..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 21 mars 2018

Le bonheur, qu'est-ce que c'est ?

« Madame ?
Le bonheur ça n'est pas grand-chose
Madame ?
C'est du chagrin qui se repose
Alors
Il ne faut pas le réveiller
Le bonheur...
QU'EST-C'QUE C'EST ?
 »

Ainsi se termine la chanson « Le bonheur » de Léo Ferré. Je serais tenté d'approuver. Même si les mots « bonheur » et « malheur » me paraissent excessifs et que je leur préfère les termes « bien être » et « mal être », plus modestes. Ce côté absolu du vocable « malheur » fut souligné par Romain Gary dans L'angoisse du Roi Salomon : « La pire chose qui puisse arriver à un malheur, c'est d'être sans importance ». En va-t-il de même pour son opposé ? Je crois que non. Être sans importance ne retire rien à l'agrément qu'on retire d'un petit bonheur (ou moment de bien être). Lequel peut naître, justement, de la dissipation d'un petit malheur.

J'en veux pour exemple une expérience sans importance capitale que j'ai vécue ces derniers jours. Alors que je m'apprêtais à descendre au bourg voisin acheter quelque article de plomberie, j'eus la curiosité d'aller jeter un coup d’œil à ma boite à lettres histoire de voir si la CNP me donnait signe de vie. M'étant vu refuser toute assurance aux niveaux 1 et 2 de la convention AERAS censée offrir une seconde chance aux emprunteurs présentant comme moi un « risque aggravé de santé », j'attendais qu'au niveau ultime me fut enfin accordé un contrat. Ce n'est pas un mais deux courriers qui m'attendaient. Les ouvrant, je constatai qu'ils disaient à peu près la même chose : je n'étais pas assurable. Je n'en fis pas un fromage et descendis au village faisant étape à ma banque pour prendre rendez-vous afin de voir quelles solutions alternatives me seraient proposées. Cela fait, j'allai acquérir la pièce qui me faisait défaut puis, vu le bas niveau de carburant de mon véhicule, passai par la station service avant de regagner sans histoire mes pénates.

Le lendemain, afin d'aller rencontrer ma banquière, je tournai la clé de contact et, à ma grande surprise mon cher break refusa de démarrer. J'insistai. Le moteur finit par tourner un peu avant de s'arrêter dans un festival d'inquiétants cliquetis. Je récidivai et, après quelques essais, il accepta de tourner en faisant un bruit de casserole. J'accélérai mais, dès son retour au ralenti, l'horrible bruit recommença. Je descendis de voiture pour aller voir ce qui se passait sous le capot et m'aperçus qu'une épaisse fumée sortait de l'échappement. Je m'empressai de couper le contact et en même temps réalisai la raison de mes ennuis : pris que j'étais dans mes préoccupations immobilières, à la station service j'avais machinalement pris du SP 95 au lieu du Diesel ! Car sur la vingtaine de voitures que j'ai possédées en bientôt 50 ans, seule une avait auparavant utilisé ce carburant.

J'appelai l'assistance, un camion avec plateau vint chercher mon véhicule pour le mener à un garage qui, débordé de travail m'assura ne pas pouvoir s'en occuper avant lundi. Ainsi commencèrent trois jours d'angoisse. M'étant rendu sur des forums afin de voir les conséquences que pourrait avoir ma distraction, comme c'est toujours le cas sur le Net, je trouvai des avis différents. Pour certains ce n'était rien, on vidangeait le réservoir, changeait le filtre à gazole et ça repartait comme en quarante. Selon d'autres les conséquence étaient catastrophiques : injecteurs foutus, moteur cassé étaient à attendre. Mon pessimisme naturel me poussant à envisager le pire, je me vis sans véhicule pendant un temps indéterminé ou, pourquoi pas, contraint d'en changer. Perspective à la fois coûteuse et attristante car, pour une raison que j'ignore, je m'étais attaché à ce break.

Le lundi après-midi le garage m'annonça que ma voiture était prête et qu'elle tournait. Je m'en sentis tout guilleret. Seul ombre à mon bonheur : combien allait me coûter l'incident. Quand la secrétaire me tendit la facture et que je vis qu'on ne me réclamait que 175 €, l'ombre se dissipa et j'en sentis un tel bien-être que l'employée, le lisant sur mon visage, en fut un rien décontenancée, les clients ayant plutôt tendance à trouver les factures exagérées qu'à se réjouir de leur montant.

C'est tout content que je regagnai les collines. Comme quoi, même si « c'est du chagrin qui se repose », le bonheur tient à peu de chose.

mardi 20 mars 2018

Au secours !

ILS veulent notre peau ! ILS sont puissants et quand ILS n'en ont pas pas individuellement, ils tirent leur pouvoir de leur nombre ! Leur but ? Nous tuer . Toi, moi, vous, nous ! ILS ne portent pas d'armes sur eux, leurs « armes » sont insidieuses autant que létales. ILS sont partout, ILS nous cernent, ILS nous auront !

Vous me croyez paranoïaque ? Vivriez-vous sur Mars ? Moi, je vis sur la Terre, cette pauvre planète qu'ILS vont détruire ! Et je m'informe, j'apprends, je constate. Je ne saurais tous les dénoncer tant est grand leur nombre. Je n'en citerai que quelques exemples présentés sans tenir compte de leur nocivité respective car établir une gradation dans le crime et l'horreur n'a pas de sens.

Nous commencerons par les agriculteurs. Apparemment, leur mission est de nourrir les hommes. Mais leur but véritable est tout autre : aidés par l'industrie chimique et relayés par les trusts de l'agro-alimentaire ils ont pour seul dessein de nous empoisonner. Oh, ça peut prendre du temps, des décennies généralement mais leurs produits bourrés de pesticides et d'autres poisons finissent toujours par nous tuer. Ça prend, en moyenne quatre-vingts ans mais ils ont le temps : seul le résultat compte.

Il y a les automobilistes aussi. Ils rejettent, grâce aux produits que leur fournissent les criminels du secteur pétrolier, tout plein de CO2 et de particules fines qui non seulement nous niquent les poumons mais créent tout autour de la planète une couche de gaz à effet de serre qui contraint les ours blancs à s'équiper de parasols et de ventilateurs pour survivre sur une banquise menacée.

Les producteurs d'électricité ne valent pas mieux : quelle que soit son origine, l’électricité électrocute, mais ce n'est là qu'épiphénomène. Le nucléaire, c'est non seulement des cataclysmes atomiques garantis mais aussi des déchets qui prendront des centaines de millions d'années pour s'assagir. Comment dormir tranquille sous une telle menace ? Ne parlons pas des centrales à carburants fossiles qui aident les automobilistes à mener à bien leur plan criminel. Éoliennes et solaire, en défigurant les paysages, poussent les esthètes au suicide. Les barrages noient de jadis riantes vallées. Tous les moyens leur sont bons pour nous tuer et nuire à la planète.

Plus hypocrite encore que ceux qui sont censés nous alimenter ou faciliter notre vie, l'industrie pharmaceutique prétend sauver des vies menacées par la maladie. Tu parles, Charles ! Elle n'a d'autre fin que de nous empoisonner. C'est tellement vrai que l’embryon de conscience qui lui reste la pousse à inscrire sur ses notices la liste interminable des effets secondaires catastrophiques que provoquent ses poisons.

Les exploitations minières parviennent encore mieux que les éoliennes à dénaturer nos paysages. De plus elles polluent notre eau et fournissent à nos autres ennemis les matières premières dont ils ont besoin pour mener à bien leur œuvre de mort.

Certains esprits forts me rétorqueront que malgré EUX, en moins de 60 ans, la population de la planète est passée de 3 milliards à 7 milliards et demi. Pauvres andouilles ! Ne voient-ils pas que cet apparent « progrès » n'a pour but que d'offrir à ces monstres davantage de victimes pour l'holocauste qu'ils méditent ?

jeudi 15 mars 2018

Europe

J'ai été très en faveur de l'Union Européenne. J'ai même, en voyant mes diplômes et qualifications reconnues au Royaume-Uni pensé bénéficier des nouvelles possibilités qu'elle offrait. Et puis j'ai évolué.

L'idée d'une Europe forte par son union la rendant capable de rivaliser avec les grandes puissances mondiales avait quelque chose de séduisant. Tout cela est bel et bon mais pour ce faire, encore faudrait-il que ses membres soient unis et qu'elle parle d'une seule voix, qu'elle devienne un État fédéral disposant d'une armée, d'une diplomatie et d'une économie unifiées. Et c'est là que le bât blesse.

En effet, s'il est comme dans le cas des États-Unis d'Amérique possible de plus ou moins unifier des populations de déracinés tout en laissant, vue la taille du pays, une certaine autonomie aux États qui composent la fédération, c'est une toute autre paire de manches que d'unifier des nations plongeant leurs racines dans des cultures, des histoires, des organisations économiques différentes et parfois hostiles les une aux autres. Car on ne balaie pas d'un revers de main l'empreinte laissée par des siècles et des siècles de traditions. Un Sicilien n'est pas un Suédois. Pour faire des deux des Européens, il faudrait qu'ils renoncent à leur culture pour en adopter une commune dont on ne sait pas trop de quoi elle serait faite. Pour faire simple, l'Europe unie suppose la disparition des peuples qui la composent. Les différents peuples de l'Europe y sont-ils prêts ? J'en doute et ce n'est pas le renouveau des nationalismes que l'on peut constater dans bien des pays qui me fera y croire.

On pourra me rétorquer que les nations dont je parle se sont souvent constituées et unies à partir de peuples différents. Mais ce fut le résultat de siècles de centralisation progressive et au prix de la quasi-disparition des coutumes et langues régionales remplacées par un simple folklore. Lorsque l'assimilation n'a été que partielle, on assiste comme en Espagne avec la Catalogne et le Pays Basque ou en France avec la Corse a des tendances autonomistes ou indépendantistes plus ou moins prononcées voire violentes. L'idée d'une Europe politique, si elle est relativement ancienne, risque donc de prendre longtemps avant de se concrétiser si jamais elle y parvient.

