..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 18 avril 2019

Trouvailles

Jardiner est utile et sain. Entre autres avantages, on y prend de l'exercice, on profite des bienfaits du soleil, on transforme une nature toujours brouillonne en un espace agréable à l’œil, et en cas de potager, on bénéficie de légumes frais et non traités. De plus, en retournant la terre, il arrive que l'on fasse des trouvailles. 

De retour en Normandie, je me suis immédiatement mis à tondre les espaces herbus (il ne s'agit pas vraiment de pelouse) à faire une première taille de haies et à désherber mes petits carrés de potager afin d'y planter des pommes de terre. Ce faisant, un objet métallique rond et percé en son centre attira mon regard. Vu qu'il était passablement oxydé, il était difficile de dire s'il s'agissait d'une monnaie ou d'une simple rondelle. Je la nettoyai un peu et pus constater qu'il s'agissait d'une pièce de dix centimes de 1920. 




Presque centenaire ! Qui avait bien pu perdre ces deux sous ? Bien sûr, il ne s'agissait pas là d'un trésor. Juste un humble témoin d'une perte passée.

Cela me fit penser à d'autres trouvailles faites dans le jardin de mon ancienne maison comme cette médaille en aluminium sur laquelle est représentée d'un côté Notre dame de Lourdes et de l'autre Notre Dame de la Délivrande, les deux légendes suivies de PPN (priez pour nous). D'une pierre deux coups ! Qui, avant de la perdre a porté cette modeste médaille ? Était-elle le pieux souvenir d'un pèlerinage à la basilique normande ? 



Plus inquiétante fut la découverte de ces deux munitions : 


Fusil ? Mitrailleuse ? Trace de la contre attaque allemande d'août 1944 ? A quelle arme de quel camp étaient-elles destinées ? Mystère. Intrigué, j'ai demandé à l'ancien fermier qui occupait les lieux s'il lui était arrivé de trouver des balles dans son potager. Il m'assura que non. 

Je garde ces objets comme autant de messages anonymes et involontaires venus de personnes probablement disparues aujourd'hui.

samedi 13 avril 2019

On va voir de quel bois je me chauffe !

Je crains que la plaisanterie que constitue mon titre ne passe inaperçue bien que, loin de vouloir menacer qui que ce soit de la violence de ma colère, je ne veuille parler que du mode de chauffage que je viens d'adopter.

Ma maison corrézienne étant chauffée à l'électricité, le KW s'apprêtant allègrement à atteindre puis à dépasser le prix de 0,15 centimes et avril s'acharnant à nous déconseiller de nous découvrir ne serait-ce que d'un fil, ce mode de chauffage, à raison d'entre 40 et 50 KW par jour quand le temps est frais, tendait à devenir dispendieux.

Restait l'alternative du bois, vu que j'avais équipé la maison d'un magnifique insert réputé capable d'en chauffer l'intégralité. Seulement, le chauffage au bois ne va pas sans contraintes et inconvénients. Le bois que l'on rentre cochonne la pièce, on est soumis à la corvée salissante du nettoyage des cendres, il faut alimenter le feu en veillant à ce qu'il évite à la fois de s'éteindre ou de porter la température à des niveaux trop hauts, penser à se faire livrer du bois, le scier à la dimension du foyer,le ranger correctement et rallumer le feu au matin. Aussi fut-ce à reculons que je me dirigeai vers cette solution (bel alexandrin qui en plus rime avec le mot qui le précède). Pourtant je finis par m'y résoudre, par avarice ou par raison.

Je me rendis donc, comme me l'avait conseillé un paysan voisin, chez le fabricant de merrains et autres fournitures pour les tonneaux qui exerce son industrie dans le village et y fit pour une somme modique l'emplette de deux fagots de chutes qui me furent immédiatement livrés :


Fagot 

Restait à scier ce bois d'environ un mètre de long en deux afin qu'il pût entrer dans l'insert. Ce fut, en quelques heures , grâce à ma tronçonneuse (merci encore Nicole!) une affaire rondement menée. Et les morceaux de bois formèrent un tas sur la terrasse :


Restait à en faire un tas correct, de façon à pouvoir mettre le bois dans un endroit où il gênerait moins et aussi à pouvoir le protéger de la pluie afin qu'il continue de sécher. La tâche fut un peu longue mais j'obtins le résultat suivant :

