Tu viens de nous jouer un bien mauvais tour,Didier ! Sans y croire, j’écris comme si tu pouvais me lire. Pourtant depuis deux jours que m’est arrivé ce message, tu es présent dans mes pensées.
Il venait de Nicole. Vu que nous ne communiquons plus depuis quelques mois, je fus d’abord étonné. Sur Whatsap, il apparaissait comme ci-dessus. De quoi me parle-t-elle ? Qui est ce Didier ? Un de ses nombreux ex-beaux-frères ? En quoi cela pourrait-il m’intéresser ? Peu après un message d’accompagnement arrivait : il m’expliquait qu’il venait de Catherine. J’en fus comme sonné. Le Didier en question, ne pouvait qu’être toi.
Ton journal de mars m’avait inquiété. J’avais rédigé un commentaire mais il me fut signalé que suite à un incident technique celui-ci ne pouvait être publié. L’absence du moindre billet en avril m’avait fait songer à t’envoyer un mail pour m’enquérir des résultat de la biopsie que tu mentionnais. Mon inquiétude était pourtant plutôt légère. Après tout, le cancer, tu connaissais, tu t’étais sorti de celui du rein ; quand aux problèmes cardiaques jusqu’à récemment tu t’en étais bien tiré. Je me plais à répéter que le pire n’est jamais garanti. Garanti, non. Mais il arrive hélas qu’il se produise…
Même si dans la « vraie vie » nous ne nous sommes rencontrés que trois fois, j’avais pour toi de l’amitié, de l’estime aussi. Le masque d’ours sous lequel tu te plaisais à dissimuler ta cordialité, ta gentillesse et ta sensibilité ne me trompa jamais. J’appréciais également ton style, sa pureté, son humour. Il arrivait pourtant que tu me gonfles grave avec ton Marcel (pas le tricot de corps, le Proust), ton purisme était parfois tatillon (une erreur que tout le monde fait devient, selon moi, la règle). Mais bon, qui n’a pas ses petits défauts ? On les pardonne au talent.
Comme tes douze disciples (ta modestie te faisait sous-estimer le lectorat de ton journal) le premier de chaque mois je serai désormais privé d’un petit bonheur. Le chant des mésanges du Plessis -Hébert se teintera d’une nuance de tristesse. Tes chats et ton chien regretteront tes caresses. De son siège de Berlin, M. Momox ne comprendra pas pourquoi ses ventes en France se sont soudain effondrées. La foi de Catherine l’aidera, je l’espère, à supporter ton irremplaçable perte.
S’il existe une autre vie, j’espère t’y retrouver de temps en temps pour vider, comme tu disais quelques flacons en parlant de tout et de rien. Salut l’ami !
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