En admettant qu'elle y parvienne, on peut se demander à elle serait utile. Notre continent vieillissant, en pleine débâcle démographique, sera-t-il, même uni, de taille à affronter les géants de demain (et déjà d'aujourd'hui) que sont la Chine ou l'Inde ? On peut en douter tant aux niveaux économique, politique ou militaire. Si le but est de former une Europe-puissance, il est à craindre que ce soit un échec.

Je ne vois donc pas bien l'intérêt que peut présenter une Union Européenne surtout que l'Europe présente déjà l'avantage d'exister à travers des fondamentaux culturels. Les pays européens, hormis l'Albanie, sont de culture chrétienne. Ils partagent un niveau culturel et économique sinon identique du moins comparable. Ils entretiennent depuis des siècles des relations même si celles-ci ont souvent été conflictuelles. Les échanges économiques y sont intenses. Plutôt que de bricoler une usine à gaz institutionnelle ne satisfaisant personne, ne serait-il pas préférable que s'établissent des accords d'État à État permettant, sous certaines conditions et en fonction des partenaires la libre circulation des biens comme des personnes, la reconnaissance des équivalences de diplômes, etc. ? Plus qu'une Union, ne serait-il pas préférable que s'établisse une Coopération européenne, chaque état continuant de légiférer, dans le meilleur des cas, en fonction des intérêts, des besoins et des aspirations de son peuple lequel pourrait ainsi conserver son identité ?

mardi 13 mars 2018

Lassitude

Toute chaîne d'information se doit semble-t-il d'avoir un talk show où des intervenants d'opinions diverses ont leur rond de serviette et viennent commenter l'actualité. L'idée paraît excellente : comment mieux éclairer la lanterne d'un public qui ne sait pas toujours que penser de l'actualité et des grands sujets qui agitent une démocratie ?

Sauf que cette actualité et ces grands sujets sont ceux que choisissent les media et pas nécessairement ceux qui préoccuperaient vraiment les Français si les media perdaient l'habitude de faire accoucher des souris de montagnes. Le péquenot (aussi appelé bobo à ne pas confondre avec le paysan qui, lui, a de véritables problèmes et peu de temps à consacrer aux âneries médiatiques) de base s'empresse de se forger une opinion sur les soi-disant questions qui agitent le monde et finit par leur donner l'importance que tout « citoyen responsables » est censé leur accorder.

L'affaire Weinstein et ses conséquences mondiales en est un excellent exemple. Figurez vous qu'un producteur avait une légère tendance à proposer, peut-être de manière musclée, la botte à des actrices en mal de rôle. Quel scoop, quelle nouveauté! Alphonse Boudard dans son « roman » Cinoche, il y a déjà 45 ans, évoquait avec truculence un producteur amateur de gâteries et friand de starlettes à la condition qu'elles « soucent perfectionne ». Et ça n'avait déjà rien de bien nouveau. Je crains que ça ne soit d'actualité depuis quelques millénaires : les hommes puissants ont de tout temps eu la faiblesse d'accorder des faveurs à celles qui leur accordaient les leurs. D'où la propension de certaines à user et abuser de leur charmes dans l'espoir souvent déçu d'en obtenir des avantages. C'est une forme de putasserie comme une autre. Après tout, les lèche-culs qui font la cour à leurs supérieurs dans l'espoir d'une promotion sont-ils bien différents ?

Donc, un vilain bonhomme dont, dans le milieu, chacun connaissait les travers est soudain accusé de tout et du pire. Mais ce n'est qu'un début. Grâce à l'amplification médiatique, le brave Harvey devient l'archétype du mâle humain, à savoir un prédateur vicieux qu'il faut balancer comme le porc qu'il est. Et il y a urgence, ces crimes ont trop duré ! La planète s'enflamme !

Ainsi une affaire somme toute banale se voit donner une importance capitale. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres du montage en épingle de faits soit sans grande importance, soit d'une banalité totale quelque soit leur côté blâmable. Ainsi, par suivisme voit-on se développer des campagnes aussi hystériques qu'inutiles contre ceci ou cela. Et puis ça se tasse. Rien n'a vraiment changé sur le fond, mais un clou chasse l'autre, que voulez-vous ?

Du coup, je trouve de moins en moins d'intérêt à ce qu'on essaie de me refourguer comme informations ou sujets de réflexion et je vois de moins en moins à quoi sert de réunir des crânes d’œufs pour qu'ils dissertent avec un sérieux de chats chiant dans la cendre sur des thèmes généralement aussi futiles qu'éphémères.

dimanche 11 mars 2018

Voyage au bout de la plomberie

Monsieur M. s'inquiéta hier du temps que pouvait prendre un changement de ballon. Il avait raison : changer un ballon d'eau chaude est une rude tâche. D'abord, il faut démonter l'ancien et avant cela, bien entendu, le vidanger car 150 kg d'eau rendent son extirpation du placard où il réside impossible au quasi-septuagénaire que je suis. Je doute qu'en dehors d'un haltérophile ça ne soit pas plus à la portée de plus jeunes. Une fois la vidange opérée, reste à le débrancher des circuits d'eau et électrique dont il dépend. Si couper un câble n'est pas un problème, démonter les divers raccords est une autre paire de manche. Le consciencieux plombier qui dix-sept ans plus tôt avait mis toute son énergie à installer l'appareil n'avait pas lésiné sur l'étoupe, rendant le démontage pour le moins difficile. J'y parvins cependant et sortis l'animal de sa cage. Il fallait maintenant installer sur le tableau électrique les divers éléments nécessaires à son passage du triphasé au monophasé avant de relier le circuit d'arrivée au câble nécessaire à l'alimentation du ballon. Ce fut vite fait :


J'installai également le système d'alimentation en eau. Je m'appliquai à soigner les connexion afin d'éviter toute fuite. L'espoir fait vivre !

Le lendemain, mon aimable, jeune et vigoureux voisin vint m'aider à descendre de l'étage le vieux chauffe-eau et à y monter son remplaçant. L'ancien nous donna du fil à retordre : on ne pleurait pas les matériaux dans le temps. L'autre passa l'escalier sans problème. Il ne restait plus qu'à connecter le tout. Ça se passa plutôt bien. Je remplis donc le chauffe-eau d'eau avant d'ouvrir son circuit électrique. Il fonctionnait, le voyant prenant la belle couleur orange qui convient en temps de chauffe. Seulement, au niveau du raccord d'arrivée d'eau froide je notai, lors du remplissage une mini fuite. Oh, presque rien : en quelques heures peut-être un centilitre mais un centilitre de trop. Je resserrai, mais aussi minime qu'entêtée, la fuite se poursuivit. Je plaçai une assiette sous le bloc de sécurité pour recueillir les gouttes. La fuite était vraiment minable. Ce matin, je constatai que non seulement rien ne fuyait mais que l'eau de l'assiette s'était évaporée ! A croire que la chaleur de l'eau en dilatant le métal stoppait l'écoulement. Je pris une douche, ce qui impliquait que de l'eau froide venant remplacer l'eau chaude utilisée rétracterait le métal. Ce qui se produisit et ranima la fuite, laquelle s'arrêta une fois la chaleur revenue. Une fuite minime, intermittente mais intolérable.

Si dans quelques jours le problème ne se résout pas de lui même (rêvons) il me faudra vidanger le chauffe-eau et réviser les joints. Telles sont les joies de la plomberie. Enfin le résultat n'est pas si mal :



Vue générale



L'objet de mon ressentiment

jeudi 8 mars 2018

Jour de tristesse !

J'étais plutôt de bonne humeur ce matin : une pluie drue tombait d'un ciel plombé, j'avais rendez-vous chez le dentiste, ma nuit avait été agitée, bref tout était réuni pour une journée de rêve. J'allume la télé et qu'ouis-je en premier titre du journal de 8 h  ? Que Jean-Yves Le Drian quittait le PS ! Je crus halluciner ! Machinalement, je portai ma main à l'oreille pour régler mon sonotone. Le problème c'est que je n'ai JAMAIS porté de sonotone ! Craignant d'être victime d'une forme de delirium auditif, je me promis de lever un peu le pied sur le whisky mais force fut de constater que j'avais bien entendu car l'intéressé lui-même apparut à l'écran pour expliquer, la mort dans l’œil, qu'après quarante-quatre ans d'idylle avec ce parti, le temps était venu d'une déchirante rupture !

Je ne m'en remets pas ! Un fait d'une telle importance, qui ne manquera pas d'occuper les unes de la presse internationale et de créer la panique dans les principaux centres boursiers de la planète, ne se produit pas tous les jours car voyons les choses en face : que deviendront le PS et donc la France si cet homme d'exception quitte le navire ? Qui l'y remplacera ? Car ce n'est pas n'importe quel Drian qui s'en va, c'est LE Drian ! L'homme au regard de cocker triste qui vient de se prendre une raclée ! Cette race canine supportera-t-elle le choc ? C'est aussi l'homme dont le charisme éclipse celui de l’huître et de l'amibe réunies !

Avec ce départ, c'est tout un monde qui disparaît. Il y aura désormais l'avant et l'après rupture PS-Le Drian. Bien sûr, le grand homme reste au service de l'État, bien sûr il continuera de mener la politique extérieure de la France avec la même maestria qu'il démontra naguère à la tête de nos glorieuses armées, bien sûr son génie éblouissant ne cessera d'éclairer le monde. Mais quid du PS ?