Tas de bois en attente de bâchage
Je pouvais donc expérimenter mon nouveau chauffage afin de voir à la fois son efficacité et sa rentabilité. J'allumai mon insert et pus constater que le bois produisait une belle et réchauffante flamme :



L'expérience se poursuit depuis maintenant cinq jours et s'avère concluante et cela à deux niveaux. D'abord, selon mes calculs, cela me permettrait de diviser mes dépenses de chauffage par (au moins) deux. Ensuite, le foyer dégageant une puissance supérieure à celle des radiateurs, la température de la pièce principale atteint sans problèmes trois degrés de plus, m'évitant ainsi d'avoir froid aux pieds. Ça vaut bien les inconvénient, non ?

vendredi 12 avril 2019

Soif d'Histoire

Pour M. Souchon, la foule sentimentale aurait soif d'idéal. Admettons. Toutefois il existe dans les media et dans la foule sentimentale qui les suit une autre soif, au moins aussi forte : celle de vivre des « moments historiques ». Comment pourrait-on les en blâmer vu que TOUT moment est par définition historique. Imaginons que dans un pays ou une région absolument rien de notable ne se soit produit pendant plusieurs siècles. Il faudrait imaginer un nom pour cette période mais elle n'en serait pas moins historique au même titre que la Pax romana s'inscrit dans l'histoire comme les multiples guerre napoléoniennes.

Cela dit, le piège dans lequel chroniqueurs et bon peuple semble tomber, voire sauter à pieds joints, est de penser que les moments que nous vivons ont une importance capitale dans l'histoire. Curieusement, j'ai du mal à partager leur vision de l'importance de tel ou tel événement. Je l'ai dit et répété (à mon âge, ne pas radoter serait une faute de goût), je ne suis jamais parvenu à considérer, au fur à mesure de leur déroulement, que les « événements » de mai 1968 étaient autre chose qu'une ridicule pantalonnade. Et pourtant je ne faisais alors qu'approcher mes dix-huit ans ! Il est de bon ton, parmi les réacs, de rendre cet épisode insignifiant responsable des pires dérives que connaît aujourd'hui notre société tandis que de l'autre bord on les attribue au « progrès » et aux luttes populaires. Je crains que l'origine de ces mutations ne se trouve ailleurs car les pays de développement économique comparable qui n'ont pas ou peu connu de troubles durant ce mois-là n'ont rien à nous envier en matière de déliquescence.

A mon sens, les bouleversements que connaissent les sociétés occidentales sont le fruit d'une organisation économique qui entraîne des changements sociaux, sociétaux et idéologiques et ne doivent rien aux gesticulations et autres vociférations des activistes. S'il arrive que ces derniers semblent renverser l'ordre rétabli c'est que cet ordre était devenu caduc et aurait fini par disparaître de sa belle mort. Si la civilisation européenne actuelle et ses métastases venaient à disparaître c'est qu'elles auraient fait leur temps.

Quand on voit les choses de cette manière qu'on pourrait traiter de cynique, de fataliste et de plus qu'un tantinet marxiste, on a bien du mal à s'intéresser à certains épiphénomènes censés bouleverser la France, l'Europe ou le monde. S'il arrive que j' en parle, c'est à cause de l'importance imméritée que media et réseaux sociaux leur donnent. Si j'en parle trop souvent c'est pour dénoncer l'espace qu'ils occupent indûment et dont ils privent des sujets réellement importants. En faisant cela, certes, les media ne font que jouer leur rôle qui est de meubler leurs journaux ou autres séquences d'actualités. Ce qui m'agace, c'est de voir tant de braves gens leur emboîter le pas. Mais peut-être cela les aide-t-il à satisfaire leur soif de participer à des « moments historiques » et à se libérer d'une indignation qui sinon resterait à couver en eux, faute d'objet.

