..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 14 juillet 2012

Poseur de soucis, un bien beau métier !




«Il faudra, à l'occasion, nous expliquer comment vous vous y prenez pour “poser un souci”, et où vous le posez. »

Voilà les questions angoissées que posait Didier Goux à MmeRosa pas plus tard qu’hier.  

Puisque ce blog se donne pour but, entre autres, d’édifier les masses et de répondre aux interrogations qui taraudent les consciences modernes, nous allons tenter d’y répondre.

Signalons d’emblée à ceux qui  l’ignoreraient que la pose de soucis est une activité qui a connu ces dernières années un véritable boum. Le poseur de souci  a quasiment réduit à néant l’activité jadis florissante de la pose de problèmes. Nous ne saurions trop vous engager à conseiller à vos enfants cette orientation tant il est vrai qu’un bon poseur aura toujours de l’ouvrage.

Poser un souci est tout un art. Malheureusement comme chaque fois qu’apparaît une nouvelle niche susceptible d’engendrer de gros profits, toutes sortes d’aigrefins se ruent pour les empocher. Ainsi a-t-on vu de nombreux poseurs improvisés vous poser des soucis à la barbare, à la hussarde ou à la va-je-t’en-fous  comme on poserait un vulgaire lapin ! Il est donc essentiel, lorsqu’on attend une pose de qualité de s’adresser à un véritable professionnel pratiquant la pose « à l’ancienne ».  Cette méthode est également nommée « à la Savoyarde » ou  «à la Suisse » car dans ces contrées d’émigration et d’immigration  la pose de soucis est une activité traditionnelle dont les secrets se transmettent  de génération en génération au cours de cérémonies initiatiques  rappelant celles de la franc-maçonnerie ou du compagnonnage. Un véritable poseur ne saurait trahir son secret.  Aussi, n’ayant pas été moi-même initié, je ne puis vous en dire davantage.  Je ne peux que vous mettre en garde contre tout poseur ne justifiant  pas de son appartenance au puissant SNPSA (Syndicat  National de Poseurs de Soucis à l’Ancienne) ou mieux encore à la plus prestigieuse AHSPS(Association Helvético-Savoyarde des Poseurs de Soucis).

Reste la question de l’endroit où faire effectuer cette pose. A la différence du carrelage que l’on pose généralement dans les cuisines ou dans les salles de bains, des Velux qui se posent uniquement sur les toits,  les soucis se posent quasiment partout et à tous les niveaux. Nous ne saurions donc vous conseiller un endroit spécifique où poser les vôtres. Chacun choisit selon ses goûts. Qu’ils soient métaphysiques, sociaux, économiques (ou couteux) on les pose où l’on veut. Profitez donc sans retenue d’un  des rares espaces où la liberté demeure totale.

Nous espérons que ces quelques indications vous auront été utiles et que désormais cette question délicate ne vous posera plus de problèmes.

vendredi 13 juillet 2012

Ces choses-là sont rudes, il faut pour les comprendre avoir fait ses études (3)


Une épreuve de didactique ? C'est nouveau !


Nous approchions de la fin de ce qui aurait pu être mon avant-dernière année d’IPES. Normalement la dernière, mais il avait été prévu par le bon état-providence d’offrir en fonction de leurs notes à 25% des Ipesiens une année supplémentaire afin qu’ils préparassent l’agrégation et en cas d’échec se représentassent au CAPES. Comme nous étions 4, j’aurais été celui là.

C’est alors que j’appris qu’avoir le CAPES équivalait à se retrouver dans le Nord où tout autre endroit si charmant qu’aucun ne voulait s’y rendre. Je ne me voyais pas quitter la Touraine ou même la région Centre. Je m’étais marié, ma femme avait ses attaches dans la région. Me retrouver à Pétaouchnock pour une poignée de dollars de plus me paraissait un plan carrément pourri. Oui, bien sûr, avec le temps je finirais bien par revenir mais tous ces déménagements ne me disaient rien qui vaille. Je préférais donc retourner dans le corps des PEGC.

Autre petit détail : après six ans mon enthousiasme estudiantin commençait pour le moins à s’émousser. Je suis ainsi fait qu’après un emballement plus ou moins durable, tout d’un coup l’objet de ma passion m’apparaît totalement dénué d’intérêt.  Il faut que je passe à autre chose.

