« Mon âme ne connaîtra de paix que
lorsqu’on aura empalé le dernier éléphant sur la corne du cadavre du dernier
rhinocéros »
Saint
François d’Assise, in Pour en finir avec les pachydermes
L’éléphant a ceci de commun avec le tigre, l’otarie, le
chameau et le clown d’être très rare à l’état sauvage dans les collines du
Mortainais, les quelques spécimens qu’on peut y observer appartenant généralement
à des cirques de passage au triste spectacle desquels nul n’est contraint d’assister.
Son absence explique en grande partie mon choix d’y résider. Il se trouve que
de longues années de réflexion sur le sujet m’ont conduit, à l’instar du Poverello, à concevoir vis-à-vis des pachydermes en
général et de ce proboscidien en particulier une aversion qu’on ne saurait
qualifier de phobique tant elle est rationnelle.
Quoi de plus disgracieux, de plus nuisible et de plus
grossier qu’un éléphant qu’il soit d’Afrique d’Asie, de Limoges* ou
socialiste ? Déjà son nom devrait nous mettre en garde : il est en effet dérivé
du grec ἐλέφας signifiant à la fois ivoire et, par synecdoque, éléphant. Le seul
choix de cette figure de style montre à quel point cette bête est prête à tout
pour s’arroger une valeur qu’elle n’a pas. Notons au passage que le preux
Roland, pour appeler à sa rescousse son Charlemagne de tonton, souffla dans son
olifant. Or qu’est-ce qu’un olifant, sinon une déformation du nom de cet infâme
pachyderme ? Comment s’étonner dès lors que personne ne vint le secourir à
temps ? N’ayant pas été élevé à la cour d’Aachen, je ne me serais jamais permis
une pratique aussi révoltante dont les effets en matière de son équivalent à
ceux qu’on obtient en pissant dans un violon. Mais foin de digressions,
venons-en aux tristes faits.
L’éléphant
d’Afrique vit soit dans la savane, soit dans la forêt. Dans l’un et l’autre
cas, il fait l’objet d’une chasse sans merci tant le fier homme des plaines
herbeuses et le vorace pygmée sont friands de sa chair dont le goût rappelle
celui de la girafe avec en plus des arômes de fruits rouges et de balayures d’atelier
de mécanique générale. Bien que de petite taille, le pygmée est doté d’un
solide appétit : un éléphant cuit à la broche est le repas traditionnel qu’offre
un célibataire à son futur beau-frère en vue d’obtenir son soutien lorsqu’il
demandera la main de sa sœur (les oreilles et la queue, peu digestes sont
données aux chiens ou aux matadors de passage qui en raffolent).
Seulement, cet ingrédient de base de la gastronomie
africaine (nous ne saurions trop recommander l’éléphant et son coulis de mangue
cuisiné en papillote) présente en dehors de ses éminentes qualités gustatives
un intérêt économique certain du fait qu’il fournit un sous-produit appelé la
défense. Après avoir constaté que, quel que soit le temps de cuisson qu’on lui
consacre, la défense demeurait indigeste, l’homme préhistorique remarqua qu’elle
pouvait être utilisée pour façonner divers objets comme des boules de billards
ou des statuettes dont l’aspect rappelait celui des plastiques les plus fins.
Les Grecs, furent également séduits par cette matière au point d’orner leurs
temples de monumentales statues chryséléphantines (pour ceux qui se seraient
montrés distraits lors de leurs cours d’histoire de l’art grec : faites d’or
et d’ivoire). Celle qui ornait le temple de Zeus à Olympie, œuvre de Phidias,
fut même considérée comme la troisième merveille du monde, ce qui n’est pas
rien. Ce goût pour l’ivoire perdura et mena à la création d’un trafic hautement
rémunérateur qui connut une grande expansion avec la propagation des armes à
feu. En effet, sa chasse traditionnelle, qui s’opérait à l’aide d’une épuisette,
requérait une nombreuse main d’œuvre et donc en augmentait considérablement le
coût. De nos jours, une balle dum dum entre les deux yeux, deux coups de
tronçonneuse et l’affaire est dans le sac. Quel progrès ! Seulement, à force de se faire braconner, l’éléphant
vit son nombre se restreindre dangereusement et des âmes généreuses prirent sa
défense (ce qui est paradoxal vu que c’était exactement ce qu’on reprochait aux
braconniers). Le commerce de l’ivoire fut prohibé mais le massacre continua.
