Tenir blog n’est pas chose aisée. On se demande d’ailleurs
pourquoi notre excellent gouvernement a jusqu’ici négligé d’exiger de qui le
fait une qualification sanctionnée par un diplôme d’état , lequel
comprendrait une épreuve de correction politique permettant de sélectionner les
vrais démocrates et d’écarter les nauséabonds rancis, une autre de
dysorthographie afin de ne retenir que des candidats férus de rebellitude
contre les usages passéistes. Pour l’instant, il n’en est rien et je peux donc continuer
de déconner à plein tube et, ce faisant, de saper les fondements de cette belle
République et du talentueux gouvernement que le monde entier nous envie.
Quoi qu’il en soit, un des plaisirs qu’apporte cette
activité est d’avoir des commentaires. Qui dit commentaires dit commentateurs,
car il n’est d’effets sans causes. Je me suis amusé récemment à comptabiliser sur un mois le nombre de ceux qui me faisaient
le plaisir d’un petit mot. Je suis arrivé à une grosse cinquantaine. Ce qui n’est
pas si mal. Il en est d’hyper-réguliers, de réguliers, d’occasionnels et d’exceptionnels.
Certains disparaissent un temps pour mieux revenir, d’autres se fondent à
jamais dans les limbes du Net, d’autres encore passent au fil du temps d’une
catégorie à l’autre.
Une caractéristique intéressante de ce blog et que j’ai déjà
évoquée est l’absence de trolls. A part, comme ce fut le cas hier, quand un blogueur d’exception me fait l’aumône d’un de ces talentueux
billets dont il a le secret, de trolls point de traces. J’ai beau n’avoir jamais activé
la modération, pas plus de trolls que d’intelligence et de cœur à droite ! Les rares qui viennent s’évaporent comme rosée sous le soleil. J’en suis bien
triste, mais malgré leur générosité naturelle, mes amis de gauche me négligent
et renâclent à soulager le manque cruel que m’inflige leur absence. J’essaierais
bien, comme fait l’honnête homme spirituel
de les traiter de connards et de les envoyer chier mais, hélas, je suis
totalement dénué d’humour. Peut-être est-ce pourquoi je ne suis pas de gauche ?
Je me retrouve donc suivi par des gens qui semblent
grosso-modo partager les honteuses opinions que je professe (notamment sur la
piéride, le campagnol, l’Ukrainien ou le
Mongol). C’est triste pour la France,
mais à quoi bon geindre ? D’ailleurs, j’avoue éprouver, par delà mon juste
chagrin, une certaine délectation pas morose du tout de cet état de fait. Car
ce pourrait être pire… J’ai constaté récemment, chez un grand maître des blogs,
une quasi-disparition des commentaires ! Pourtant, il fait tout pour
retenir ses trolls, les cajole, les bichonne, les chouchoute… en pure perte. Ses « trou du cul », ses « va
chier », ses « connards » ne les retiennent plus. Quant à ceux
qui soutiennent son combat pour ce qui est beau, juste, démocratique etc., ils
ne viennent plus approuver…
Alors je me dis que dans le fond, plutôt que de pleurer le
troll, je ferais mieux de remercier la fidélité de mes commentateurs. Ce que je
fais aujourd’hui.