Je sens que je vais choquer mais l’affaire Cahuzac me laisse
de marbre. Qu’est-ce que ce Cahuzac sinon un médecin ambitieux qui a bien su mener de front ses affaires et une carrière politique ? Gagner du pognon ne lui suffisait pas à moins
que la politique lui ait permis d’en gagner davantage. Ce n’est pas si rare. Après tout nos
politiques, de quelque bord qu’ils soient sont rarement pauvres et toujours
dévorés d’ambition. Sinon ils feraient autre chose. Et plus on monte dans leur
hiérarchie plus cette ambition s’hypertrophie.
Demander à de telles personnes d’être des modèles d’éthique
me semble aussi raisonnable que d’aller
chercher des modèles de chasteté rue Blondel. Ce que je demande à un politicien n’est pas d’être
un enfant de chœur mais de faire de la
bonne politique. Si un d’entre eux arrivait à résoudre les problèmes de la France,
je ne lui en voudrais pas de se récompenser grassement.
Seulement, le bon peuple les voudrait honnêtes jusqu’au
trognon. Plus que lui-même quand on y réfléchit car même au sein du bon peuple
il peut arriver, à un faible niveau, certes, qu’on se livre à de tristes
magouilles, à de petits arrangements avec la probité. Ça s’est vu. Népotisme,
tripatouillages plus ou moins bénins se retrouvent à tous les niveaux de l’échelle
sociale.
Vu qu’on attend d’eux qu’ils soient exemplaires, nos bons
politiciens se sont mis à faire de la probité, du désintéressement, l’alpha et
l’oméga de leur crédo. Seulement, il y a partout des tartuffes qui compensent leur
peu de vertu par un zèle débridé. Et ceci d’autant plus que par démagogie ils
se déclarent proche du peuple. En ce moment, un parti fait de la vertu son cri
de ralliement. Son panache est d’autant plus blanc qu’il reste pour l’instant
éloigné de l’assiette au beurre. Qu’en sera-t-il si un jour il s’en approche ?
Je ne suis pas partisan du « tous pourris ». Je
crois davantage au « tous humains », c'est-à-dire imparfaits et
perméables aux tentations diverses qu’offre le pouvoir. Je crains même qu’un
dirigeant trop vertueux ne soit plus dangereux qu’un moins intègre, c’est
dire.
Cette affaire , si elle en éclabousse beaucoup, a son héros :
M. Edwy Plenel. En voilà un honnête homme ! A quand des foules
enthousiastes défilant au cri d’« Edwy président » ? Et la presse
d’investigation, c’est-y pas une belle
chose ? On s’imagine des
journalistes qui investiguent à tour de bras… Qu’est-ce que tu fais, Edwy ? Ben, j’investigue,
ça se voit pas ? On s’attend à
trouver des gars de Médiapart partout ! On en trouverait un (e) couché (e)
avec sa femme (ou son mari) qu’on ne s’en offusquerait pas : il faut bien
qu’ils investiguent, les pauvres !
J’ai tendance à considérer
que c’est plutôt de presse à scandale politique qu'il s’agit. On
reçoit des infos plus ou moins précises sur le ministre truc ou le président
machin. On creuse un peu, on glane deci delà
quelques ragots, on fait monter la mayonnaise auprès d’un public toujours avide
d’apprendre que leurs dirigeants sont bien pourris. Si ça marche c’est la
gloire, on voit l’agaçant sourire du bel Edwy partout, si ça tourne au flop, ça
s’oublie…
Une telle presse ne peut exister que grâce aux liens qui unissent
presse conventionnelle et gouvernements et au peu d’entrain que police et
justice mettent à enquêter sur les puissants. La nature ayant horreur du vide,
certains journalistes se font une petite gloire en occupant le créneau.
On nous dit que tout ça va mettre la cabane sur le chien !
Heureusement qu’en France on n’a pas d’autres problèmes à régler !