Je ne demandai donc pas de quatrième année et allai passer le CAPES avec l’espoir de le rater. Il faut préciser que les Ipesiens étaient, au même titre que les élèves de l’ENS dispensés d’écrit pendant deux années consécutives. L’oral consistait en une épreuve d’Explication de texte et une autre de Langue vivante ou ancienne. Être recalé n’était donc pas évident pour moi. L’épreuve d’anglais se passa si bien que quand je quittai les deux examinatrices elles paraissaient ravies. Heureusement, l’autre épreuve consacrée à un texte de Molière, auteur que j’appréciais et apprécie toujours, fut plus délicate. Le texte choisi me parut d’emblée de ceux sur lesquels il n’y a rien à dire. Et pourtant je suis bavard… Tant bien que mal je fis mon exposé. Les deux membres du jury qui avaient dû prendre des cours de sourire avec Arlette Chabot me reprochèrent de ne pas avoir fait ressortir tout le comique de la scène. Je répondis aux deux rigolotes qu’il ne m’était pas apparu. Lorsqu’une d’elles me demanda comment je ferais pour faire passer l’humour moliéresque auprès de mes futurs élèves, je lui déclarai que je choisirais d’autres textes. Elles avaient l'air mécontentes et me demandèrent, avant que je ne les quitte si j’étais bon en anglais. Avec une certaine morgue, je répondis que j’avais une maîtrise en la matière. Cela dut influencer leur notation. Pas favorablement.

Finalement je fus recalé. Je rejoignis un poste de PEGC. Deux ans plus tard je quittai l’enseignement de manière définitive. Du moins je le pensais. Pour aller vendre des fringues pas chères sur les marchés. J’étais probablement un des camelots les plus diplômés de la place. Comme quoi, hein, les études…

jeudi 12 juillet 2012

Ces choses-là sont rudes, il faut pour les comprendre avoir fait ses études (2)




Me voici donc à Tours, laissant à Londres une fiancée éplorée. Elle allait vite s’en remettre. A mon (plus ou moins) grand dam.  La première année nous suivions quelques cours au centre et devions obtenir la première partie du Deug à la faculté. Ce fut une promenade de santé. Un événement capital se produisit pourtant : cette année-là je rencontrai celle qui devait devenir ma première épouse et la mère de ma fille. L’année suivante, nous devions suivre des cours au centre. Je décidai de terminer mon Deug d’anglais parallèlement. Ça ne demandait pas trop d’efforts et j’avais commencé de prendre goût aux études. Des velléités d’ambition pointaient en moi.

A la fin de l’année, je décidai de me présenter au concours des IPES d’anglais. Les IPES étaient une facilité qu’un gouvernement généreux offrait aux étudiants méritants : suite à un concours, il offrait un salaire aux lauréats afin de terminer leur licence puis de préparer un an durant le concours du CAPES.  Hélas, nous étions en 1976 et la générosité se faisait, suite à la crise, languissante.  Il n’y avait que 4 postes pour toute l’académie. J’arrivai  5e. Premier sur la liste supplémentaire. Autant dire recalé, vu qu’aucun des reçus n’eut la bonne idée d’intégrer l’ENS ou de décéder pendant l’été. J’étais vexé comme tout.  Dégoûté, je décidai de tenter ma chance en Lettres Modernes l’année suivante.

La troisième année fut très active. Au centre c’était la formation pratique avec stages et tout. J’entrai en Licence d’Anglais et en 1ere année de Deug de Lettres Modernes à l’université. Trois années à mener de front. J’avais attrapé le virus. De plus, je voulais voir ce que je pouvais obtenir comme résultat en me donnant à fond. Jusque là j’avais fait dans la facilité : aucun effort et résultats médiocres. Les études supérieures me stimulaient. Je voulais réussir brillamment.

Le résultat fut un sans faute : Diplôme de PEGC, Licence d’anglais, titulaire de la première partie du DEUG et, cerise sur le gâteau, reçu premier aux IPES de Lettres. C’était la seule chose qui m’importait vu que cela me permettait de rester trois ans de plus à Tours auprès de la belle de mes pensées.

J’entamai donc des  études de Lettres. Je m’y jetai avec le sens de la mesure qui me caractérise. Durant la deuxième année de Deug, je découvris l’Ancien Français. Allez savoir pourquoi, je me passionnai pour la grammaire historique. J’étais bien le seul. A côté de cela je choisis des UV de linguistique, de phonétique  ou de stylistique. J’étais encore le seul. Les jours d’examens, j’avais du mal à dissuader les filles de venir s’assoir sur mes genoux. Affection intéressée, certes, mais faut pas être trop regardant.  A part ça, je terminai une maîtrise d’anglais consacrée à Erskine Caldwell.

