La cuisine et son cantou, vaste et profonde cheminée typique de la Corrèze et du Cantal, à l'intérieur de laquelle on peut s'asseoir. |
C’est chose faite : ma maison
de Corrèze est mise en vente. Vu son faible prix et les
circonstances, l’agent immobilier semble confiant. Bien des
Brivistes et des Tullistes seraient à la recherche de modestes
pieds-à-terre à la campagne où passer le prochain confinement. Si
ça s’avère, le Covid et sa sainte chocotte auront au moins servi
à quelque chose…
Cet
abandon ne va pas sans un pincement de cœur. Tout le travail
accompli pour transformer une masure en un lieu agréable à vivre ne
m’occasionnera qu’une faible perte financière. Sans la taxation
des plus-values, j’en aurais même tiré un modeste profit mais ne
rêvons pas : nous sommes en France et les dieux qui nous
gouvernent ont une inextinguible soif d’argent. Je me console en me
disant que si je n’avais pas tout fait moi même, l’imposition
aurait disparu mais la perte aurait été conséquente.
De
retour en Normandie, laissant princesse héritière et chevalier
servant là-bas, je me suis demandé ce que je pouvais bien faire
dans cette province où le temps de Toussaint sévit plus souvent
qu’à son tour. Et puis le soleil est revenu, je me suis mis à
désherber le potager, la vie a repris son cours.
De
Corrèze, photos à l’appui me parvenaient des nouvelles :
excursions, barbecues, grillades dans le cantou, apéro sur la
terrasse à l’ombre du tilleul. Les parisiens étaient aux anges !
Face à ce bonheur me vinrent des remords : et si cette vente
était une erreur ? Je m’en ouvris à ma fille. Pragmatique,
elle me répondit que s’ils appréciaient l’endroit, les 500 km
qui le séparent de Paris rendaient difficiles d’éventuels
week-ends, sans compter que les frais de train et de l’inévitable
location de voiture seraient élevés. Je me rendis à ses raisons.
Si
tout se passe bien, je ne rendrai donc plus que quelques visites à
la Corrèze. Les jeunes y reviendront en vacances en août. Puis,
on passera à la suite, la vie continuera et voguera la galère...