Si je reprends ce titre de Henry
Miller, auteur qui fut du temps de ma jeunesse folle (Ouquel j’ay plus qu’autre gallé) un de mes
favoris et dont je ne songerais plus à lire une page aujourd'hui,
c'est parce qu'il s'applique parfaitement aux deux Monochromes
mobiliers corréziens auxquels je viens de mettre la dernière
main.
Monsieur Fredi M., s'il émet son
éternel « C'était mieux avant » fera montre d'une
mauvaise foi éhontée car je n'accompagnerai ces deux œuvres
d'aucune photo de leur état antérieur. Voyez plutôt :
La difficulté dans les Monochromes
mobiliers n'est pas la peinture elle même mais la préparation
des supports. Ces deux meubles furent abandonnés sur place par les héritières
du précédent propriétaire, probablement
parce qu'ils leur semblaient manquer d'intérêt et auraient eu du
mal à s'intégrer dans leur intérieur. Il faut dire que le buffet
était surmonté d'un haut d'un style différent (qui a fini à la
déchetterie) et la disparition du grand tiroir du bas laissant une
béance que j'ai bouchée d'une planche en contreplaqué. Je voudrais
souligner au passage que les vols de tiroirs sont une catégorie de
méfaits dont l'ampleur n'est pas suffisamment signalée par les
media. Mais revenons à nos Monochromes. Ces meubles étaient
par ailleurs habités. Non pas qu'ils aient eu, comme disait l'autre
« une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer
» mais plutôt que les vers s'y offraient de copieux banquets.
Les xylophènes en vinrent à bout. Restait à supprimer la vieille
cire dont, des décennies durant on les avait nourris. Le décireur
dont j'avais fait l'emplette se révéla inapte à la tâche. C'est
donc au papier de verre à gros grain, afin de permettre à la
peinture d'y adhérer, que je préparai mes supports. Une sacrée
corvée ! Deux couches de noir permirent à l'armoire de mieux
s'intégrer aux autres meubles de ma chambre. Il en fallut trois de
blanc pour obtenir le même résultat avec le buffet.
Vous savez tout sur la genèse de ces
œuvres. Pour en revenir à ce vieux cochon de Henry, il avait
raison : peindre ces meubles m'a fait les aimer à nouveau.
Vu qu'il pleut sur la Corrèze, je me
trouve aujourd'hui au chômage technique n'ayant rien à faire à
l'intérieur et le temps n'étant pas favorable à la taille des
haies, j'hésite entre passer mon après-midi à pleurer Jacques
Chirac histoire d'avoir l'air Corrézien et visiter quelques églises
romanes. Je crains que la deuxième possibilité ne me séduise plus que l'autre.