Alain Finkielkraut voici un peu plus de deux mois s'en était pris avec mesure aux « humoristes » de France Inter ainsi qu'à certain chroniqueurs de cette même station. En dehors d'un nom difficile à orthographier, il est difficile de trouver des défauts à ce brave Alain. Toutefois, je lui adresserais un léger reproche : celui de faire la différence entre humoristes, chroniqueurs et animateurs de France Inter, Radio de Service (essentiellement) Comique car tous n'ont qu'un but : amuser. Il est même à noter qu'avec leur grossièreté, leurs outrances, leur vulgarité, ce sont souvent les « humoristes » maison qui y parviennent le plus difficilement.
Sur une radio normale, on
vous propose des infos avec les biais d'usage, des talk show, des
chroniques, des variétés. France Inter y ajoute un plus : quel
que soit le sujet, chroniqueurs, présentateurs ou journalistes
parviennent à insérer un grain de ce sel qui relève leur soupe :
une prise de position politique. Cela tient du running gag :
plus que le contenu du commentaire, c'est sa répétition et sa
prédictibilité qui déclenchent le rire.
M. Guetta, plutôt que de
nous ennuyer avec des analyses de politique étrangère qui ennuient
tout le monde comme il est censé être payé pour le faire, préfère
n'évoquer que ses têtes de turcs auxquels il parvient à trouver
chaque matin, un nouveau vice, un dessein plus noir que le précédent.
Avec pour seul stock Poutine, Erdogan, Trump, Assad et quelques
autres malfaisants, il parvient à tenir, jour après jour, semaine
après semaine, mois après mois ! Une année pousse l'autre et
il tient bon. Moi je dis chapeau l'artiste !
Le chroniqueur de
politique intérieure, M. Legrand, est impayable dans son numéro de
pourfendeur de la droite et du FN. Depuis Don Quichotte et ses
moulins, on n'a pas fait mieux.Il lui arrive bien parfois de
critiquer un tout petit peu la gauche, mais on le sent triste de s'y
voir contraint.
Le patron du 7/9, M.
Cohen, est ordinairement inénarrable, seulement c'est quand ses
invités sont du FN ou de ce qu'on appelle, à gauche, la droite
dure, qu'il donne toute sa mesure. On regrette de n'avoir pas
l'image ! J'imagine son visage tordu de (F) haine, la bave
rabique qui noie les commissures de ses lèvres. Un pur moment de
rigolade !
Mais les véritables
sommets du comique sont atteints par M. Nagui et son équipe de bras
cassés. Normalement, un présentateur de variétés, ça se contente
de servir la soupe à ceux qui viennent à l'émission histoire de
vendre quelque chose. Ce qu'il peut bien penser de la Syrie ou du
Botswana, on s'en tamponne. Et c'est là que M. Fam (puisqu'il faut
l'appeler par son nom) se détache du lot : non seulement il
nous confie ses émois mais il pousse les invités à déclarer
qu'ils les partagent. Les pauvres obéissent généralement, mettez
vous à leur place... Il faut bien satisfaire le client !
Dans pratiquement toute
émission, on sent le biais, le parti-pris, la haine de la droite. La
manœuvre est habile car ainsi, en plus des bobos qui gobent leurs
bobards, ils attirent les rieurs que tant d'âneries ravissent.
Personnellement, je crains que sans ma dose quotidienne de délire
convenu, la vie ne me semble bien triste. On s'en veut toujours un
peu de rire à tant de connerie, on se demande si ça n'a pas un côté
indigne, voire cruel. Mais qu'est-ce que ça fait du bien !