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samedi 31 mars 2012

Pas de hiérarchie, s’il vous plaît !




Il semblerait qu’en ce moment ait lieu une campagne en faveur des langues régionales. Hier, je voyais à la télé un reportage sur l’apprentissage du créole à l’école ; ce matin, à la radio, c’était une bretonne qui expliquait à quel point il est enrichissant de posséder deux langues.

Voilà qui est bel et bon. Il se trouve que quelque part je me sens concerné par ce problème : mes deux parents étant  bretons bretonnants, j’ai bénéficié indirectement de ce bilinguisme. Dans les années vingt qui virent leur jeunesse, le breton était leur langue maternelle.  Le français, on l’apprenait à l’école. Et c’est de ça que j’ai tiré profit. Élevé par des gens qui parlaient un français pur, non contaminé par un quelconque patois  ou des tournures dialectales, je mes suis toujours exprimé dans une langue correcte. C’est un avantage.

Mes parents n’ont pas jugé utile de nous enseigner le breton. Il faut dire que son usage était d’une utilité relative dans la banlieue parisienne où nous habitions. Et puis, le breton, ils le réservaient pour  régler leurs dissensions, car ils en avaient,  sans que nous ne puissions les comprendre. Donc, à part quelques mots, je ne comprends ni ne pratique cette langue. Il est à noter que mes cousins ou cousines restés au pays ne le pratiquent pas davantage.

Il  semblerait qu’en dehors de quelques milliers ou quelques dizaines de milliers de locuteurs ayant appris un breton de synthèse dans les écoles Diwan (3500 élèves en 2011), seuls les très vieux continuent à s’exprimer dans cette langue ou plutôt dans un de ses dialectes locaux. Car chaque pays  a son dialecte. Ma mère me disait ne pas comprendre le breton pratiqué par les habitants du village voisin situé en pays de Cornouailles alors que sa commune était en Trégor. Il n’est donc pas garanti que les élèves de Diwan soient parfaitement compris par les locuteurs naturels…

Tout ça pour dire que mon attachement aux langues régionales est très modéré. Comme le regretté Georges Frêche, je ne saisis pas toujours l’intérêt d’apprendre une langue qui vous permet de parler avec des gens qui habitent à 3 kilomètres de chez vous.

Quoi qu’il en soit, si certains tiennent absolument à parler picard, breton, occitan, créole, basque ou toute langue locale, je ne vois pas au non de quoi on pourrait s’y opposer. A condition que ça ne se fasse pas au détriment de l’apprentissage du français. Ça comporte même des avantages : être bilingue facilite l’acquisition d’autres langues. Reste à savoir si cet apprentissage scolaire est susceptible de mener au bilinguisme. Quand on voit ce à quoi mène l’enseignement de l’anglais, on est en droit d’émettre des doutes.

Là où le bât blesse, c’est  le discours tenu par ceux qui militent en faveur  de ces langues : s’agissant du créole comme du breton les intervenants ont déclaré qu’ils visaient à effacer la hiérarchie entre les deux cultures. La française, allez savoir pourquoi, ayant jusque là tendance à écraser la locale de sa prétendue supériorité. On croit rêver ! Même si certaines langues locales, Mat vous l’exposera mieux que moi,  comme le picard et l’occitan peuvent se vanter d’une culture littéraire aussi ancienne que la française,  il me semble qu’aucune ne puisse, et de loin, rivaliser au fil des âges en volume et en qualité avec  cette dernière. Sans parler des autres domaines culturels. De combien de publications scientifiques  le picard peut-il se vanter ?

Tout cela relève d’une mentalité qui tend à soutenir que tout se vaut. Nous en avons eu une illustration par la levée de boucliers qu’ont provoquée les déclarations de M. Guéant sur la hiérarchie des cultures. C’est d’autant plus inquiétant qu’on peut se demander  quel avenir peut avoir un pays qui ne croirait pas plus à sa culture qu’à celle de n’importe quelle autre, si rudimentaire soit elle.

18 commentaires:

  1. Ma mère était occitane et ne m' a jamais appris à parler cette langue régionale à mon grand regret.

    Sa réponse était toujours la même : " A quoi te servirait elle dans cette région"; dans ce cas précis, le Nord-Pas de Calais, où le chti-mi est plus présent. Ce n'est pas pour cela que je parlais ce dialecte,là aussi ma mère me l'interdisait pour ne pas m'embrouiller en français.

    A la vue de mes notes dans cette matière et le nombre de fautes que je fais encore, l'apprentissage ne fut pas parfait.

