J’ai du mal à le comprendre, mais il semblerait que se voir
réélire à la Présidence soit le but quasi-unique de qui est parvenu à s’y
élever. Il ne s’agit aucunement d’être porteur d’un projet, d’un désir de
réformer le pays de façon à ce que les Français soient sinon heureux du moins continuent
de jouir d’une certaine prospérité et d’un minimum de sécurité mais simplement
de continuer à occuper le poste.
Comment expliquer cela ? Goût du pouvoir, des ors du palais
présidentiel ? Plaisir masochiste de se voir traîner dans la boue et hué à
chaque sortie par tout un chacun ?
Mais de quel pouvoir parle-t-on quand, par
démagogie ou pleutrerie, on se voit contraint de revenir sur bien des « décisions »
prises dès que l’on s’aperçoit que l’on a mécontenté telle ou telle frange de l’opinion ? Quand on met tant d’eau dans son vin (si tant
est qu’on ait jamais eu de vin) afin de réunir autour d’un vague projet une
majorité hétéroclite toujours au bord de la rupture ? Pour ce qui est du goût des palais, des
voitures avec chauffeur, des voyages officiels, des visites à l’étranger, des
réceptions, des avions, et de tous les menus avantages qu’offre la fonction, on
peut envisager qu’un être particulièrement futile puisse l’avoir. Mais cela
compense-t-il vraiment le désagrément que ressentirait toute personne normale à
se voir l’objet de tant de haine de la part de ceux pour qui l’on déclare œuvrer ?
A moins, évidemment qu’un désordre mental fasse que vous ne puissiez être
heureux que quand tout journaleux digne de ce nom vous traite d’imbécile, d’incapable,
critique votre allure, votre façon de vous vêtir, expose votre vie personnelle
et que le « peuple » vous vomit et vous contraint afin d’éviter ses
huées à mettre entre vous et lui de plus en plus de distance et de forces de l’ordre ?
Qu’importe au fond ? Une chose est certaine : le
seul but d’un président est d’être réélu et par conséquent il n’a pas besoin d’une
politique mais d’une stratégie. Une politique clairement définie ne saurait que
lui aliéner bien des citoyens, une stratégie vise à lui permettre, aussi
impopulaire et inconsistant soit-il, de conserver sa place, par défaut. Il me
semble, à lire nombre d’articles de presse, que la stratégie présidentielle n’a
jamais été autant à l’ordre du jour. Détruire un opposant potentiel, faire
monter la cote d’une éventuelle concurrente dont on pense l’élection
impossible, réformer le mode de scrutin afin qu’une éventuelle dissolution ou
une élection après un échec à la présidentielle limite la casse chez ses
partisans et rende inévitable la formation d’un gouvernement de coalition,
voilà ce qu’on envisage à longueur de colonnes. N’est-ce pas désolant ? D’un
autre côté, que peut-on attendre de la part d’un président qui n’est arrivé
laborieusement là où il est que suite à une série de hasards et de manigances
internes à son parti ? Candidat par défaut, élu par défaut, comment
pourrait-il rêver d’autre chose que d’une improbable réélection par défaut ?
Et c’est ça le plus désolant : alors que la situation
qu’il a notablement coopéré à détériorer réclamerait un homme d’état qui n’aurait,
sans se préoccuper des conséquences en terme de popularité, pour but que de
réformer le pays afin de le sortir du
marasme où il s’enfonce inéluctablement, nous n’avons qu’un magouilleur dont le
seul dessein est de se succéder à n’importe quel prix. On attribue à la Marquise
de Pompadour la phrase « Après nous le déluge ! » Ne pourrait-on
pas faire de « Après Moi président, Moi président ET le déluge » la
devise de notre cher Hollande ?
Après ça on a le brave culot de nous demander de nous
intéresser à la « politique» !