Toute chaîne d'information se doit
semble-t-il d'avoir un talk show où des intervenants d'opinions
diverses ont leur rond de serviette et viennent commenter
l'actualité. L'idée paraît excellente : comment mieux
éclairer la lanterne d'un public qui ne sait pas toujours que penser
de l'actualité et des grands sujets qui agitent une démocratie ?
Sauf que cette actualité et ces grands
sujets sont ceux que choisissent les media et pas nécessairement
ceux qui préoccuperaient vraiment les Français si les media
perdaient l'habitude de faire accoucher des souris de montagnes. Le
péquenot (aussi appelé bobo à ne pas confondre avec le paysan qui,
lui, a de véritables problèmes et peu de temps à consacrer aux
âneries médiatiques) de base s'empresse de se forger une opinion
sur les soi-disant questions qui agitent le monde et finit par leur
donner l'importance que tout « citoyen responsables » est
censé leur accorder.
L'affaire Weinstein et ses conséquences
mondiales en est un excellent exemple. Figurez vous qu'un producteur
avait une légère tendance à proposer, peut-être de manière
musclée, la botte à des actrices en mal de rôle. Quel scoop,
quelle nouveauté! Alphonse Boudard dans son
« roman » Cinoche,
il y a déjà 45 ans, évoquait avec truculence un producteur amateur
de gâteries et friand de starlettes à la condition qu'elles
« soucent perfectionne ».
Et ça n'avait déjà rien de bien nouveau. Je crains que ça ne soit
d'actualité depuis quelques millénaires : les hommes puissants
ont de tout temps eu la faiblesse d'accorder des faveurs à celles
qui leur accordaient les leurs. D'où la propension de certaines à
user et abuser de leur charmes dans l'espoir souvent déçu d'en
obtenir des avantages. C'est une forme de putasserie comme une autre.
Après tout, les lèche-culs qui font la cour à leurs supérieurs
dans l'espoir d'une promotion sont-ils bien différents ?
Donc,
un vilain bonhomme dont, dans le milieu, chacun connaissait les
travers est soudain accusé de tout et du pire. Mais ce n'est qu'un
début. Grâce à l'amplification médiatique, le brave Harvey
devient l'archétype du mâle humain, à savoir un prédateur vicieux
qu'il faut balancer comme le porc qu'il est. Et il y a urgence, ces
crimes ont trop duré ! La planète s'enflamme !
Ainsi
une affaire somme toute banale se voit donner une importance
capitale. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres du montage en
épingle de faits soit sans grande importance, soit d'une banalité
totale quelque soit leur côté blâmable. Ainsi, par suivisme
voit-on se développer des campagnes aussi hystériques qu'inutiles
contre ceci ou cela. Et puis ça se tasse. Rien n'a vraiment changé
sur le fond, mais un clou chasse l'autre, que voulez-vous ?
Du
coup, je trouve de moins en moins d'intérêt à ce qu'on essaie de
me refourguer comme informations ou sujets de réflexion et je vois
de moins en moins à quoi sert de réunir des crânes d’œufs pour
qu'ils dissertent avec un sérieux de chats chiant dans la cendre sur
des thèmes généralement aussi futiles qu'éphémères.