Un PS sans le Drian, c'est comme une crème glacée sans ketchup, une reine de beauté sans moustache, un marin sans trottinette ! Ce pauvre parti, âme de la France, déjà bien amoindri par les défaites électorales et de lâches désertions pourra-t-il subsister ? Et une France sans PS serait comme une randonnée sans cor au pied, un dimanche sans belle-mère, un enterrement sans bal musette...

Nous vivons un grand deuil.

lundi 5 mars 2018

Il fait jour à midi, vous êtes sûrs ?

Curieusement, il semblerait qu'en Italie une alliance entre l'extrême droite et la droite « traditionnelle » soit possible sans que le pays se retrouve à feu et à sang voire perde à jamais son âme. Le même phénomène extraordinaire se constate en Autriche où, horresco referens, une telle alliance serait même au gouvernement sans que pour autant ait éclaté une sanglante guerre civile. Ce n'est pas en France qu'on verrait, ou simplement envisagerait, pareilles horreurs. Car en France ON SAIT PERDRE ! Et puis, à droite, on écoute religieusement les degauches qui savent ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. La eux-disant extrême droite est le mal incarné, les HLPSDNH aux aguets, prêtes à replonger le pays dans les ténèbres et la barbarie. Le problème est que c'est la gauche qui décide de ce qui est extrême ou pas. Alors qu'à droite, tenir des propos qu'eût tenus sans problème un politicien modéré de décennies pas si lointaines est considéré comme fasciste voire pire, à gauche on ne saurait désapprouver et encore moins condamner quelque parole ou action, si violentes soient-elles, du moment qu'elle s'inscrivent dans la droite ligne du gloubi-boulga qui lui tient lieu d'idéologie.

Admettons qu'un membre de la eux-disant extrême droite déclare qu'il fait jour à midi (ou toute autre évidence). Cette audacieuse position se verrait condamnée par tout ce que la gauche compte de beaux esprits. Et à juste titre, si on considère sa manière particulière d'envisager tout problème. En effet, si le bon peuple tend à croire qu'il fait jour à midi, c'est parce qu'il ne réfléchit pas. Et surtout qu'il généralise outrageusement à partir de constats discutables parce que ne prenant pas en compte TOUTES les données du problème. En effet, si on se trouve en hiver au-delà du cercle polaire, on constate qu'il ne fait pas jour à midi. De même, à l'occasion d'une éclipse solaire totale ayant lieu à midi, et quelque soit l'endroit où l'on se trouve, on se trouve plongé dans les ténèbres. Pour un esprit de gauche, déclarer qu'il fait jour à midi est donc le signe d'une vision partielle, locale et étriquée des choses. Et donc, en aucun cas l'expression d'une quelconque vérité.

En accordant à l'exceptionnel ou au minoritaire autant sinon plus d'importance qu'aux constats généraux, il lui est donc possible de faire passer le loup pour un agneau et réciproquement et cela au nom d'une prétendue connaissance profonde des choses.

Mais revenons à nos alliances. En France, la main sur le cœur, tout dirigeant de droite « traditionnelle »clamera à tous les vents qu'envisager une alliance de toutes les droites est inconcevable. Comment expliquer ce curieux phénomène ? J'avancerai deux hypothèses : d'une part, la droite traditionnelle pense que seule une alliance centriste lui permettra d'accéder au pouvoir. En conséquence, elle accueille dans ses propres rangs des « centristes » penchant fortement à gauche. Du coup son discours s'en ressent : ménager la chèvre et le chou nuit à l'établissement d'une ligne politique claire. D'autre part, en prenant (ou affectant) des attitudes clairement à droite, les politiciens « traditionnels » craignent de voir le FN siphonner leurs voix car on préfère généralement l'original à la copie. Toutefois, M. Sarkozy avait , en 2007, repris au FN son discours et était parvenu à être élu grâce à ses voix avant de mettre en œuvre une toute autre politique. Lorsqu'il a tenté de réitérer cette manœuvre en 2012, des votes lui ont manqué...

A moins de vouloir que notre pays ne reste éternellement aux mains de « modérés » qui le conduisent d'une main molle à l'abîme, il me semble donc souhaitable que les droites s'allient tout en restant fidèles à leur particularités. La porosité des électorats montre que rien ne s'oppose à une telle alliance qui pourrait porter assez rapidement ses fruits si l' « enmêmetempstisme » macronien connaît une débâcle méritée (ce qui semble assez bien parti) affaiblissant durablement le "centrisme" .

lundi 26 février 2018

Plomberie quand tu nous tiens...

Je me suis longtemps absenté de mon blog. Certains trouveront ça impardonnable, la plupart s'en tamponneront le coquillard mais quoi qu'il en soit, j'ai des excuses et des bonnes. Comme je l'ai dit ici, j'ai décidé de quitter mes chères collines pour m'installer au bourg voisin. En homme consciencieux et désireux de ne pas créer d'ennuis à mon prochain (en l'occurrence le prochain occupant de la maison), je me suis mis en tête de remédier aux problèmes d'écoulement de mon évier et du lave-vaisselle, lesquels devenaient de plus en plus préoccupants . Ayant tenté le débouche-évier et la ventouse sans succès je dus m'adresser à un homme de l'art qui grâce à son furet à haute pression réglerait l'affaire en un rien de temps.

Il se déplaça sans attendre, se mit au travail et... ...son outil magique resta coincé dans un angle du circuit. Nous déplaçâmes le lave vaisselle et l'élément qui le jouxtait, il se mit en devoir de découper le placo pour attendre le tuyau et parvint à dégager son furet. Ne pouvant aller plus loin, il m'indiqua que selon lui le problème se trouvait après le coude qui lui interdisait l'accès. La solution : découper le conduit, le nettoyer et le remettre en place après avoir changé les vieux coudes pour de nouveaux permettant le passage d'un furet.

Ce que je fis avant de m'empresser de tester le résultat : ça s'écoulait toujours aussi mal. Je découpai une nouvelle section de tube, la nettoyai, rétablis le circuit et, miracle, l'eau s'écoula bien vite. Même tellement vite que l'inondation de la cuisine ne se fit pas attendre : en collant la deuxième section, j'avais décollé la première ! Je vous passerai les multiples voyages aux magasins de bricolage, les solution qui n'en furent pas et finalement l'obtention d'un résultat plutôt satisfaisant. Grosso modo, je passai trois jours sous le plan de travail et je peux vous le dire : si Dieu avait voulu que je vive dans cet endroit, il m'aurait fait plus souple.

Mais là ne s'arrêtèrent point mes malheurs. Lundi dernier, je reçus un appel de l'agent immobilier chargé de la vente de ladite maison. Il m'annonça la venue le lendemain d'un éventuel acheteur. Je me mis à ranger, fis le menage à fond et attendis le visiteur de pied ferme. La visite se passa très bien jusqu'à ce que l'étrange idée vint à l'agent de faire voir à son client le ballon d'eau chaude que dissimule un placard à lui réservé et que je n'ouvre jamais car la contemplation des chauffe-eaux n'est pas mon passe-temps favori. Et là, surprise : le ballon, comme nous pûmes le constater, s'était récemment mis à fuir. Aucune tache au plafond du rez-de-chaussée ne m'en avait averti. Je m'empressai d'assurer l'éventuel acheteur en lui déclarant qu'il serait réparé, ce que je me mis à faire dès le lendemain. Seulement, quand je tentai de resserrer les joints, il se mit à fuir avec une ardeur accrue. J'essayai de colmater la fuite avec un produit adéquat mais sans succès. C'est alors que mon visiteur vint me rendre une nouvelle visite accompagné d'amis à lui travaillant dans le bâtiment. Dont un plombier. Qui me dit que le ballon était bon pour la casse. Je promis donc de le changer si nous faisions affaire.

Depuis, j'ai dû couper l'eau chaude et ai passé le plus clair de mon temps à chercher un ballon qui entrât dans le placard et qui ne nécessitât pas d'être accroché au mur, la configuration des lieux l'interdisant. J'ai fini par en trouver un qui bien entendu va me coûter une blinde. Pour limiter les dégâts, j'ai décidé de l'installer moi-même. J'ai donc potassé la question et je pense être prêt quand l'appareil arrivera.

Une consolation cependant : séduit par la maison, mon client est repassé samedi avec son jeune fils et m'a annoncé sa décision d'acheter la maison s'il obtenait son crédit. Le rendez-vous étant fixé à demain je devrais donc être fixé d'ici vingt-quatre heures.

mercredi 14 février 2018

Trouillardisons, ça nous rapportera toujours quelque chose...

La vie est une aventure dangereuse qui se termine forcément mal. Ah que voilà un beau truisme ! Tout le monde le sait et évite souvent d'y penser. Seulement, en dehors de l'inéluctable drame final, existent des milliers de malheurs relatifs. Certains, comme les maladies incurables ou gravement incapacitantes sont sans appel. Il en existe par ailleurs toute une gradation allant du ruineux au négligeable. Contre ces derniers existe un remède : l'assurance. Loin de moi l'idée de penser que toute assurance est inutile. J'ai pu constater qu'en cas d'incendie, avoir assuré sa maison est utile. En effet, les dégâts que j'ai subis en cette occasion représentaient une somme plus que rondelette et égale à quelques siècles de cotisations. De même, vues les conséquences possibles d'un accident de la circulation, s'assurer n'est pas un luxe.

Seulement, il est de nombreux cas où l'utilité de s'assurer est plus problématique. Les assureurs ainsi que d'autres professions ont donc intérêt à créer de l'angoisse afin de pouvoir la calmer moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.

