent les trottoirs faute de vivants pour leur assurer une sépulture. De plus, ayant passé depuis près d’un lustre le cap fatidique des 65 ans et souffrant de menus problèmes de santé, je suis une personne à risques. A grands risques même ! Et qu’est-ce que se doit de faire une telle personne ? SE MONTRER PRUDENTE !

La télé nous le dit, répète et illustre : on y voit Rachid (ou Mouloud)* rendre visite à sa Mamie Paulette qu’il aime tant. Et que font ces deux êtres responsables ? Ils se tiennent à distance et portent un masque. Ainsi Mouloud (ou Rachid) peut jouer de la guitare pour le plus grand plaisir de Paulette (qui aurait préféré un air d’accordéon, mais rien n’est parfait en ce bas monde).

On a beau être un mécréant comme moi, à force d’être bassiné par la propagandastafell, on finit par se poser des questions. Quelles précautions prendre ? Devions-nous nous tenir à distance, porter des masques, passer la vaisselle au lance-flammes, brûler vêtements, torchons, serviettes, draps et couettes après usage, désinfecter poignées de portes, portes, fenêtres et murs ? Prendre deux voitures pour aller à Collonges-La-Rouge ? Serait-ce suffisant ? Ne risquerions-nous pas malgré tout cela de nous contaminer suite à un moment de distraction ?

Nous tombâmes dans les bras l’un de l’autre et fîmes preuve d’une criminelle inconscience en négligeant toute précaution. Parce qu’au fond que vaut une vie que gouverne une peur irrationnelle qui ne saurait éviter tout danger ? Je la laisse à ceux qu’elle amuse.

Six jours ont passé. Les premiers symptômes tardent à apparaître. Ma maison embaume le poulet tandoori massala (je traverse une période indienne) dont j’ai apprécié le goût, j’ai le nez qui coule et je tousse mais pas plus que ces dernières années, je n’ai aucune fièvre, même pas le samedi soir, bref, tout va bien, du moins jusqu’ici. Pour la suite, on verra.


*Je ne me souviens plus du vrai prénom. Quant à la mère-grand, elle n’est pas nommée mais je trouve que Paulette lui va bien.

dimanche 14 juin 2020

Travaux salutaires !



L’an dernier, lors d’un voyage de retour entre Corrèze et Normandie je connus le désagrément de trouver la RN 147, route renommée pour les accidents qui s’y produisent et qui relie Limoges à Poitiers, barrée pour cause de travaux. Je suivis donc les panneaux de déviation qui m’amenèrent à traverser Le Dorat, petite cité de la Haute-Vienne, au Nord-Ouest de Bellac. J’y aperçus un édifice religieux remarquable que les panneaux m’apprirent être une collégiale. N’en ayant ce jour-là pas le temps, je me promis d’y revenir afin de la visiter. C’est ce que je fis hier. L’église est magnifique, construite entre 1130 et 1170 dans le style roman limousin. Plus que de longs discours, place aux images :


Vue d'ensemble de la façade ouest
Portail Nord
Clocher surplombant la croisée du transept
Tour de défense ajoutée au chevet au XIVe siècle
Fenêtre avec chapiteaux sculptés
Quelques modillons
D'autres modillons
A la demande générale, encore des modillons !
Entrons !

Croisée du transept et sa coupole
Le chœur
Vaisseau central de la nef
Vaisseau latéral Sud
Imposante cuve baptismale carolingienne décorée de lions
Châsse en bois doré de saint Israël dans une absidiole du déambulatoire (XVIIe S.)
Idem  : saint Théobald
J'ai bien essayé de photographier les chapiteaux sculptés des colonnes mais  hélas, leur élévation et le peu de lumière qu'offrait ce jour d'orage ont rendu mes clichés flous. Cependant vous en trouverez de réussies ici ainsi que bien d'autres renseignements sur la collégiale. De même, je n'ai pu visiter la crypte qui était fermée, pour cause de Covid, je suppose...

Un des avantage de ce monument est que sa faible notoriété fait qu'il n'est pas envahi par les touristes comme peuvent l'être certains où l'on se voit obligé à se garer sur de lointains et coûteux parkings : pendant ma longue visite je fus seul dans l'église ! 

mardi 9 juin 2020

C’est pas gagné !


Même ceux qui naguère encore se prononçaient pour un confinement quasi-éternel se mettent à présent à prôner un retour plus rapide à la « normale ». A une exception près : les plus fragiles devraient continuer de limiter leurs contacts et de prendre moult précautions. Faisant moi-même partie de ces plus fragiles, je veux bien admettre qu’une certaine prudence soit de mise. Seulement, il y a fragile et fragile. Certains très vieux, probablement très fragiles, me semblent avoir du mal à assimiler les règles censées les protéger.

J’en veux pour preuve la visite que je fis samedi à la supérette. Ayant acheté deux trois bricoles, je me rendis vers les caisses. Il y avait du monde. La file d’attente se prolongeait dans une allée, au-delà du marquage au sol. Un brave vieux, sans masque, vint se coller juste dernière moi. Je lui fis remarquer qu’il ne respectait pas les distances préconisées. Le pauvre se rapprochant encore me répondit par un « Comment ? » me révélant sa surdité. Je lui expliquai qu’il se trouvait trop près de moi. Sa réponse me sidéra : « Il n’y a pas de ligne par terre ! » . Ainsi, le brave homme semblait penser que la distanciation physique consistait à respecter le marquage au sol et qu’en son absence, on pouvait s’en dispenser.