L’année de licence fut tranquille : pour la première fois depuis trois ans je ne poursuivis qu’un lièvre à la fois.  Je continuai l’ancien français, littérature et grammaire, le latin, la stylistique. Je préférais de loin ces sujets un rien ardus mais qui m’évitaient le plaisir mitigé de déposer aux pieds de grands textes des bavassages médiocres.  Je n’y échappais pas totalement, c’eût été impossible, mais m’en tenais aussi loin que possible.

L’année suivante, ce fut la maîtrise consacrée aux « Images de clercs dans le Roman de Renart » et la préparation du CAPES. Et c’est là que, comme on dit avec élégance outre-manche, « la merde frappa le ventilateur ».

mercredi 11 juillet 2012

Ces choses-là sont rudes, il faut pour les comprendre avoir fait ses études (1)





Tu l’as dit Totor, les études, y’a rien de tel pour comprendre les choses rudes !  Et pourtant je n’avais pas tellement envie d’en faire. Le lycée m’avait autant ennuyé que le collège lequel n’avait en termes de morosité rien à envier au primaire. Bon an mal an, je passais en classe supérieure. J’avais des facilités. Ça m’avait amené au bac après lequel, suite à une conversation avec Muriel, mon amour du temps, j’avais postulé pour un poste d’instit remplaçant. Le temps du Service National  venu j’avais, grâce aux relations politiques de mon père, obtenu d’aller le faire dans la coopération au Sénégal. Là je rencontrai Susan, qui me donna le goût de l’anglais(e). Rentré un an durant en France, j’y exerçai  à Dreux, aux Chamards dans un collège dont le principal m’accorda son estime. J’y étais en charge de la classe de quatrième Terminale Pratique, voie sans issue pour élèves…   pas très motivés. Un jour  lisant le BOEN (Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale),  j’y appris avec ravissement que dans leur grande sagesse  les ministères français et anglais de l’éducation avaient décidé, afin de favoriser  l’enseignement des langues dans les écoles primaires, d’échanger 100 instituteurs. Mais voilà une occasion inespérée de retrouver la grande Susan, me dis-je in petto. Je fis donc acte de candidature. Celle-ci fut retenue. Me voici donc parti pour un an dans l’East End. Pour la Susan, ce ne fut pas concluant vu qu’au lieu de m’attendre telle Pénélope elle avait obtenu un poste à Venise. Mais comme on dit en Albion, « on n’emmène pas son charbon à Newcastle ». D’autres surent me consoler.  Ne nous égarons pas, là n’est pas la question.

Durant cette année, les vacances étaient l’occasion d’un retour au pays. J’en profitais pour passer voir les copains et copines drouais et rendre une visite de courtoisie à mon  brave homme d’ex-principal. Et c’est là que les choses se compliquèrent.  Lors d’une de ces visites,  l’homme,  animé par le désir de promouvoir mon avancement, me prodigua ses conseils : j’allais rentrer en possédant un niveau d’anglais courant, pourquoi ne demanderais-je pas d’intégrer le Centre de Formation des PEGC à Tours ? Les Professeurs d‘Enseignement Général des Collèges, catégorie aujourd’hui éteinte, étaient,  après trois ans d’études au dit centre, chargés d’enseigner deux matières  aux chères têtes blondes. Bien entendu, les instituteurs ainsi recrutés voyaient leur salaire maintenu durant le cursus. Pour moi, ce serait Français et Anglais.  Séduisant, non ? Tu parles Charles ! Pour ce qui était d’être séduit, je ne l’étais que très moyennement. Pas plus envie de faire des études que d’être prof. Mon statut d’alors me suffisait. Aucune ambition !  Pas question de faire cette demande.

Mon peu d’enthousiasme fut remarqué par le chef d’établissement. Voulant mon bien, il prit les choses en main. Quelques jours après mon retour, j’eus la surprise de recevoir à Londres un sien courrier (nous correspondions)  plutôt volumineux : il contenait un dossier d’inscription  au centre de Tours qu’il me disait se charger personnellement  de faire aboutir. J’étais coincé. Comment dire à qui se donne la peine de vous aider que son assistance tombe à plat ? Je remplis le dossier et le lui renvoyai. Ça marcha.

Je me croyais parti pour 3 ans de Touraine. Innocent que j’étais !  En fait, cette période d’études allait durer 6 ans. Aux frais de la princesse…