Prenons quelques exemples. Vous achetez un lave-linge et, pour une somme dérisoire ou vous propose une extension de garantie. Le fait que la prime soit très faible est en soi un avertissement. On peut penser ce qu'on veut des statistiques mais celles des sociétés d'assurance sont fiables car analysant et tenant à jour une multitude de données. Plus le montant demandé est faible plus la probabilité de la survenue d'un incident est quasi-inexistante. Surtout que l'usure d'un lave-linge est fonction de l'utilisation qu'on en fait. Une famille nombreuse avec des enfants en bas âge fait bien plus de lessives qu'un célibataire. Si la machine est garantie 2 ans, c'est que logiquement l'appareil doit les tenir même en cas d'utilisation intense, si on prolonge la garantie d'autant pour trois fois rien, c'est que les chances de pannes sont bien faibles...

Une célèbre marque s'occupe des pare-brises. Ils réparent ou remplacent. Au moindre petit impact, ils vous conseillent de courir chez eux afin qu'on y injecte la résine miracle qui le rendra comme neuf et vous évitera bien des malheurs. Car qu'il fasse chaud, froid ou doux, que ce soit à cause d'un choc thermique ou d'un cahot, l'irréparable va se produire : le pare-brise va se fendre vous jetant, vous et votre famille, dans des abîmes de désespoir et de misère. Je n'en ai jamais tenu un compte exact, mais des impacts, j'en ai eu et JAMAIS ils n'ont donné naissance à une catastrophique fêlure. D'autre part, cet apparent désastre, s'il se produisait, pourrait être l'occasion de vous retrouver avec un beau pare-brise tout neuf au lieu d'un vieux moins transparent...

La mort est une chose triste en soi. Enfin, je suppose, vu que jusqu'ici je ne l'ai pas personnellement expérimentée. Mais ce qui rendrait cette expérience encore plus douloureuse, ce serait de se retrouver avec des obsèques manquant de fioritures ! On a donc inventé une convention qui vous permet de tout préparer. Grâce à elle, vos héritiers ne se retrouveront pas dans l'ornière, vous aurez une sépulture digne de vous, une cérémonie au petit poil et tout le monde exultera ! Surtout l'assureur qui vous aura fourgué le contrat. Parce qu'avant des héritiers mesquins vous envoyaient ad patres en fosse commune et dans du vulgaire sapin. Mais ça, c'était avant. Aujourd'hui, on peut mourir sans crainte : tout se passera bien.

De manière générale et en tout domaine tout est fait pour que se répande une peur salutaire du moins pour qui y trouve son intérêt : on craint entre autres d'être empoisonné par ses aliments ou l'air que l'on respire. Du coup on est prêt à payer cher pour se mettre à l'abri des innombrables dangers qui nous cernent. C'est bon pour le commerce et ça permet aux gouvernement d' étendre leur emprise sur notre vie quotidienne au nom de notre sécurité et du principe de précaution. Sans compter que pendant qu'on s'occupe de ces menaces on se détourne de problèmes bien plus réels et redoutables.

mardi 13 février 2018

Le million !



Il fallait bien que ça arrive : cette nuit, le compteur de M. Blogger a indiqué que mon modeste blog venait de dépasser le million de pages vues. Ce qui n'est pas rien. Je sais à quel point ce chiffre est sujet à caution : un autre compteur , installé peu après n'en trouve que 700 et quelques mille. Peut-être a-t-il la vue basse et ne voit pas passer certains visiteurs ?

Quoi qu'il en soit, vu que c'est en se basant sur M. Blogger que d'estimés confrères proclament leurs résultats, je me permets d'en faire autant.Un million de pages vues, lues et, j'espère, méditées après plus de six ans d'existence, donc.

Je profite de cette occasion mémorable pour remercier mes lecteurs de leur fidélité. Bien sûr, le rythme des visites, comme celui des publications s'est ralenti ces dernières années. C'est probablement dû à une certaine lassitude des lecteurs de blogs comme de leurs rédacteurs. En ce qui me concerne la baisse de production commencée en 2015 s'explique par le fait qu'en cette année bénie, j'ai fait l'acquisition d'une maison dont la rénovation me prend beaucoup de temps. D'autre part, trouver un sujet original et si possible amusant tous les jours ne va pas de soi. De plus, les résultats des élections de l'an passé ont quasiment tari le peu d'enthousiasme que je trouvais à commenter la politique. Au rythme actuel, il faudrait donc attendre une bonne dizaine d'année pour atteindre le deuxième million ! Je crains donc que ni vous ni moi n'ayons la patience d'y parvenir. Surtout qu'aux environs de 2030 je risque fort, vu ma piètre hygiène de vie et le réchauffement climatique d'être occupé à manger les bananiers par la racine !

vendredi 9 février 2018

En même temps...

Le 20 juin 1723, un incendie commença de ravager la bonne ville de Châteaudun : des enfants, jouant dans un grenier empli de foin avec des bougies furent à l'origine du sinistre*.Les maisons étant alors généralement de bois et de paille et le vent aidant, en quelques heures il ne resta plus grand chose de 900 des foyers de la ville et d'une de ses églises. Les moines de l'abbaye de la Madeleine en ordonnant que soient abattues les maisons entourant leur monastère avant que le brasier ne les atteigne créèrent un espace permettant de circonscrire le feu. Un orage salutaire finit d'éteindre le foyer. Comme quoi, plutôt que tergiverser, il est nécessaire quand les circonstances sont grave de trancher.

Quel rapport me direz-vous avec le titre de cet article ? Eh bien il me paraît évident : face à une catastrophe, seules des moyens radicaux s'imposent. Or tout est fait pour que, face aux périls qui menacent les fondements de l'Occident, Europe et Amérique confondues, soient dans le meilleur des cas adoptées des attitudes mi-chèvre-mi-chou qui ne font que permettre au désastre de s'étendre. Dans le pire, on se trouve face à des abrutis qui en 1723 auraient nié l'incendie quand bien même aurait-il atteint leur maison ou à des pompiers-pyromanes qui se réjouissent de l'ampleur des dégâts tout en regrettant qu'ils ne soient pas plus importants. Ainsi voit-on, au nom du progrès, progresser une folie sociétale qui à terme ne pourra mener qu'à la disparition d'une civilisation qui naguère domina le monde entier.

Je crois que la raison de cette inéluctable et implacable déchéance est à chercher dans la manière dont on forme les esprits. Le fait que notre pays pays ait à sa tête un spécialiste de l' « en-même-temps » est significatif. Car la formule est souvent absurde. Par exemple, dire que l'on est opposé à la GPA mais qu'en même temps on comprend la juste aspiration des couples gays à avoir des enfants est une énormité. Si on comprend cette aspiration on ne saurait être ennemi du seul moyen qui leur permettra de la voir se concrétiser. Peut-on être hostile à l'assassinat et en même temps admettre les motivations de l'assassin ? En fait, il semblerait que la mode consiste à considérer la thèse, l'antithèse et à n'en faire aucune synthèse.

Cette curieuse manière de raisonner est due, me semble-t-il, à la crainte, qu'on aurait en adoptant une position tranchée de paraître extrémiste. Or l'extrémisme est, c'est bien connu, la pire des choses qui soit. Un extrémiste appelle un chat un chat. Pour un Occidental moderne et ennemi des extrêmes, un chat est peut-être un chat mais en même temps il pourrait être un canari ou une commode Louis XV. C'est là un raisonnement ouvert, intelligent.

De la même manière, en politique des gens qui se disent de droite sont ouverts aux idées de gauche, en même temps. Si bien qu'ils finissent d'abord par les accepter puis par les adopter car il semblerait que l' « en-même-temps » mène inéluctablement à pencher du côté de l'alternative la plus opposée au bon sens. Tant qu'on considérera toute attitude tranchée comme dangereuse, nauséabonde et pour tout dire extrémiste, les pires folies étendront leur règne.

*Il me paraît utile de souligner que ces enfants n'étaient pas des Enarques.

jeudi 8 février 2018

Changement climatique


Nos contemporains sont souvent persuadés de la disparition des saisons. Afin d'en avoir le cœur net, nous avons consulté une personne dont les compétences, l'honnêteté et la sincérité ne sauraient être mises en cause, je veux parler de Tonton Jacquot, qui au cours d'une longue vie d'oisiveté et d'ivrognerie a eu tout le temps d'observer les phénomènes météorologiques et leur évolution dans le canton de Mézidon-Canon, le bien nommé, dont il n'est sorti que pour faire son service militaire à Châteauroux.

Nous transcrivons ci-dessous l'interview qu'il a bien voulu nous accorder qui est de nature à conforter les partisans de la disparition des saisons dans leurs convictions. Nous n'en avons omis que les "A la tienne, mon gars"  "C'est pas de refus !" et autres "On s'reprend un tit'goutte" qui n'apportent rien au débat.

Tonton Jacquot, pensez-vous que nous ayons progressivement vu disparaître les saisons ?

Un peu qu'j'y crois mon gars ! Dans ma jeunesse, y'en avait des saisons ! Pas des comm' maintenant, des vraies saisons : des hivers glacials, des printemps doux et fleuris, des étés brûlants, et des automnes pluvieux. Vlà c'qu'y avait comme saisons !

Il ne me semble pas que ça ait beaucoup changé...

Malheureux ! Tu sais pas c'que tu dis ! Quand j'te parle de froid, c'est d'vrai froid que j'te parle ! Tiens, par exemple, à Noël, y neigeait, tous les ans, au moins un mètre ! Quand on allait à la messe de minuit, chacun amenait sa pelle pour dégager le chemin de retour, c'est fou c'qu'y pouvait tomber en une heure ! On emportait une topette de calva pour se réchauffer pasqu'à l'église, y'avait pas plus d'chauffage qu'à la maison. On avait beau faire du feu dans l'âtre, ça chauffait pas grand chose. Quand en janvier ou février, on était au-dessus de -15 -10 degrés à l'intérieur on disait « Merci mon Dieu ! ». Pas b'soin d'te dire que d'congélateur, on n'en avait pas b'soin ! Enfin, en hiver...

Comment faisiez-vous pour résister ?