Personnellement, je préfère le froid constat à l'indignation. Ce qui n'exclut aucunement la radicalité.


jeudi 11 avril 2019

Notes


Dans un récent article, M. Goux se plaignait de la cuistrerie de l'éditrice d'un ouvrage de Mme Carson McCullers. Ce grand esprit, probablement en proie à un grave abattement, déclarait ne trouver aucun intérêt aux notes que la brillante universitaire avait rédigées afin d'éclairer le lecteur. Il laissait même entendre qu'il ne s'agissait aucunement d'un cas isolé. Je ne saurais partager ce genre de blasphèmes : en fait, en dehors des préfaces, les notes de bas de page ou de fin de volume sont souvent ce qu'il y a de plus intéressant dans bien des livres. Elles ouvrent de nouveaux horizons au lecteur. Au point que nombreux sont les vrais amateurs de littérature qui ne lisent qu'elles.

Si la vie, cruelle marâtre, ne m'avait pas contraint à suivre d'autres chemins, je pense que le métier de noteur m'aurait apporté une ineffable félicité. Quoi de plus noble, en effet, que d'accompagner, voire de guider un lecteur sur le chemin souvent malaisé qui mène à une profonde compréhension de l’œuvre comme de l'âme d'un auteur ? Je vous le demande !

D'ailleurs, et vu qu'il n'est jamais trop tard pour réaliser ses rêves de gosse, je vais annoter, rien que pour vous, un texte que chanta Yvan-Chrysostome Dolto, plus connu sous le nom de Carlos, chanteur d'un grand talent qu'un malencontreux cancer du foie enleva bien trop tôt à notre affection. Parmi les chansons hautement poétiques qu'il interpréta, il en est une quai, tant par la forme que par le fond domine un répertoire pourtant riche et profond. Je veux parler, certains de vous l'auront deviné, de son célèbre « Papayou » :

Quand je suis v'nu au monde
Ma mère1 m'a tout donné
Une panse bien ronde
Des pieds, des grands pieds
Pour marcher, pour danser2
Mais la plus belle chose
Qu'elle ait pu me donner dans l'fond
C'est à peine si j'ose
Le dire... c'est mon...
Papayou, Papayou, Papayou, Papayou lélé3
J'ai le plus beau des Papayou lélé
Qu'on ait vu depuis des années
Papayou, Papayou, Papayou, Papayou lélé
Ma mère me disait faut pas le montrer
Ca f'rait des jaloux dans le quartier4
Ca f'rait pleins de jaloux qui n'en n'ont pas du tout
Pleins d'envieux qui n'en ont pas chez eux
Pleins de méchants qu'en ont pas d'aussi grands
Il faut pas le montrer du tout, non!
Un jour l'institutrice5
Me dit: "Mais que t'as grandi"
Je réponds sans malice
"Mais mon Papayou il grandit lui aussi"6
Elle me dit "Je suppose
Que c'est une plaisanterie"
Mais en voyant la chose
Elle pousse un cri "Oh"7
Papayou, Papayou, Papayou, Papayou lélé
C'est le plus beau des Papayou lélé
Que j'ai vu depuis des années
Papayou, Papayou, Papayou, Papayou lélé
Garde le pour moi ne le montre pas8
Ca f'rait des jaloux dans le quartier
Ca f'rait pleins de jaloux qui n'en n'ont pas du tout
Pleins d'envieux qui n'en ont pas chez eux
Pleins de méchants qu'en ont pas d'aussi grands
Pleins de badauds qu'on rien vu d'aussi beau
Et qui diraient partout, drôle de joujou
Il faut pas le montrer du tout, non!
Un jour à colin-maillard
Une fille aux yeux bandés9
Le découvrant par hasard
Me dit: "Qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que c'est?"10
Depuis au village
Toutes les filles de la région
Me demandent en mariage11
Pour avoir mon...
Papayou, Papayou, Papayou, Papayou lél
Etc.

J'espère vous avoir été utile en favorisant votre compréhension de ce texte dont certains passages,sans être ésotériques, peuvent paraître obscurs.

