Il y a quelques jours avait lieu
l'épreuve de philosophie du baccalauréat. J'avoue que les sujets me
laissèrent, comme d'habitude plutôt pantois. A part oui, non ou
peut-être, je ne saurais que répondre aux questions posées. Or il
faut disserter. Évoquer le pour, le contre, le dessus, le dessous,
de problèmes que l'on n'a jamais rencontrés dans la vie civile. Ni
ailleurs, vu qu'il n'y a plus de service militaire. Franchement, qui
d'entre vous n'a pu trouver le sommeil, taraudé qu'il ou elle était,
par la question de savoir si une œuvre d'art est nécessairement
belle ou si l'on peut se libérer de sa culture ? J'en suis à
me demander à quoi peut bien servir la philosophie et à me
féliciter d'avoir obtenu mon bac à un âge où la vanité de ces
questionnements ne m'apparaissait pas.
D'après un certain Michel de
Montaigne, « Philosopher c'est apprendre à mourir ».
Admettons. Le gaillard est réputé sérieux. Ne m'intéressant
aucunement au rugby, j'ai abandonné la lecture de ses Essais
d'autant plus vite que l'ouvrage était bourré de fautes
d'orthographe et de mots incompréhensibles.
Mais revenons à nos moutons. Apprendre
à mourir ! Fallait le trouver. Il me semble qu'au même
titre qu'une candidature LREM à la députation si quelque chose ne
demande aucun apprentissage, c'est bien mourir. Tout le monde y
parvient (ce n'est pas le cas pour la candidature LREM). Du
nouveau-né au centenaire. Sans entraînement préalable. Beaucoup de
gens sont trop craintifs pour oser contrarier leur conjoint, leur
belle-mère, leur chef hiérarchique, voire leur animal de compagnie.
Ils s'abstiennent de le faire, trouvent des échappatoires. Pourtant,
jusqu'à preuve du contraire, il ne s'est jamais trouvé qui que ce
soit de suffisamment lâche pour éviter la mort.
Vu qu'apprendre à mourir n'est pas
nécessaire, de deux choses l'une : soit l'ex-maire de Bordeaux,
comme son actuel successeur, disait un peu n'importe quoi, soit il
avait raison et dans ce cas philosopher ne servirait pas à grand
chose.
D'un autre côté, il faut bien
« passer le temps petit qu'il [nous] reste de vivre »
comme disait le bon Aragon.
Aussi, si le bilboquet ne nous passionne qu'à moitié, pourquoi ne philosopherait-on pas ?