Ben, on était costaud, à l'époque ! Tiens, par exemple en janvier 63, il a fait tell'ment froid, qu'une nuit, je m'suis l'vé pour aller pisser. Je m'suis dégagé un ch'min à la pelle jusqu'à la cabane. Eh ben, arrivé là, rien à faire : l'urine avait gelé dans ma vessie !

Impressionnant, en effet ! Vous deviez attendre le printemps avec impatience !

Tu l'as dit bouffi ! Mais on n'était pas déçus : arrivé mi-mars, la neige fondait et bien vite ça dev'nait doux. T'aurais vu les fleurs qui poussaient d'partout ! C'était joli comm' tout. Et ça embaumait, j'te dis pas ! Seulement , on avait aut' chose à faire que de r'garder les fleurettes et d'humer l'lilas : c'était l'époque du r'piquage des ananas et des bananiers !

Des ananas et des bananes en Normandie ?

Ben oui, mon gars, c'était même avec ça qu'on f'sait not' beurre ! Pasque faut dire que pour c'qu'était d'êt' chauds, y zétaient chauds nos été : tropicaux, v'là c'qui zétaient ! Bien sûr, y'avait des pluies torrentielles, de temps en temps, mais fallait bien ça pour les bananes et les ananas...

Et l'automne, ça donnait quoi ?

Ben l'automne, qu'est-ce tu veux que j'te dise, c'était l'automne... Arrivé fin septembre, c'était la pluie, l'brouillard mais pas d' vrai froid. On allait aux champignons, on ramassait les châtaignes, ah, c'était la belle vie, pas comme maintenant !

Eh bien Merci pour votre témoignage, Tonton Jacquot. Il ne manquera pas de rassurer nos lecteurs !

Comment ça, tu t'en vas déjà ? On n'a même pas fini not' deuxième lit' ed'Calva ! Décidément, y'a pas qu'les saisons qu'ont changé !

vendredi 2 février 2018

Débat littéraire en Calaisis

La passion littéraire peut être vive. Les récents événements de Calais le démontrent clairement. Comme nous l'a appris Yann Moix, les migrants qui souhaitent se rendre en Angleterre sont généralement de fins connaisseurs des grands auteurs français et en particulier de Victor Hugo. C'est le cas des Érythréens. En revanche, les Afghans sont plus sensibles à l'austère élégance des vers d'Alfred de Vigny. Je me garderai bien de dire qui, en l’occurrence, à raison. Les goûts et les couleurs, n'est-ce pas...

Toujours est-il que ces fanatiques du vers romantique ont pris l'habitude de s'affronter lors de joutes poétiques qu'ils organisent afin de passer agréablement le temps en attendant une éventuelle occasion de traverser la Manche. A ce propos, il me semblerait charitable d'apprendre à ces braves gens qu'en Albion on ne parle pas vraiment français et que nos grands poètes n'y sont, hélas, que modérément révérés. Une telle annonce, une fois passé le choc de la révélation, serait peut-être propre à modérer leur envie de Grande-Bretagne et les pousserait à rester nous enrichir.

Donc des joutes oratoires opposent Afghans et Érythréens. C'est à qui déclamera avec le plus de chaleur et d'émotion La Mort du loup ou Les Pauvres gens. Afin d'éviter le favoritisme interne, c'est le camp adverse qui est chargé de décerner les lauriers. Et ça se passe généralement très bien. Sauf qu'hier, un Kaboulien fut couronné par les riverains de la Mer Rouge alors qu'au dernier vers de la seconde strophe de La Maison du berger, le lauréat avait malencontreusement appliqué la diérèse en prononçant le mot sociale avec pour conséquence d'en faire un alexandrin de treize pieds. Or, si l'Afghan est de caractère débonnaire, il y a cependant une chose avec laquelle il ne badine pas : la scansion. Des voix s'élevèrent dans le camp Afghan pour dénoncer l'incapacité des Érythréens à juger d'une déclamation quand ils laissaient passer de telles énormités. Vexés de se voir ainsi humiliés, leurs adversaires firent bloc, traitant leurs détracteurs de gougnafiers et de paltoquets (insultes considérées comme particulièrement violentes à Kaboul) . Un mot entraînant l'autre, le ton monta, on en vint aux mains puis on sortit les armes. Bilan : 22 hospitalisés dont quatre dans un état grave.

Évidemment, certains n'ont pas manqué de fustiger l'attitude de ces lettrés, leur trouvant la tête un peu près du bonnet. Je ne suis pas de ceux-là ! Seul l'amollissement engendré par une vie trop douce peut expliquer qu'on s'offusque des passions vives qui animent ces jeunes gens. N'avons nous pas connu, au temps ou un sang vigoureux coulait encore dans nos veines, de robustes conflits comme la bataille d'Hernani qui fit, sauf erreur de ma part, plus de morts que celles de Verdun et de la Somme réunies ? Plutôt que les critiquer, nous devrions prendre exemple sur ces gens prêts à verser leur sang pour une juste cause ! Leur énergie est propre à revigorer un peuple endormi par trop de confort. Ils sont notre avenir et même, comme dans le 9-3 et dans bien d'autres lieux, déjà notre présent.

mardi 30 janvier 2018

Le défilé des cloportes

J'ai regardé ce soir un documentaire particulièrement passionnant sur BFM. Il posait la question de savoir qui avait tué François Fillon. Il va sans dire que cette chaîne est d'une objectivité exemplaire. Des journalistes d'exception ont interrogé le ban, l'arrière ban et l'arrière-arrière ban des élites LR. Ce défilé de cloportes avait de quoi soulever le cœur de toute personne un tant soit peu sensée. Faisons à ces répugnantes couilles molles de soi-disant-droite la charité de ne pas les nommer.

L'enquête était passionnante. On chercha d'où pouvaient bien venir les « fuites » qui avaient entraîné la chute du candidat favori. On entendit Trucmuche, Bidule et Machin-chose exprimer leurs réticences quant à l'opportunité de maintenir une candidature vouée, vue l'importance des accusations portées, à l'échec. On glissa sans insister sur l'incapacité où se trouvèrent MM. Trucmuche, Bidule et Machin-chose de susciter la candidature de remplacement dont ils avouaient avec bien du retard avoir rêvé. On interrogea un troisième couteau sur la machiavélique ruse qu'il utilisa pour « niquer » M. Fillon, lui payant des caleçons en pilou (ou quelque autre article textile) avant de révéler ce scandale à un organe de presse qui s'empressa de le porter à la connaissance du public. Ce qui fut la fameuse goutte qui mit le feu aux poudres ou l'étincelle qui fit déborder le vase !

Tout cela était bel et bon, seulement, dans cette affaire, on oublia deux acteurs majeurs : les media et la justice, piliers bien connus de la démocratie. Car c'est une évidence, les peccadilles que ces deux respectables institutions reprochèrent à un candidat dérangeant ne prirent d'importance qu'à cause du zèle que mirent les premiers à leur offrir un retentissement outrageusement disproportionné et la seconde à donner des suites à un dossier dont l'avenir nous dira (peut-être) l'exacte importance.

Cette fabuleuse enquête ne fait que confirmer la remarquable aptitude des media à faire passer l'anecdotique pour un fait majeur. Seulement, et c'est la seule chose qui compte, les conséquences de leur populisme exacerbé sont elles bien réelles : nous voici avec pour président un pantin ridicule et une « droite » bien abîmée qui s'entête à refuser la seule alliance qui lui permettrait d'accéder au pouvoir. Les lamentables cloportes qui la composent continuent de rêver d'une France gouvernée au centre (c'est à dire au milieu de nulle part) comme si ce genre de position n'était pas responsable du triste état du pays et surtout comme si la place ne leur avait pas été ravie par un triste guignol.

dimanche 28 janvier 2018

Hugophobes ou Hugolâtres ?


Je ne connaissais pas Yann Moix. J'avais entendu dire qu'il travaillait chez M. Ruquier en tant que préposé au harcèlement rageur des invités de droite mais comme je préfère m'endormir devant Columbo le samedi soir, je ne regarde pas On n'est pas couchés. C'est entre autres choses par honnêteté intellectuelle : vu que je suis couché bien avant que ne débute ce talk-show, il serait malvenu de ma part de prétendre que je ne le suis pas. D'autre part, de lointains souvenirs m'encouragent à penser que ce qui s'y dit ne m'enthousiasmerait qu'à moitié.

Mais revenons à notre Moix (prononcé Mwaks, ce qui le différencie, par exemple, des Leroux que personne ne songe à appeler Lerouks). J'ai lu quelque part qu'il était écrivain. Admettons. Il n'empêche que la phrase de ce brave homme citée par les Inrocks (périodique dont l'objectivité ne saurait être mise en doute tant il a les faveurs de France Inter) m'a laissé perplexe. Si je comprends bien, certains de ces Afghans de Calais (à ne pas confondre avec les Calaisiens de Kaboul) connaissent Victor Hugo « sur le bout des doigts », expression imagée signifiant « très bien » d'après M. Petit Robert. A peine ont-ils posé le pied sur le sol Français qu'on se met à les frapper. « On » désignant probablement les forces de l'ordre. De deux choses l'une : soit les CRS les brutalisent PARCE QU'Hugo n'a aucun secret pour eux, soit parce que cette connaissance approfondie du grand poète ne suffit pas pour qu'ils les épargnent. Dans ces deux cas l'Hugophobie est patente. Reste à en déterminer la cause.

On pourrait-donc penser que certains Afghans, lorsqu'ils rencontrent les forces de l'ordre, pensant les amadouer, se mettent à déclamer La Légende des siècles ou Les Contemplations à moins qu'ils ne leur récitent in extenso Les Misérables ou Quatre-vingt-treize*. Résultat : on les frappe. La haine de Hugo serait-elle au programme de la formation des CRS ? Ces derniers préféreraient-ils qu'on leur récitât du Ronsard, du Vigny, du du Bellay, du Mallarmé, du Lamartine, du Rimbaud ou du Verlaine ? Plutôt que vers les romans du grand Victor, leur préférences iraient-elles vers ceux de M. Moix ? Mystère !