Sur ces entrefaites, une autre bien vieille, munie d’une canne, n’ayant pas remarqué que la file d’attente se trouvait dans l’allée alla directement à la caisse en arrivant par le côté. Je lui fis remarquer son erreur. Elle réalisa alors que cette caisse était largement aussi fréquentée que l’autre et retourna à la première.

Ces deux exemples montrent que le grand âge ne va hélas pas sans perte d’agilité intellectuelle permettant d’analyser les situations et d’intégrer réellement les règles préconisées. S’ils prennent ces risques, ce n’est pas une question de mauvaise volonté.

La chose rassurante est que, vu le peu de cas constatés dans mon département (47 victimes pour 500 000 habitants depuis le début de l’épidémie), il y a peu de chance que ces braves vieux se voient contaminés.

dimanche 7 juin 2020

Bourdon, une mise en garde !

Plusieurs fois, je me suis vu donner le conseil de ne pas cueillir les mûres qui se trouvaient près du sol car il se pouvait que celles-ci aient été souillées par de l'urine de renard. N'étant pas amateur de ces baies, ce conseil ne me fut pas d'une grande utilité. Aussi serais-je bien en mal de vous dire si l'urine de renard donne aux mûres un goût infect, si elle les rend délicieuses ou si elle n'a aucun effet sur leur saveur. Je comprends que l'on puisse par simple souci d'hygiène se refuser à prendre le risque d'absorber des baies ainsi contaminées : on n'est jamais trop prudent. 

Toutefois, ce n'est pas de ce genre de pollution que traitera ma causerie dominicale mais du bourdon. Entendons nous bien ce n'est pas contre le synonyme du cafard, de cet état dépressif passager que peuvent provoquer chez l'humain moult circonstances ou événements mais de l'insecte, vague cousin de l'abeille, dont le vol bruyant révèle la présence ans nos jardins, maisons ou voitures. 

Mes connaissances sur cet animal pollinisateur que j'avais tendance à juger totalement inoffensif étant bien rudimentaires, il me prit hier la fantaisie de les compléter. J'en appris de belles ! N'ayant jamais entendu quiconque se plaindre d'avoir été piqué par un bourdon, chose que je ne pourrais dire des abeilles, guêpes ou frelons, je croyais ce bon gros butineur dépourvu de dard. Quelle erreur ! Non seulement le bougre en a un mais, à la différence de sa cousine l'abeille, celui-ci peut lui servir plusieurs fois. Reconnaissons à sa décharge qu'il n'en abuse pas et qu'il faut vraiment insister pour qu'il vous pique. Le bourdon terrestre (ou bombus terrestris car il doit en exister d'autres maritimes ou sur Mars), en est l'espèce la plus commune.

Il est important de signaler qu'il existe, aux côtés de ce brave animal un triste imitateur, le faux bourdon qui n'est que le mâle de l'abeille et un bien triste sire : issu d'un œuf non fécondé le lascar ne possède contrairement à ses sœurs que 16 chromosomes quand elles en possèdent 32. Cet évident handicap n'excuse pas tout car figurez vous que ce joli coco n'en fout pas une rame et laisse aux ouvrières le soin de récolter nectar ou pollen. D'un snobisme honteux, cet obsédé sexuel, ne s'accouple qu'avec des reines. Malheureusement chez les abeilles comme chez nous, les reines ne courent pas les ru(ch)es et il est fréquent qu'ils ne trouvent pas,disons, pour rester poli,  chaussure à leur pied. A l'automne, lassées du triste exemple que ces bon à rien donnent à la jeunesse, les ouvrières les mettent manu militari à la porte des ruches. Ce n'est que justice ! 

Autre imposteur : le bourdon noir également appelé bourdon bleu par ceux qui ont un problème avec les couleurs, n'est en fait qu'un xylocope violet (daltonisme, quand tu nous tiens !) dont le bruit du vol rappelle le bourdon.. Cette abeille charpentière par sa forme et par sa taille fait plutôt penser à un gros frelon passé au cirage. En ayant récemment aperçu un dans mon jardin, je n'en fus qu'à moitié rassuré. Il parait cependant qu'il est inoffensif à moins qu'on ne le dérange vraiment. Qui irait par pure taquinerie agacer une espèce de gros frelon ? Seulement, c'est en général involontairement, qu'on vient à les déranger...

Mais revenons à notre débonnaire bourdon terrestre. Pourquoi ai-je dans mon titre parlé de mise en garde et commencé l'article en parlant d'urine de renard ? C'est que M. Bombus Terrestris est un gros dégueulasse qui n’hésite pas à déféquer ses excréments liquides tout en butinant : en voici la preuve :

Gif trouvé dans l'article "Bombus" de Wikipédia

Ainsi, lorsque vous cueillez une mûre, même en hauteur, n'est-il pas impossible que celle-ci ait été polluée par ce sagouin. Il se peut que cela ne vous dérange pas voire vous plaise. Tous les goûts sont dans la nature, je le sais. J'aurais fait mon devoir en vous informant.