Une des différences entre des romans de P G Wodehouse
commandés en Angleterre et une glycine expédiée de la Drôme est que les
premiers arrivent bien plus vite que la seconde. J’ai donc pu me plonger dans
leur lecture et, comme les plus anglophones de mes lecteurs l’auront déjà
appris, cela me procure de purs moments
de bonheur.
Mes craintes d’un texte original difficile à saisir parce qu’écrit
dans un anglais un brin archaïque ou alambiqué se sont vite évaporées. Comme le soulignent
les nombreux extraits de critiques qui ouvrent le volume, la langue de Mr
Wodehouse est d’une rare perfection et d’une limpidité totale. Elle recèle bien
quelques expressions passées de mode que j’ai en vain cherchées dans mon Unabridged Harrap’s mais peut-il en aller autrement
lorsque l’on lit un auteur né dans le dernier quart du siècle avant-dernier ?
Le sens des expressions se devine par le contexte et leur côté suranné ne fait
que renforcer l’ambiance régnant dans la société révolue que dépeint l’auteur. L’emploi
d’un anglais pur et élégant a pour
conséquence de rendre la traduction aisée même si on perd ici ou là quelques
trouvailles comiques idiomatiques.
Si vous ne dominez pas le parler d’Outre-Manche, vous
pourrez donc prendre plaisir à entrer dans le monde de Wodehouse via les
traductions parues dans la collection 10/18. L’œuvre se compose d’une centaine
de volumes et s’organise en divers cycles dont les principaux sont les Jeeves et les Blandings. Les premiers, qui narrent les aventures d’un majordome
et de son aristocratique employeur Bertie Wooster , ont fait au début des
années 90 l’objet d’une série culte de la BBC, hélas inédite ici. Les seconds
se passent dans le château de Blandings, demeure du Comte d’Emsworth,
personnage dont la distraction et l’amour des cochons font un divertissant
excentrique. Il est entouré d’un majordome, de domestiques et de parents qui participent à l’établissement
d’un climat qu’on ne saurait trouver que dans la description amusée de l’aristocratie
britannique de l’entre-deux-guerres.
Et l’intrigue me direz-vous ? Sans en être un point
faible, on ne peut pas dire non plus que ce soit le principal intérêt de ces
romans. Si vous êtes en recherche d’épiques aventures, de sourds complots, de
tragiques machinations, de grandiloquents malheurs, d’érotisme brûlant, de
plaies, de bosses et de carnages, passez votre chemin : les histoires sont
légères et fines comme le style qui les narre. Il s’agit ici de se distraire !
Au moment où la verve de Mr Robert Rankin dont les romans me
ravirent un temps me semble s’essouffler
et où le long automne normand incite plus aux plaisirs du livre qu’aux
travaux extérieurs, je suis heureux d’avoir découvert cette abondante mine de
bonne humeur. Lecture futile, peut-être mais à l’exemple du bon Jean-Roger
Caussimont , je suis de plus en plus
léger…
Heureux homme! Il vous reste des Wodehouse (avec un seul o) à lire.
RépondreSupprimerJe m'en réjouis à l'avance !
SupprimerCher Jacques !
RépondreSupprimerComme vous citez Jean-Roger Caussimont , et qui plus est en le précédant du qualificatif de "bon", permettez-moi d'en profitez pour vous rappeler votre voisin (proche de Saint-Lô) et auteur-compositeur-chanteur Jacques Lebouteiller qui lui a consacré une fort belle et sympathique chanson intitulée "Matelot Caussimon" que vous pourrez découvrir sur www.youtube.com/watch?v=T7NLngr5LKo ou sur http://youtu.be/T7NLngr5LKo.
En espérant avoir pu bien insérer le ou les liens ...
Merci du renseignement !
SupprimerMerci du tuyau, je ne connaissais pas. Un seul regret, je n'aurai jamais la patience de les
RépondreSupprimerdéguster en anglais, pour moi ça friserait le déchiffrage. Mais comme vous conseillez la
traduction je céderai à la facilité.
Amitiés.
J'espère que vous ne serez pas déçu...
SupprimerMerci de ce partage qui va aider à faire passer l'hiver.
RépondreSupprimerC'est tout le mal que je vous souhaite !
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