Il se peut tout aussi bien qu'ignorant leur parfaite connaissance du bon Hugo, il ne les traitent que comme d'ordinaires fauteurs de trouble, chose qu'ils ne feraient pas si ce savoir leur était connu tant ils vouent un culte passionné à ce grand homme. On peut aussi imaginer que ces brutalités s'expliquent par le dépit : il semblerait en effet que la plupart de ces lettrés Afghans ne se rendent à Calais que dans l'espoir de rejoindre la perfide Albion. Réalisant la perte qu'un tel départ occasionnerait à la France et quel enrichissement ce serait pour l'ennemi héréditaire, ils deviennent violents.

Alors, ces CRS, Hugolâtres ou Hugophobes ? A ce moment de ma réflexion, je ne saurais trancher...

Et puis m'est soudain venue une idée : et si, en créant une corrélation entre des faits pas nécessairement avérés et sans rapport entre eux, M. Moix disait simplement n'importe quoi ? Je ne sais quel démon me l'a soufflée car comment une personne qui intervient sur une chaîne de service public pourrait-elle divaguer ?

*Ce qui, reconnaissons-le peut s'avérer lassant au bout de quelques heures.

jeudi 25 janvier 2018

Parité et diversité sont deux des mamelles de l'absurdité

En matière de télévision et de politique, nombre de voix s'élèvent en faveur d'une totale parité entre hommes et femmes et d'une meilleure représentation des « minorités visibles ». L'idée peut paraître excellente mais on est en droit de se demander pour quelle raison on ne réclame pas à cor et à cris que toutes les professions se voient appliquer ces soi-disant exigences.

En admettant que sexe et ethnicité soient des critères valables ils posent cependant des problèmes. Par exemple, la parité hommes-femmes n'est pas satisfaisante vu que d'après les derniers chiffres de l'INSEE il y aurait en Doulce France plus de femmes que d'hommes. D'autre part, étant donné que, dans sa grande sagesse, l'État interdit que soient établies des statistiques ethniques on ne voit pas comment ces fameuses « minorités visibles » pourraient être correctement représentées. Le risque de sur-représentation ou de sous-représentation est évident.

De plus, en cantonnant au sexe où à la race (qui n'existe pas) la nécessité d'une « juste » représentation, on ne tient aucun compte des autres différences créatrices de minorités. Les handicaps divers, les maladies, les couleurs des cheveux, la taille, l'âge, les préférences sexuelles, les opinions politiques, ne sont que quelques unes des différences qui font que la parité et la représentation ethniques sont insuffisants pour qu'on se reconnaisse dans les membres d'une assemblée ou dans le personnel d'une chaîne de télévision.

Sans compter que ces particularités peuvent se combiner à l'infini de manière à créer une multitude de minorités auxquelles on ne voit pas au nom de quoi on pourrait refuser d'être représentées. Pire encore, il se peut que malgré le partage de plusieurs particularités il soit impossible de s'assimiler à une personne. Par exemple, votre serviteur bien qu'homme, blanc, portant des lunettes et sexagénaire, ne se sent pas très bien représenté par M. Mélenchon même si nous ne sommes tous deux ni chauves ni unijambistes.

Au contraire, rien n'empêche un noir de représenter un blanc, un homme d'apprécier les idées d'une femme ou une rousse de ne pas rejeter une brune. L'idée que ceux qui nous parlent, nous gouvernent, nous offrent un quelconque service devraient nous ressembler est particulièrement absurde.

Dans nos pays où l'éducation et les fonctions sont ouvertes à tous, ne serait-il pas préférable de choisir d'offrir à la personne la mieux à même d'occuper le poste auquel il ou elle se porte candidat plutôt qu'à des gens sélectionnés en fonction de critères sans aucun rapport avec la fonction ?

dimanche 21 janvier 2018

Grandeur et décadence



En avril 1992, je pris la sage décision, après deux ans de services et quelques tentatives malheureuses d'obtenir un poste dans l'enseignement aux adultes, de démissionner du poste de professeur de français que j'occupais à la Woodside Community School. Je le fis sans parachute tant était intense le dégoût que provoquait en moi la totale absence d'envie qu'y avaient, à de rares exceptions près, les élèves d'apprendre quoi que ce soit et principalement des bribes de français. J'en sentis une soulagement teinté d'inquiétude car comme bien des humains, j'ai une certaine tendance à me nourrir, me loger et m'habiller. Certes, la jeune personne avec qui je partageais alors ma vie ne me menaçait pas de m'envoyer voir si des fois je ne trouverais pas certains charmes à la vie de sans-logis mais étant de tempérament conservateur, il me semblait difficile de vivre à ses crochets.

Il me fallait donc trouver au plus vite une source de revenus. Au Job Centre, un jeune homme enthousiaste autant qu'optimiste, après m'avoir confirmé que je n'avais droit à aucune aide me déclara ne pas s'en faire pour moi : vus mes diplômes et mon expérience je ne resterais pas longtemps sur le marché du travail. J'en sortis rasséréné car si j'éprouvais une certaine angoisse du moins celle-ci n'était pas contagieuse, ce qui, pour une âme généreuse, est toujours rassurant. Je me mis donc à faire du lèche vitrine. Plus que celles des magasins de vêtements ou d'électroménager, c'est surtout celles des agences d'intérim qui retenaient mon attention. C'est alors que j'avisai, dans l'une d'elle, une annonce demandant un professeur de français remplaçant. La paye annoncée était correcte et l'idée d'une mission limitée dans le temps me séduisit. J'entrai donc dans la boutique.

Un peu comme dans les films d'horreur, tout commença comme dans un rêve : m'étant rendu sur place, je pus constater que les bâtiments de l'Hackney Downs School, comme son environnement n'avaient rien d'inquiétant : pas de vitres brisées, des terrains de sport bien tenus : rien a redire. Je l'ignorais mais cette ancienne Grammar School* avait connu son heure de gloire : la liste des professeurs d'université, d'aureurs (dont un prix Nobel), de magnats de la finance, d'acteurs de talents, de politiciens etc. qui avaient usé leurs fonds de culottes sur ses bancs était impressionnante (voir ici). Seulement dans leur ordinaire folie, les Travaillistes voulurent la fin de ces établissements par trop élitistes et en 1969 Hackney Downs devint « Comprehensive » c'est à dire ouverte à tous. Suivit pour cet établissement fondé en 1876 un quart de siècle d'inexorable décadence.

Mais revenons au rêve. Le directeur me reçut. Un homme bien brave. Il m'expliqua qu'en fait, cette mission d’intérim pourrait se transformer en un poste fixe lequel serait accompagné d'un supplément de salaire tout a fait alléchant. Le voyant si bien disposé, j'en profitai pour lui glisser, que, sans attendre ces jours meilleurs, un petit coup de pouce au salaire proposé serait le bienvenu. Il s'empressa de l'accepter à condition que je lui promette de rester au moins jusqu'à la fin de l'année scolaire, ce que, dans ma grande innocence, je fis.

Seulement quand les monstres sortent des placards, toute demeure de rêve perd de son attrait. Ils étaient de deux sortes : enseignants et enseignés. Une prof me conseilla de ne pas laisser ma veste dans la salle des profs car certains collègues risquaient d'en vider les poches. Bonjour l'ambiance ! Très vite, je compris que faute d'être en mesure d'assurer une quelconque discipline dans ce foutoir à prétention scolaire, les enseignants avaient concédé le maintien d'un semblant d'ordre aux éléments les plus violents de leurs ouailles. Les premières semaines ma voix puissance et mes exigences assurèrent à mes cours un déroulement acceptable. Le directeur ne tarissait pas d'éloges sur moi. Mais voix ou pas, exigences ou pas, je n'étais qu'un pion comme un autre c'est à dire un être aux mains liées dans le dos, impuissant à dominer une horde de sauvages. Et cela parce qu'intervenir physiquement afin de séparer deux élèves se battant pouvait être assimilé à de la violence avec les conséquences légales que l'on devine. Quand à sanctionner un élève qui en aurait frappé un autre il n'en était pas question. Du coup, ils s'en donnaient à cœur joie. La goutte qui fit déborder mon vase, fut le cas d'un élève de sixième, chétif, pâle, à l'air hagard que ses camarades avaient pris pour souffre douleur. Dès que je tournais le dos, ils se précipitaient sur ce malheureux enfant et le rouaient de coups avant de prestement regagner leur place. J'en avertis le directeur qui me déclara que le changer de classe ne servirait à rien et qu'il subirait où qu'il aille les mêmes traitements. Assister à ce martyre m'était insupportable. J'étais de plus en plus tenté d'attraper ses bourreaux et de leur coller une volée bien méritée. Mais ce faisant, mes chances d'échapper à une lourde sanction pénale auraient été bien faibles.

J'en tirai la conséquence logique. Je descendis voir le directeur et lui annonçai qu'à la fin de la semaine il lui faudrait se passer de mes services. Cette école se vit décerner par le gouvernement le titre peu enviable de « pire école de Grande-Bretagne ». Trois ans plus tard, elle ferma définitivement.

* Ecoles publiques où les meilleurs éléments locaux étaient sélectionnés suite à un examen d'entrée

jeudi 18 janvier 2018

Pour que la peur change de camp...

