M.Valls a prédit qu'une victoire
frontiste pourrait mener à la guerre civile et on est tenté de le
croire car un homme qui a de si belles oreilles ne saurait être un
imbécile. Reste à savoir qui cette guerre verrait s'opposer. Car une bonne guerre civile suppose au
moins deux camps.
Transportons nous en mai 2017. Le soir du deuxième
tour. Comme prévu, Marine Le Pen remporte une victoire très nette.
Que se passe-t-il alors ?
On peut
supposer qu'afin de protester démocratiquement contre le résultat
sorti des urnes, des millions de citoyens battent le pavé parisien
en clamant bien fort leur haine républicaine du résultat de la
consultation. Comme d'habitude, en fin de manif, des troupes où se
mêlent gauchistes et racailles de banlieue incendient voitures et
bâtiments et se livrent au pillage de magasins. Car comment lutter
plus efficacement contre le fascisme ? Quelques centaines de
trublions incivils sont appréhendés par les forces de l'ordre avant
d'être bien vite relâchés. La routine, quoi...
Les législatives qui suivent apportent
une confortable majorité à la présidente, d'autant plus
confortable que les émeutes auront efficacement ravagé un maximum
de centres urbains. Au vu des résultats, re-manifs, re-émeutes,
re- « répression », re-exaspération des braves
gens et puis retour à la normale parce qu'on se lasse de tout même
de saccager les centres-villes.
Car au scénario catastrophe de notre
cher et avisé premier ministre (n'oublions jamais qu'il porte une
cravate!) il manque quelques ingrédients, ne serait-ce que
l'existence de ces milices para-militaires qui d'un côté comme de
l'autre connurent leurs beaux jours dans les années trente. Une
armée nombreuse et farouchement opposée au nouveau gouvernement
fait aussi cruellement défaut. De plus, la population compte de
moins en moins de membres aguerris voire simplement entraînés au
maniement des armes du fait de la récente absence de bonnes et
sanglantes guerres et de la suppression de la conscription. De plus,
quand on a le choix entre regarder Cyril Hanouna ou un bon match de
baballe et aller risquer sa vie dans un combat douteux, on a tendance
à hésiter surtout les frisquets jours de pluie...
Je crains que M. Valls, aussi étonnant
que ça puisse être de la part d'un homme en complet-veston, ne se
mette le doigt dans l’œil jusqu'à l'omoplate. Une guerre civile
c'est bel et bon, mais ça ne réussit vraiment que dans des
circonstances favorables. Un pays où les témoins d'une agression
baissent la tête ou regardent ailleurs n'y est pas prêt. Et puis,
rien n'est moins assuré qu'une victoire de Mme Le Pen.
En fait, je soupçonne M. Valls de ne
pas croire lui-même aux épouvantails qu'il agite sous le nez des
impressionnables gogos. Même si une telle insincérité surprend de
la part d'un homme dont les chaussures sont bien cirées.