*L’espèce a heureusement disparu suite à la chasse dont il fut l’objet de la part des porcelainiers dont il ravageait les
magasins.
A Limoges les porcelets sont plus appréciés ...
RépondreSupprimerLes porcs hellènes qu'on importe de Grèce sont en effet très prisés des Limougeauds.
SupprimerTandis que les ports grecs deviennent chinois !...
SupprimerQuand arrivera lectoue des éléphants du PS? Un certain Frederick Courtney Selous aurait partagé votre avis en chassant cet animal avec un fusil de calibre 4 même si vers la fin de sa vie il en arriva au constat que vous faîtes : les éléphants disparaissent.
RépondreSupprimerJe ne les ai cités que pour mémoire, chose bien normale quand on parle d'éléphants.
SupprimerAu final ...ça reste une question de calibre comme le mentionne grandpas , et aussi Dominique question de masse ! Et aussi il restera des écrits , des pensées qui ne disparaitront jamais , telles les vôtres , merci .
RépondreSupprimerMerci d'anticiper sur une postérité qui me rendra justice.
SupprimerJe n'apprécie pas ces moqueries à l'égard des éléphants. Ce sont des animaux susceptibles, il n'est pas étonnant qu'ils disparaissent dès qu'ils lisent de semblables diatribes. Les braconniers ne sont pour rien dans cette disparition. Êtres incultes, ils seraient bien en peine de proférer ce genre d'insultes.
RépondreSupprimerJ'ajoute que votre texte choque mes convictions religieuses qui me portent vers l'adoration de Ganesh (le seul dieu qui ressemble à Babar). Contrairement à d'aucuns, je ne veux pas la mort du blasphémateur surtout s'il se repent. Pour vous éviter d'éventuelles représailles, je vous conseille de chanter à haute voix en présence d'au moins trois témoins cette profession de foi:
J'aime Papa
J'aime Maman
J'aime mon p'tit chien, mon p'tit chat, mon p'tit frère
J'aime Papa
J'aime Maman
J'aime ma p'tite sœur et mon gros éléphant.
Allez! Et ne péchez plus.
C'est chose faite, mais je crains que mon repentir ne soit que de surface.
Supprimerouaip ! Et en lpus... en slup... en plus, ils sont d'un dose routeux... d'un rose douteux.
RépondreSupprimerJe reviens sur ce point dès demain.
SupprimerMe faut-il hélas être le seul sérieux, ici ? Mon cher Jacques, j'ignore d'où vous sortez cette citation de saint François d'Assise, mais elle mérite d'être dite et redite. Néanmoins, si elle m'a mis aux anges, la suite semble beaucoup plus sérieuse. Je crains que vous abusiez du datura, comme ça, en loucedé. Et je ne saurai tolérer que vous n'en fissiez profiter vos plus fidèles lecteurs, je vous le dis tout net.
RépondreSupprimerVous m'avez fait découvrir cette plante et ses redoutables propriétés. J'en ignorais jusqu'au nom...
SupprimerEt rien sur Baby et Népal, les deux éléphantes du Parc de la Tête d'Or de Lyon, courageusement condamnées par le Préfet à être euthanasiées pour cause de tuberculose présumée mais non prouvée, et ignominieusement sauvées par la Princesse Stéphanie de Monaco.
RépondreSupprimerLes méfaits des Grimaldi seront un jour punis !
SupprimerEt voilà! Bravo! C'est réussi! J'ai pissé dans mon pantalon!
RépondreSupprimerOn devrait interdire la publication de ce genre de chose!
En tout cas c'est remarquablement drôle, merci.
Amitiés.
J'espère pour votre pantalon parvenir à être moins drôle demain.
SupprimerIl n'y a qu'à vous lire aux cabinets, sur tablette -bon, je sors... Je plaisante, mais il s'en est fallu de peu que mon caleçon subisse le même sort que le pantalon de Nouratin (enfin, cela ne veut pas dire que Nouratin a menacé de m'arroser, hein, n'allez pas croire cela !)
SupprimerA considérer ces joyeuses réflexions sur le Cheval puis l ' Eléphant , je me demande bien
RépondreSupprimerquelles vont être vos remarques ironiques sur l ' Ornithorynque ???
Oui , je sais , ils sont rares en Normandie ...
Jérôme
J'y viendrai peut-être un jour...
SupprimerMais ou sont les éléphants Hannibal et ceux des moghols qui permirent à ces derniers de vaincre les armées de la horde d'or.
RépondreSupprimerIl en sera question dès demain. Un peu de patience, que diable !
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