« Il faut terroriser les terroristes », voilà ce que déclarait, il y a quelques décennies, le bon Charles Pasqua alors ministre de l'intérieur. Et, connaissant le bonhomme et son passé, on aurait été tenté de croire qu'il allait s'y atteler et pourquoi pas y parvenir. Seulement, les années quatre-vingts n'étaient pas les années soixante. Les gens avaient évolué, s'étaient laissés peu à peu gauchiser, avaient prêté l'oreille aux joueurs de flûte « progressistes » et « droits de l'hommistes » qui les entraînaient en musique vers un triste destin. On leur faisait croire que pour vivre en paix, il fallait tolérer toute différence, que la mansuétude mènerait les malfaisants à résipiscence, que les loups étaient, en plus doux, des chiens, que plus de droits renforcerait l'état de droit. Bref, qu'en étant mignons, en luttant contre toute autorité, on finirait par vivre dans un monde à la Walt Disney.

Curieusement, il semblerait que ça n'ait pas vraiment évolué dans ce sens. A quoi assiste-t-on ? On voit une école où l'on apprend de moins en moins, une police interdite de séjour dans bien des quartiers, des prisons où les gardiens craignent leurs pensionnaires, des pompiers caillassés lors de leurs interventions. On voulait une société de douceur et d'harmonie et on se retrouve avec une pétaudière violente et anarchique. Et les joueurs de flûte continuent, tel celui qui, ayant soigné son cancer à doses redoublées d'aspirine, meurt en se disant qu'il aurait dû prendre en davantage, de nous jouer une version de plus en plus démente de leur mélodie mortifère. Pourtant, ici et là, dans cet Occident où la folie fait rage, se font entendre de plus en plus de voix discordantes refusant de prendre pour argent comptant les âneries « humanitaires ».

Un de mes commentateurs écrivait il y a peu que nous vivions dans « un grand asile à ciel ouvert ». Je lui répliquai que le problème était plutôt que c'était les aliénés qui avaient monopolisé la parole. On blâme le laxisme des politiques. A juste titre. Mais que font-ils sinon aligner leurs mesures sur ce que prônent les hérauts de la bien-pensance ? Sinon calquer leur lâcheté sur celle d'une majorité de la population qui par paresse, instinct grégaire ou hébétude calquent leurs « opinions » sur ce qu'ils entendent dans le poste ? Les vrais démagogues ne sont pas ceux que l'on croit !

La peur ne pourra changer de camp que lorsque les aliénés bavards se verront privés de leur monopole et que leurs propos n'inspireront plus à la majorité qu'un rire franc. Lorsque la plupart des gens, pourtant toujours si prompts à se conformer aux plus insensées mesures qu'on leur impose, finira par réaliser qu'une société ne peut vivre harmonieusement qu'en respectant certaines autorités. A quoi bon multiplier le nombre d'enseignants si personne n'écoute leurs leçons ? A quoi bon plus de forces de l'ordre si on leur lie les mains dans le dos ? Pourquoi plus de prisons si les caïds y règnent en maîtres ?

On a inoculé dans l'esprit des gens, des années durant, les poisons des politiques de l'excuse et de la compassion et le refus de l'autorité. Si la peur ne change pas de camp, l'anarchie actuelle paraîtra un âge d'or aux yeux de nos descendants.

mardi 16 janvier 2018

Sélection

J'entendis, pas plus tard qu'hier, la présidente de l'UNEF se plaindre, dans une torrentielle logorrhée, de l'inadmissible sélection que le nouveau système d'admission post-bac ferait subir à une jeunesse méritante autant que studieuse. Je conçois que cette jeune personne ait des inquiétudes concernant l'avenir des jeunes et le sien plus particulièrement. En effet, diriger ce syndicat, c'était jusque récemment s'offrir la possibilité d'une brillante carrière d’apparatchik au PS. Seulement, vu le triste état de ce parti, il devient de plus en plus problématique d'espérer en obtenir un fromage. Mais bon, la verbeuse présidente en avait surtout contre la sélection dans le supérieur. Comment ne pas lui donner raison ? Est-il acceptable qu'un analphabète se voit refuser l'accès à des études littéraires ? Au nom de quoi refuserait-on d'admettre en faculté des sciences un nul en mathématiques ? Ce serait bafouer le droit imprescriptible qu'a tout jeune d'aller se vautrer pitoyablement dans un domaine pour lequel il n'a pas plus de dons que de goût !

Ensuite, si toute sélection est inadmissible pourquoi continuerait-on à lier l'obtention d'un quelconque diplôme à l'acquisition par l'impétrant d'un niveau de compétence ? Pour bien faire, ne faudrait-il pas inscrire chacun dans la filière de son choix puis lui garantir l'obtention d'un diplôme à son goût ? Voilà qui serait juste !

Seulement, une fois leurs études terminées, nos chers jeunes se trouveraient face à l'épreuve extrêmement sélective que constitue l'obtention d'un emploi. En effet, il est de coutume de ne retenir pour un poste qu'une seule personne quel que soit le nombre de candidats. C'est d'une cruelle injustice mais on ne voit guère d'autres solutions.

Et s'il n'y avait que l'emploi ! Mais en matière de sport, ne parle-t-on pas de sélection, qu'elle soit nationale ou autre ? Et même dans des domaines plus intimes, comme celui du choix d'un partenaire sexuel, ne voit-on pas la plupart des personnes se montrer plutôt sélectives sur la base d'une combinaison de critères tels que l'attrait physique, l'esprit, la fortune, la religion, les opinions politiques, etc.? Même pour une simple amitié, on sélectionne...

Curieusement, notre belle jeunesse ne semble pas être choquée par les sélections qui s'opèrent dans tant de domaines. C'est un peu comme avec les injustices : on ne s'indigne que de celles auxquelles on pense pouvoir remédier...

dimanche 7 janvier 2018

Les Bonheurs d'Alfred

Dans sa grande sagesse et afin d'alléger la tristesse qu'engendre en ce début d'année la prise de conscience de plus en plus évidente que l'élection de M. Macron à la magistrature suprême n'est pas un poisson de mai monté par des media facétieux mais bel et bien une réalité, France 3 nous a fait le cadeau, toute la semaine durant de diffuser, en début d'après-midi, des films de Sir Alfred Hitchcock. Alors que pluie et vent s'efforçaient de nous offrir un temps en harmonie avec l'horreur macronique, qu'il me fut doux, mollement allongé, de savourer les œuvres de ce grand cinéaste !

Vous prenez une intrigue rocambolesque, vous y incorporez force rebondissements improbables et qu'obtenez-vous, normalement ? Une merde infâme ! Sauf si vous avez du génie. Et il en avait le père Alfred ! Car pour faire de La Main au collet ou de Le crime était presque parfait des chefs-d’œuvre, il faut être quelqu'un. Pour nous faire oublier l'absurdité de certaines situations, il faut un magicien. Renouveler sans cesse le thème récurrent de l'innocent en voie d'être châtié, demande imagination et ténacité. Mêler mélodrame, tragédie et humour sans basculer dans le grotesque exige un funambule. Il avait et était tout ça le vieil Hitchcok. Et puis il savait bien s'entourer.

L'élégance de ses acteurs et actrices est frappante. Une élégance d'un autre temps. Grace Kelly dans sa robe bleue (La Main au collet ), laisse l'impression qu'en devenant princesse elle a renoncé à être déesse. Et d'Eva Marie Saint n'a-t-il pas su sublimer la grâce et la beauté ? Que dire de l'élégance à la fois impeccable et détendue d'un Cary Grant ou d'un Ray Milland ? A les voir on a, par contraste, l'impression d'être tombé bien bas.

Moi qui, sauf rares exceptions, me refuse à regarder les images qui bougent venues d'Outre-Atlantique, je parviens à pardonner à Sir Alfred d'avoir traversé l'océan car, mis au service d'un génie venu d'Europe, les moyens financiers américains ont permis des prouesses. Reste à savoir si aujourd'hui l'Europe est en mesure de fournir des talents exploitables par l'industrie Yankee, laquelle n'a généralement pour but que de décerveler pour mieux vendre.

mercredi 3 janvier 2018

Bilan prospectif 2018

En début d'année, on se contente généralement d'envoyer ses vœux. M. Macron, en garçon bien élevé qu'il est n'a pas manqué de sacrifier à cette aimable coutume mais, poussé par sa jovialité naturelle il les a assortis d'un train de menues plaisanteries propres à égayer les Français. Je n'en ferai pas une liste exhaustive et me contenterai d'envisager celles qui me touchent particulièrement.

D'abord il y a cette hausse du taux de CSG de 1,7 %. Sur un an, elle me contera environ 323 €. Une paille ! Aussi ennuyeuse est la hausse prévue en mars des cigarettes à raison de 1,10 € du paquet. En admettant que sur les 300 jours restants je me contente de ne fumer qu'un paquet par jour (ce qui n'est, hélas, pas souvent le cas, voici mon budget amputé de 330 € supplémentaires. Ensuite, le gazole va connaître une hausse de 7,6 centimes par litre. Une misère ! Pourtant, parcourant 17 000 km par ans, à raison de 8 litres aux cent, cette bénigne mesure me coûtera tout de même 103 €. Ainsi, sans tenir compte des multiples autres augmentations (coût de la vie, mutuelle, timbres, etc.)je vais payer un supplément de taxes de 756 €. Ce qui, si pour obtenir de ma part la même contribution, notre bon gouvernement avait utilisé le seul impôt sur le revenu, aurait équivalu à une hausse de 168 %. Présenté comme ça, ça aurait eu du mal à passer ! Il est vrai que si je ne fumais pas, cette hausse n'aurait été que de 94 %  !

Mais, me direz vous, vous pleurez la bouche pleine ! De plus, vous êtes malhonnête car votre taxe d'habitation devrait se trouver amputée de 30 %, imaginez l'économie ! Plutôt que l'imaginer, je l'ai chiffrée. J'ai ainsi appris que ladite réduction ne concernerait pas ma résidence secondaire. De plus, vivant par choix dans des communes rurales peu dépensières, cette fameuse réduction, en supposant qu'elle ait bien lieu, ne se montera dans mon cas qu'à la faramineuse somme de 61,20 € ! Ça ne compense pas vraiment.

