C’est (presque) en ces termes que Philippe le Hardi mit en
garde son père le roi Jean II le Bon lors de la catastrophique défaite de
Poitiers en 1356. Le roi qui n’avait pas voulu fuir le champ de bataille y fut cerné
puis fait prisonnier et ne recouvra la liberté qu’après quatre ans, à
condition de payer une rançon de trois
millions d’écus d’or et d’avoir fait au Roi d’Angleterre Édouard III d’importantes concessions
territoriales. Il mourut huit ans plus tard, laissant un royaume ruiné et
en proie à l’anarchie extrême.
Il semblerait que M. Hollande se trouve dans une situation
comparable au roi Jean sur le champ de bataille. A gauche (je parle de la VRAIE gauche, monsieur !
celle qui propose aux problèmes du XXIe siècle des solutions élaborées au XIXe
et qui ont partout montré leur atroce nocivité au cours du XXe), les amis de M. Mélenchon traitent un de ses
ministres de « salopard » et à droite on sent monter une inquiétante
effervescence.
Que ce grand va-de-la-gueule de Mélenchon et ses amis
communistes se montrent désagréables n’est pas si grave. Après tout, que sont-ils
sinon les affidés des socialistes avec qui ils jouent à « je te tiens, tu
me tiens par la barbichette ». A savoir que sans les quelques pour cent de
voix de ces charmants personnages, les socialistes peuvent dire au revoir à
bien des mairies et des sièges à l’assemblée et que sans une « alliance de
gauche » les communistes et leurs amis n’auraient pratiquement plus d’élus. Même chose avec les verts.
Ce qui me paraît plus préoccupant c’est ce qui se passe à droite.
La manifestation de dimanche a montré une radicalisation. Le président
Hollande et son gouvernement, en
feignant d’ignorer l’ampleur du mouvement contre le « mariage pour tous »
et surtout contre l’adoption, la PMA et la GPA, transforme ce mouvement en une
contestation de sa légitimité. Les plus hargneux en viennent à rêver d’insurrection
et parmi les plus modérés la colère monte et gronde. Or que peut faire M.
Hollande ? Organiser un référendum ?
Avec presque 70 % de mécontents ce serait suicidaire. Retirer le projet ?
Le modifier ? Ce serait donner
raison à la rue de droite qui en demandera plus encore. Il est un peu coincé et
ne fera rien. Si de nouvelles
manifestations ont lieu, elles dégénèreront. Forcément. Il y aura répression. Et ça ne fera qu’empirer
les choses. Tout ça est inquiétant, très
inquiétant.
Je pense qu’en ce moment, M. Hollande doit se dire qu’il
aurait dû éviter de mettre cette 31e proposition dans son programme.
Il aurait peut-être perdu quelques voix
mais cela aurait-il changé les résultats de l’élection ? Sinon, il
aurait pu, comme pour le vote des étrangers, passer la mesure à la trappe. Ça
aurait bien gueulé un peu à sa gauche mais bon, à sa gauche, on gueule toujours
mais on finit toujours par soutenir, c’est une question de gamelle…
Je crains que tout cela ne finisse mal. Je crains qu’un
climat insurrectionnel ne s’installe dans le pays et que le président « normal »
qui voulait « apaiser » la
France ne finisse par mettre celle-ci à feu et à sang à cause de promesses
impossibles à tenir et d’inutiles promesses démagogiques tenues.
J’espère me tromper.