    En conclusion, je regrette encore que ma mère ne m'est appris l'occitan, j'aurais peut être eu l'esprit plus ouvert aux autres langues.

    L' histoire se reproduit car mon épouse n' a jamais appris un seul mot de mandingue (mandinka au Sénégal) afin qu'ils se consacrent à la seule langue française.

    Pour l'enseignement de l' anglais, je pense sans vous offusquer cher Jacques-Etienne qu' il s' agit de la méthode dont ce dernier est enseigné.

    Car faire répéter à un gamin: " Where is my umbrella" ne donne pas spécialement envie d'apprendre une langue.

    Une de mes filles a plus appris l' anglais en regardant des films ou des séries en VO sous-titrés en français qu' en 8 ans d'enseignement scolaire.

    Voila,voila!!

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    1. Je n'ai rien contre (ni pour) les langues régionales, tout ce que je regrette c'est qu'on veuille les mettre à égalité avec la langue française porteuse d'une culture autrement plus riche, c'est tout.
      Quant à l'enseignement des langues, il est en pleine révolution : on a récemment introduit une nouvelle démarche que j'ai vu foirer lamentablement en Angleterre il y a plus de vingt ans.

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  2. Le bilinguisme n'est qu'une solution provisoire. L'objectif est de remplacer le français par une langue régionale. Toute culture qui ne croit pas à sa propre supériorité (ou à sa propre excellence) ne mérite pas d'être défendue.

    En Belgique, il est interdit de parler français dans les territoires dominés par les Flamands. En Catalogne espagnole, il est très mal vu de parler castillan, dans la mesure où c'est la langue du colonisateur. Il en est de même au pays basque, je suppose.

    Toutes ces bêtises sur l'égalité des cultures ne tiennent pas la route. Cette personne qui s'exprimait à la radio ne croit pas vraiment à ce qu'elle dit.

    Le français est attaqué sur deux fronts : par l'anglais sur le plan international et par les langues régionales ou minoritaires sur le plan national. Si rien n'est fait pour le protéger, il pourrait connaître le sort du latin et du grec ancien. On devrait s'inspirer des Québécois qui ont bien conscience d'être minoritaires.

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    1. Je suis d'accord avec vous : en Espagne on est en train de détruire une unité linguistique nationale difficilement acquise. Les catalans pourront toujours échanger en anglais avec les castillans : ils parlent généralement très mal cette langue !

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  3. Cette personne qui s'exprimait à la radio ne croit pas vraiment à ce qu'elle dit.
    Si, justement, puisque croire c'est adhérer sans réflexion.
    Jacques Etienne, soyez cohérent et appelez à voter Le Pen.

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    1. Je crains que vous n'ayez raison sur le premier point.

      Quand au deuxième, comment pourrai-je appeler qui que ce soit à un vote quelconque quand mon choix n'est pas arrêté et que je risque de ne me décider que dans l'isoloir (comme souvent)? Disons que ça ne sera en aucun cas, comme depuis plus de trente ans, pour un candidat de gôche. Mais vous vous en doutiez déjà, non ?

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  4. Si vous vous intéressiez aussi à ces quelques 500 000 Indiens qui chaque année se lancent dans l'apprentissage du français, première langue étrangère étudiée en Inde, si on tient compte du fait que l'anglais n'est pas considéré comme "langue étrangère" ?

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    1. Voilà une nouvelle qu'elle est bonne. Il y en a probablement autant qui font de même au Royaume-Uni.

      Je pense que le picard et le franco-provençal ont moins d'adeptes. Allez savoir pourquoi ? En dehors de l'oppression culturelle, je n'y vois aucune raison valable.

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    2. Il faudrait se pencher sur les courants idéologiques qui président à ce genre de modes. Par exemple, je pense que le breton a dû bénéficier de la mouvance néo-celto-pagano-fumiste.

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  5. La langue régionale why not ? (quoi que ainsi que vous l'indiquez de village en village personne ne parlait la même dans les temps anciens) J'aurais tendance à réserver cette option aux élèves dont le niveau de Français est impeccable (je suis une sale élitiste, je l'assume...)ce qui ne va pas faire beaucoup d'élèves, vous en conviendrez...

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  6. Un fameux exemple, un de plus, de gaspillage des deniers publics que ces histoires de langues régionales.
    Si les gens ont envie d'apprendre le breton ou l'alsacien à leurs enfants (ma mère était alsacienne pratiquante, si je peux dire ça comme ça...) grand bien leur fasse, mais chez eux. Et certainement pas à l'école.
    Le parallèle a été souvent fait, mais il mérite d'être rappelé, entre l'avancée de la construction européenne et les revendications régionalistes.
    Au fur et à mesure que les nations européennes se défont sous les coups du despotisme administratif bruxellois, les "identités régionales" ressurgissent.
    L'Union Européenne, ce phare de la modernité, est en train de redécouvrir la féodalité.