Ainsi, comme pour beaucoup de Français, l'ère Macron est pour moi placée sous le signe de la tonte. Mais une tonte en douceur, de celle qu'on ne sent pas trop. Car la plupart de nos concitoyens comptent peu ou mal. Oh, les retraités vont bien voir que leurs revenus ont baissé mais se lanceront-ils pour autant dans mes calculs d'apothicaire ? Les carburants vont augmenter mais n'est-ce pas à ce prix qu'on sauvera la planète ? Quant au tabac, les non fumeurs diront que ce n'est que justice et ils auront d'autant plus raison que les milliards ponctionnés sur les fumeurs sont autant qu'ils n'ont pas à payer. Les accros à la nicotine ne moufteront pas plus : des campagnes savamment orchestrées font qu'ils rêvent tous d'arrêter et qu'ils se sentent coupables de ne pas le faire. A partir de ce moment, il est normal qu'on les punisse !

Avec M. Macron, on allait voir ce qu'on allait voir ! Je suis d'accord : je vois ce que je vois ! Mon pouvoir d'achat va être réduit de 3,4 % (une fois déduite la réduction de la Taxe d'habitation). Et ce n'est qu'un début... Notre bon président nous encouragea à réfléchir chaque matin à ce qu'on pourrait faire pour la France. Moi je sais : je peux casquer ! Et encore si c'était pour le bien du pays...

Le général de Gaulle avait eu à l'égard des Français des mots flatteurs : ils auraient été des veaux. C'était oublier que quand on emmène un veau à l’abattoir, il se débat et braille tout ce qu'il sait. Le Français, lui, s'y rend tout seul, avec le sourire et trouve le boucher plutôt sympathique.

mardi 2 janvier 2018

Incipit (s)

Bien des auteurs ont du mal à trouver la (ou les) première(s) phrase(s) de leur œuvre. Un excellent exemple en est donné, si ma pauvre mémoire ne me trahit pas, Par M. Camus dans un de ses hilarants romans intitulé La Peste (ou était-ce Le Choléra?). Eh bien figurez vous que j'ai le problème inverse. Si je ne rencontre aucune difficulté à trouver un titre et un incipit susceptibles de capter l'attention du lecteur le plus réticent, je ne trouve ensuite plus rien à dire. C'est pourquoi la Bibliothèque de la Pléiade me boude. L'âge venant, je me suis résigné à ne jamais parvenir à mener à bonne fin la rédaction du moindre roman ou d'une quelconque nouvelle. Cependant, vue leur qualité, je m'en voudrais de disparaître sans avoir publié quelques unes de ces phrases. Je le fais donc aujourd'hui. Peut-être qu'un de mes lecteurs, pourvu d'un souffle épique supérieur au mien, saura leur donner une suite digne d'elles...

Du quai d'une gare de Châteauroux dont la façade brillait de mille feux en cette période de Noël Sébastien Choumard, portant une valise en peau de porc fatiguée par les voyages, monta dans le wagon numéro quatre de l'express Paris-Limoges. (Retour à Limoges)

Une Juvaquatre noire dont les portières avant portaient, peinte à la hâte en blanc, une croix de Lorraine s'arrêta dans un crissement de freins suraigu devant le domicile du chef local de la Milice. Trois hommes en bondirent, mitraillette au poing. (Libérer Limoges)

En cette année 1897, la rue de La Roussette, était encore de celles où les hommes se rendaient seuls la nuit venue, non sans jeter alentour force regards furtifs de crainte qu'on ne les y surprît. Quelques lanternes rouges dissipaient les derniers doutes qu'aurait eu un étranger à la ville quant aux activités qui s'y pratiquaient. (Dans les rues chaudes de Limoges)

« Alors comme ça, petit saligaud, tu couches avec ma nièce ? » Léonce Traverteau tenta de se faire tout petit dans le fauteuil que lui avait prié d'occuper, une minute auparavant, d'un air faussement bonhomme, le père Chartier dont la physionomie avait soudain pris une apparence bien moins amène. (L'oncle de Limoges)

Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Parfois, à peine mes yeux ouverts, j'allumais ma bougie si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je me réveille. » (Matins limougeauds)

Certaines femmes réfléchissent longuement avant d'oser pousser la porte d'une boulangerie. « Achèterai-je une baguette ? Un pain de deux ? Un bâtard ? », ces questions les paralysent. Babette savait ce qu'elle voulait et d'une voix musicale mais ferme, elle commanda deux croissants. (Viennoiseries de Limoges)

« Mais que ferais-tu à Limoges, bougre d'âne ? Tu crois qu'on y manque de traîne-savates dans ton genre ? Non, crois-moi, reste à Romorantin ! Là est ta vie ! » Ces paroles de son père le hantaient. En fait, elles avaient constitué un puissant frein à ses ambitions. Alors que la dépouille de cet homme bourru venait d'être descendue en sa dernière demeure et qu'il jetait la première pelleté de terre sur son cercueil il réalisa que la mort de cet être cher était pour lui synonyme du début d'une vie nouvelle. (L'appel de Limoges)

Certains auront remarqué que bien des titres font allusion à la ville de Limoges. Il ne s'agit aucunement d'un hasard mais du désir délibéré d'encrer mon œuvre dans un terroir et ceci parce que l'enracinement local est un moyen d'atteindre l'universel comme l'ont montré Pagnol, Faulkner et bien d'autres. Vu qu'à ma connaissance peu de romans majeurs avaient pour cadre Limoges, j'avais décidé d'en faire mon comté de Yoknapatawpha. Si d'éventuels continuateurs lui préféraient une autre ville ou une autre région, je ne leur en tiendrais pas grief.

lundi 1 janvier 2018

Ah les salauds !

Quand je pense aux salopards qui déforestent à tout va que ce soit en Afrique, en Asie, en Amérique, comme tous les bons occidentaux, ça me fout les boules ! Est-ce qu'on déforeste, nous ? Non, Môssieur, on ne déforeste pas. Nous sommes des gens biens, nous. Bien sûr, on a déforesté à tour de bras mais c'était il y a longtemps, il y a prescription. Mille ans qu'on s'est mis à essarter comme des fous, ça a pris du temps mais on est parvenu à récupérer, au Moyen Age Central, les terres que cultivait l'Antiquité. Et puis on avait une excuse : la population était en expansion. Plus de bouches à nourrir, ça demande plus de terre arable et plus de terre arable ça permet de nourrir davantage de bouches. Cycle infernal s'il en est ! Heureusement que de temps à autre une mauvaise saison provoquait de salutaires famines. Sans compter les épidémies dont la formidable Peste qui au milieu du XIVe siècle vint débarrasser L'Europe de 40% des canailles qui encombraient son sol. Et puis il y avait cette merveilleuse absence de médecine efficace qui faisait qu'on pouvait faire plus d'enfants qu'un curé n'en saurait bénir, il en mourait tant que c'était sans trop de conséquences.De plus, les gens avaient le bon goût de mourir jeunes. Et cela qu'on soit roi ou serf. Évidemment, la médecine moderne (celle qui, au contraire de la bonne médecine traditionnelle, a tendance à guérir les malades) est venue foutre le bazar dans ce merveilleux équilibre. Mais, malins comme des singes, les Européens ont remarqué qu'ils perdaient moins d'enfants. Du coup, ils en ont fait moins. Ça s'appelle la transition démographique.

Ce qui se passe sur les autres continents est différent. Parce que figurez vous que la rencontre entre l'Occident et le Tiers-Monde a foutu la pagaille. Les Occidentaux sont de bien tristes personnages. Non seulement ils ont exploité leurs frères exotiques mais, comble de méchanceté, il leur ont imposé leur médecine. En plus, quand une famine y sévit, arrivent avions et bateaux chargés jusqu'à la gueule de vivres. Du coup, la population explose littéralement car cela s'est produit très vite, pas petit à petit comme chez nous et la transition démographique s'y fait attendre. Au début des années 70, quand j'étais au Sénégal, on y comptait 4 millions 300 mille habitants. 45 ans plus tard, les voici rendus à 15,4 millions. Si on avait fait pareil, on serait 192 millions en Doulce France. On commencerait à se marcher sur les pieds comme de vulgaires Néerlandais... Vous me direz qu'au Sénégal, la forêt c'est réduit. Mais beaucoup de pays connaissent une démographie comparable. Ne serait-ce que pour faire la soupe, ça demande du bois. Et puis pour nourrir tout ce petit monde, il faut des sous, alors en plus de l'essartage en vue de culture vivrières, on défriche pour cultiver des produits exportables afin d'acheter vivres et autres commodités. En conséquence, tout plein de braves animaux sauvages voient leur terrain de jeux se réduire au point qu'ils n'ont plus le cœur à jouer et meurent de langueur. Nous, en Europe, on n'a pas ce problème : il y a bien longtemps que les bêtes sauvages, on les a liquidées. On tente bien d'en réintroduire un peu mais l'enthousiasme est faible.

Pour bien faire il aurait fallu que nous laissions épidémies et famines jouer leur rôle régulateur, mais non, au risque de nuire aux forêts et aux animaux qui les hantent, on s'y est opposé en envoyant médecins et nourriture. Un peu comme l'apprenti sorcier dépassé par les conséquences de sa magie, nous voici réduits à les déplorer. Et qui paie les pots cassés ? Les malheureux orangs-outangs, les pauvres tigres, les tristes éléphants, les jolis perroquets amazoniens et tout plein de fascinantes bestioles. Voilà ce qui arrive quand l'action brouillonne prend le pas sur la sereine réflexion.

NB : Cette année point besoin de bons vœux vu que grâce à M. Macron toutes nos attentes seront satisfaites.