Question délicate et que n'ont pas
manqué de se poser, à un moment ou à un autre ceux qui l'ont
fréquenté ainsi que les lecteurs de la magistrale biographie que
Jacques-Marie Étienne-Le Fustec. publia de lui aux Presses
Universitaires de Romorantin-Lantenay en 1987 (ouvrage, hélas
épuisé, comme l'est son auteur).
En effet, comment concevoir que le
parfait homme du monde qui se vit bannir des boxons de Tamanrasset,
de Saïgon, de Shanghaï et de bien d'autres lieux pour conduite
inconvenante, qui écrivit des pages si licencieuses qu'on refusait
de les entreposer dans un coffre-fort dont on aurait détruit les
clés dans les enfers des bibliothèques les plus libertines, à
cause duquel Charles Bukowsi menaça de casser les dents d'un
journaliste qui l'avait comparé à RTLS, ait également été le
rustre dont les bons mots amenaient un fin sourire aux lèvres des
hôtes du salon de la duchesse de Merguantes, le triste sagouin dont
les Élégies aux saintes de jadis devint le livre de chevet
des nonnes cloîtrées, l'être répugnant qui fit don de la plupart
de ses droits d'auteur aux œuvres de bienfaisance ?
Comment s'expliquer en effet de tels
écarts ? Ne relèveraient-ils pas de cette maladie nommée
schizophrénie et dont le regrettable Robert Louis Stevenson donna
une description caricaturale dans L'Étrange Cas du docteur
Jekill et de Mr Hyde ? Peut-on parler d'un Dr
Robert-Tugdual et d'un Mr Le Squirniec ? A mon sens, la réponse
est bien évidemment non. Ne serait-ce que parce que j'ai du mal à
accorder le moindre crédit à un homme qui part en vacances dans les
Cévennes en compagnie d'une ânesse. Et surtout parce que l'homme de
génie partage avec le commun des mortels le besoin d'un repos.
Ingres avait son violon, Rodin sa Camille, il arrivait que Verlaine,
époux modèle, rimbaldise, bref, même si on est des bêtes, il faut
de temps à autre savoir poser le collier.
En fait, Robert-Tugdual, exténué
qu'il était par l'écriture de nouveaux couplets des Filles de
Camaret composait pour se délasser un oratorio ou une messe,
après avoir sué sang et eau sur Fous-la moi toute, grand fou !
Retrouvait le sourire en écrivant un traité d'esthétique, se
remettait de ses prouesses dans les bobinards exotiques en initiant
les jeunes filles de l'aristocratie aux finesses du menuet. Ça peut
paraître choquant à certains mais , au fond, quoi de plus naturel,
de plus sain ?
Les apparentes incohérences
comportementales du grand homme ne sauraient donc que nous le rendre
plus proche, plus humain et donc plus admirable encore.
A se demander si cette autre chanson qui commençait par un solo, véritable sommet de la poésie amoureuse :
RépondreSupprimer"Oh mon berger fidèle,
Viens t'en reposer sur mon cœur.
A ma voix qui t'appelle
Viens t'en me donner du bonheur !"
A quoi répondait un chœur très pragmatique, dirait-on de nos jours :
"Ah, fous-lui donc ta pine dans'l cul
Et qu'on en finisse,
Ah, fous-lui donc ta pine dans'l cul
Et qu'on n'en parle plus !"
A se demander donc, si cette chanson ne serait pas aussi de votre "philosophe breton" ?
Plus que "pragmatique", comme semble t'il un nain magyar l'aurait récemment affirmé à propos d'Honoré de Balzac : "ça pulse !" ...
Supprimer@ Mildred : Il en eût été capable, le bougre !
SupprimerCe Monsieur Le Squirniec est-il parent de Monsieur Le Trouadec qui, nous l'apprit Jules Romains, fut saisi par la débauche?
RépondreSupprimerNon. Contrairement à une rumeur répandue, tous les Bretons ne sont pas cousins.
SupprimerÉtait il l'auteur de cette chanson "La femme du vidangeur" certes peu connue mais qui ferait passer " les filles de Camaret " pour une bluette de rosière.
RépondreSupprimerS'en branlant du chef ou opinant du chef, comme indubitablement aurait-pu l'écrire Dudulle, permettez-moi de penser au "Pornographe" de Georges Brassens (titre phare de l'album éponyme de 1958 et non pas de 1969 ...) :
RépondreSupprimer"Autrefois, quand j'étais marmot
J'avais la phobie des gros mots
Et si j'pensais " merde " tout bas
Je ne le disais pas
Mais
Aujourd'hui que mon gagne-pain
C'est d'parler comme un turlupin
Je n'pense plus " merde ", pardi
Mais je le dis
J'suis l'pornographe
Du phonographe
Le polisson
De la chanson
Afin d'amuser la galerie
Je crache des gauloiseries
Des pleines bouches de mots crus
Tout à fait incongrus
Mais
En m'retrouvant seul sous mon toit
Dans ma psyché j'me montre au doigt
Et m'crie: " Va t'faire, homme incorrect
Voir par les Grecs "
J'suis l'pornographe
Du phonographe
Le polisson
De la chanson
Tous les samedis j'vais à confesse
M'accuser d'avoir parlé de fesses
Et j'promets ferme au marabout
De les mettre tabou
Mais
Craignant, si je n'en parle plus
D'finir à l'Armée du Salut
Je remets bientôt sur le tapis
Les fesses impies
J'suis l'pornographe
Du phonographe
Le polisson
De la chanson
Ma femme est, soit dit en passant
D'un naturel concupiscent
Qui l'incite à se coucher nue
Sous le premier venu
Mais
M'est-il permis, soyons sincères
D'en parler au café-concert
Sans dire qu'elle a, suraigu
Le feu au cul ?
J'suis l'pornographe
Du phonographe
Le polisson
De la chanson
J'aurais sans doute du bonheur
Et peut-être la Croix d'Honneur
A chanter avec décorum
L'amour qui mène à Rome
Mais
Mon ange m'a dit : " Turlututu
Chanter l'amour t'est défendu
S'il n'éclôt pas sur le destin
D'une putain "
J'suis l'pornographe
Du phonographe
Le polisson
De la chanson
Et quand j'entonne, guilleret
A un patron de cabaret
Une adorable bucolique
Il est mélancolique
Et
Me dit, la voix noyée de pleurs
" S'il vous plaît de chanter les fleurs
Qu'elles poussent au moins rue Blondel
Dans un bordel "
J'suis l'pornographe
Du phonographe
Le polisson
De la chanson
Chaque soir avant le dîner
A mon balcon mettant le nez
Je contemple les bonnes gens
Dans le soleil couchant
Mais
N'me d'mandez pas d'chanter ça, si
Vous redoutez d'entendre ici
Que j'aime à voir, de mon balcon
Passer les cons
J'suis l'pornographe
Du phonographe
Le polisson
De la chanson
Les bonnes âmes d'ici bas
Comptent ferme qu'à mon trépas
Satan va venir embrocher
Ce mort mal embouché
Mais
Mais veuille le grand manitou
Pour qui le mot n'est rien du tout
Admettre en sa Jérusalem
A l'heure blême
Le pornographe
Du phonographe
Le polisson
De la chanson"
Ce Brassens, tout de même !
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