Tu l’as dit Totor, les études, y’a rien de tel pour comprendre
les choses rudes ! Et pourtant je n’avais
pas tellement envie d’en faire. Le lycée m’avait autant ennuyé que le collège
lequel n’avait en termes de morosité rien à envier au primaire. Bon an mal an,
je passais en classe supérieure. J’avais des facilités. Ça m’avait amené au bac
après lequel, suite à une conversation avec Muriel, mon amour du temps, j’avais
postulé pour un poste d’instit remplaçant. Le temps du Service National venu j’avais, grâce aux relations politiques
de mon père, obtenu d’aller le faire dans la coopération au Sénégal. Là je
rencontrai Susan, qui me donna le goût de l’anglais(e). Rentré un an durant en France,
j’y exerçai à Dreux, aux Chamards dans
un collège dont le principal m’accorda son estime. J’y étais en charge de la
classe de quatrième Terminale Pratique, voie sans issue pour élèves… pas très motivés. Un jour lisant le BOEN (Bulletin Officiel de l’Éducation
Nationale), j’y appris avec ravissement
que dans leur grande sagesse les
ministères français et anglais de l’éducation avaient décidé, afin de
favoriser l’enseignement des langues
dans les écoles primaires, d’échanger 100 instituteurs. Mais voilà une occasion
inespérée de retrouver la grande Susan, me dis-je in petto. Je fis donc acte de
candidature. Celle-ci fut retenue. Me voici donc parti pour un an dans l’East
End. Pour la Susan, ce ne fut pas concluant vu qu’au lieu de m’attendre telle
Pénélope elle avait obtenu un poste à Venise. Mais comme on dit en Albion, « on
n’emmène pas son charbon à Newcastle ». D’autres surent me consoler. Ne nous égarons pas, là n’est pas la
question.
Durant cette année, les vacances étaient l’occasion d’un
retour au pays. J’en profitais pour passer voir les copains et copines drouais
et rendre une visite de courtoisie à mon brave homme d’ex-principal. Et c’est là que
les choses se compliquèrent. Lors d’une de
ces visites, l’homme, animé par le désir de promouvoir
mon avancement, me prodigua ses conseils : j’allais rentrer en possédant
un niveau d’anglais courant, pourquoi ne demanderais-je pas d’intégrer le
Centre de Formation des PEGC à Tours ? Les Professeurs d‘Enseignement Général
des Collèges, catégorie aujourd’hui éteinte, étaient, après trois ans d’études au dit centre,
chargés d’enseigner deux matières aux
chères têtes blondes. Bien entendu, les instituteurs ainsi recrutés voyaient
leur salaire maintenu durant le cursus. Pour moi, ce serait Français et
Anglais. Séduisant, non ? Tu parles
Charles ! Pour ce qui était d’être séduit, je ne l’étais que très
moyennement. Pas plus envie de faire des études que d’être prof. Mon statut d’alors
me suffisait. Aucune ambition ! Pas
question de faire cette demande.
Mon peu d’enthousiasme fut remarqué par le chef d’établissement.
Voulant mon bien, il prit les choses en main. Quelques jours après mon retour,
j’eus la surprise de recevoir à Londres un sien courrier (nous correspondions) plutôt volumineux : il contenait un
dossier d’inscription au centre de Tours
qu’il me disait se charger personnellement de faire aboutir. J’étais coincé. Comment dire
à qui se donne la peine de vous aider que son assistance tombe à plat ? Je
remplis le dossier et le lui renvoyai. Ça marcha.
Je me croyais parti pour 3 ans de Touraine. Innocent que
j’étais ! En fait, cette période d’études
allait durer 6 ans. Aux frais de la princesse…