1Françoise Dolto éminente psychanalyste qui fit tant pour que les parents cessent d'éduquer leurs enfants convenablement.
2Carlos voua, toute sa vie durant, un véritable culte à sa mère et plus particulièrement à sa légendaire générosité ainsi s'explique l'énumération de dons que des enfants moins reconnaissants eussent trouvé aller de soi.
3Le papayou lélé est un bonnet de coton mêlé de latex que, dans les familles grecques et russes, on offre aux nouveaux nés et qui partage avec la grenouillère « Babygro » la particularité de grandir avec l'enfant (du grec « papayos lèlos », bonnet de coton extensible).
4La famille Dolto, jouissant d'une certaine aisance n'avait pas mégoté sur le prix du bonnet ce qui risquait de provoquer des réactions d'envie chez les voisins moins favorisés.
5Ernestine Chombier, pédagogue émérite, toute entière dévouée à son apostolat était cependant très distraite au point de ne pas voir ses élèves grandir au fil des années.
6Cf. note 3
7Bien que très cultivée, Mme Chombier ignorait tout de l'extensibilité du papayou lélé.
8Notez la convergence des conseils de la mère et de l'institutrice qui de ce fait est présentée comme un substitut maternel.
9Précision inutile car jouer au colin-maillard sans bandeau constituerait une tricherie qui ferait perdre tout son attrait au jeu.
10Répétition suggérant habilement l'état de confusion où se trouve plongée la jeune fille suite au contact avec un objet textile inconnu.
11La misogynie de l'auteur pointe le bout de l'oreille laissant entendre que le possesseur du signe extérieur de richesse que constitue ce bonnet attirerait les bonnes grâces des filles de la région, supposées intéressées par un riche mariage.

mercredi 10 avril 2019

Discipline et autorité

Selon un sondage, les Français seraient nombreux à désirer voir s'installer un pouvoir autoritaire ! Il y a longtemps que je n'avais rien entendu d'aussi paradoxal. Les bisounours décadents rêveraient d'un pouvoir fort ? Il y a là de quoi rire !

Ce désir d'un régime autoritaire me rappelle celui du rétablissement de la discipline dans l' « éducation ». Tous les parents d'élèves sont pour que règne le calme dans les établissements scolaires et que les perturbateurs soient sévèrement sanctionnés. Sauf que... ...cela concerne uniquement les autres. Leur enfant, lui, même s'il est un emmerdeur de première classe ne saurait être considéré que comme un angelot et toute sanction prise à son égard ne saurait être qu'injuste. Tous ceux qui ont travaillé dans l'enseignement vous le confirmeront. De la discipline, certes mais à condition qu'elle ne s'applique qu'à autrui.

Dans ces conditions, restaurer l'autorité de l'État est totalement illusoire vu que les parents d'élèves se trouvent être également des citoyens. Se montrer inflexible mais seulement avec les autres revient à ne l'être avec personne vu qu'on est toujours l'autre de quelqu'un et que tout un chacun s'estime innocent ou excusable et par conséquent ne saurait être l'objet d'une quelconque sévérité sans qu'il s'agisse d'iniquité.

D'ailleurs on ne voit pas pourquoi les Français désireraient un pouvoir fort vu que nombre d'entre eux s'estiment déjà vivre dans une dictature sanguinaire. La pantalonnade Giletjaunesque que nous vivotons depuis quelques mois est la preuve évidente du refus de l'autorité. Certes, tous, enfin pas tout à fait, s'accordent à blâmer les exactions constatées lors des promenades du samedi mais beaucoup comprennent, soutiennent ou excusent le mouvement qui les provoque. Et un grand nombre parle des violences policières. On veut empêcher la casse mais sans dégâts collatéraux. Il faudrait réprimer mais aussi gentiment qu'efficacement. Circulent des vidéos où l'on voit des policiers tabasser, asperger de gaz ou simplement bousculer de braves citoyens forcément innocents. Elles ne montrent pas le contexte dans lequel se produisent lesdites violences. Pire, beaucoup pensent que le gouvernement actuel encourage sa police à crever systématiquement les yeux des passants et à leur arracher une main de temps en temps, histoire de passer le temps, je suppose.

Si la violence policière se mettait à réprimer les taquineries des petits gars des cités, nul doute qu'en cas de blessures graves, voire de morts, on assisterait également à une levée de boucliers, venant d'un autre bord certes mais l'action de l'état se trouverait tout de même fortement condamnée.

Quoi qu'il arrive, d'un bord ou de l'autre voire de tous les côtés, toute action musclée d'un quelconque gouvernement se verra fustigée. L'État fort ne peut qu'être un doux rêve dans un pays profondément divisé où on peut dire le souhaiter mais où son existence révolterait les belles et ultra-sensibles âmes de nos contemporains.