Jardiner est utile et sain. Entre
autres avantages, on y prend de l'exercice, on profite des bienfaits
du soleil, on transforme une nature toujours brouillonne en un espace
agréable à l’œil, et en cas de potager, on bénéficie de
légumes frais et non traités. De plus, en retournant la terre, il
arrive que l'on fasse des trouvailles.
De retour en Normandie, je me
suis immédiatement mis à tondre les espaces herbus (il ne s'agit
pas vraiment de pelouse) à faire une première taille de haies et à
désherber mes petits carrés de potager afin d'y planter des pommes
de terre. Ce faisant, un objet métallique rond et percé en son
centre attira mon regard. Vu qu'il était passablement oxydé, il
était difficile de dire s'il s'agissait d'une monnaie ou d'une
simple rondelle. Je la nettoyai un peu et pus constater qu'il
s'agissait d'une pièce de dix centimes de 1920.
Presque centenaire ! Qui avait
bien pu perdre ces deux sous ? Bien sûr, il ne s'agissait pas
là d'un trésor. Juste un humble témoin d'une perte passée.
Cela me fit penser à d'autres
trouvailles faites dans le jardin de mon ancienne maison comme cette
médaille en aluminium sur laquelle est représentée d'un côté
Notre dame de Lourdes et de l'autre Notre Dame de la Délivrande, les
deux légendes suivies de PPN (priez pour nous). D'une pierre deux
coups ! Qui, avant de la perdre a porté cette modeste
médaille ? Était-elle le pieux souvenir d'un pèlerinage à la
basilique normande ?
Plus inquiétante fut la découverte de
ces deux munitions :
Fusil ? Mitrailleuse ? Trace
de la contre attaque allemande d'août 1944 ? A quelle arme de
quel camp étaient-elles destinées ? Mystère. Intrigué, j'ai
demandé à l'ancien fermier qui occupait les lieux s'il lui était
arrivé de trouver des balles dans son potager. Il m'assura que non.
Je garde ces objets comme autant de
messages anonymes et involontaires venus de personnes probablement
disparues aujourd'hui.