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    1. Oui !
      Et à ce sujet je ne peux que vous recommander de lire l'article de Pierre Hillard intitulé "La Grande Europe ou le grand basculement ? "
      Le dernier paragraphe stipule :
      "Nous pouvons même aller plus loin. Les populations extra-européennes, dans le cadre des droits de l'homme et du droit à la différence seront en mesure de réclamer une extension de ces droits en leur faveur. Les textes germano-européens les y autorisent. Qui plus est l'entrée programmée de la Turquie dans l'Union européenne accélèrera cette implantation ethnique musulmane sur le continent. De nombreux Kosovo sont à prévoir. L'Europe se fragmentera encore plus. Inévitablement des rivalités inter-ethniques liées aux intérêts économiques et à l'égoïsme inhérent de l'homme favoriseront des guerres multiples. Ce sera "La guerre du feu" et "Mad Max" réunis. L'Europe est malheureusement engagée dans une spirale infernale. En effet un sage du siècle dernier disait : "D'ordinaire, en politique, les effets sont aperçus quand ils commencent à de produire, c'est à dire quand il est trop tard.""

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    2. Je suis d'accord avec vous deux. Si nous n'y prenons pas garde, le pays va se scinder en un myriade de collectivités régionales ou culturelles réduisant à néant l’œuvre difficilement réalisée par plus de mille ans d'efforts de la royauté comme de la république. Un grand bond en arrière au nom du progrès !

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  7. Tout à fait d'accord, ce sont toujours les mêmes corniauds qui nous tirent vers le bas. A une époque où,
    même si c'est dur à avaler, il serait d'urgente nécessité
    d'apprendre convenablement l'anglais, on vut nous faire
    revenir au picard et au breton. Libre à chacun d'apprendre le patois qui lui plait mais qu'on nous foute la paix avec ces âneries de débiles.
    Content de vous connaître.
    Cordialement.

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  8. Je suis d'accord avec vous sur le fond, mais après le dernier texte de Xyr, qui voit dans la nation une création du jacobinisme, je crois quand même devoir faire une petite remarque.

    Il est indéniable que l'uniformisation de la langue sur le territoire français a contribué à un renforcement de notre unité, ou à une certaine conception de notre unité. Mais il faut se garder d'aller jusqu'à dire que la nation France est née de la Révolution ou du jacobinisme.

    Pas seulement parce que c'est un argument fréquent des gauchistes, mais simplement parce que c'est faux. Je l'ai dit ailleurs, je le redis ici : nous sommes l'une des nations d'Europe qui ont pris le plus tôt conscience d'elles-même. Dès le Moyen Âge, le concept de France, perçu en tant que valeur et avec déjà un attachement sentimental que seul l'anachronisme du mot empêche de qualifier de "patriotique", est attesté sans le moindre doute, et ce en dépit de l'existence de parlers locaux et d'identités régionales plus fortes et plus marquées qu'aujourd'hui. L'un n’empêchait pas l'autre.

    Lorsque les gauchistes nous disent que notre nation est récente et que nous pouvons donc y renoncer sans regret, c'est un mensonge. Je n'en démordrai jamais.

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    1. Je suis tout à fait d'accord avec vous : la nation française s'est bâtie au fil de nombreux siècles, comme je le soulignais dans mon commentaire de 08.25. C'est plus l’œuvre des rois que de la république. Que la république en ait renforcé le centralisme en supprimant les états et les parlements de province, c'est certain. Mais organiser différemment n'est pas créer. Il y aurait beaucoup à dire sur l'idéologie républicaine qui a tendu à noircir l'ancien régime afin de faire croire à ceux qu'elle endoctrinait qu'il avaient gagné au changement. Il aura fallu presque cent ans pour qu'une majorité commence à y croire...

      Quand à renoncer à la nation, il faudrait être fou ! Il me paraît évident que c'est notre plus grande richesse, dommage qu'on la brade en offrant la nationalité française à qui se donne la peine de naître sur notre sol et de profiter des avantages que cela lui procure.

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    2. Mais oui.
      Si mes souvenirs sont bons Michelet, qui était pourtant affreusement partial envers la Révolution, comme on sait, situait l'acte de naissance de la France dans le conflit de Philippe le bel avec la papauté.
      Ce qui personnellement me parait bien tardif, mais enfin...

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