..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 13 mars 2012

Parole de candidat



-    Maintenant M. le président, c’est Jacques, retraité depuis peu dans le département de la Manche, qui va vous poser sa question.
-    Bien !
-    Bonsoir M. le président, voilà, je voudrais vous parler du problème des cabines de douche qui fuient.
-    Je vous écoute, Jacques. C’est bien Jacques ?
-    Oui, Jacques, M. le président. Voilà : il y a quelque temps, j’ai acheté une cabine de douche chez Bao, à Vire.
-    Ah, Vire ! L’andouille !
-    Oui, M. Le président ! Vire, l’andouille, un peu comme « Casse-toi pauv’ con ! »
-    Vous avez de l’humour, Jacques !
-    Merci, M. le président. Donc j’ai acheté une cabine de douche et depuis je n’ai que des ennuis avec : d’abord, j’ai cassé une paroi en verre, puis j’ai fini par la monter, faire les joints de silicone et quand j’ai voulu la tester, elle fuyait comme un évadé fiscal ! J’ai donc démonté la cabine, gratté les joints, ce qui n’est pas de la tarte…
-    Je sais Jacques, le joint de silicone est plus facile à poser qu’à enlever, un peu comme les réformes socialistes…
-    Enfin, j’y suis arrivé. J’ai ensuite remonté la cabine, refait les joints, retesté et ça coulait toujours. Moins, mais quand même… J’ai rectifié certains joints, ça s’est encore amélioré mais ça goutte quand même un peu…
-    Bien, Jacques, nous avons compris votre problème mais le temps tourne, pourriez-vous poser votre question à M. Sarkozy ?
-    Eh bien voilà, M. le président, je voudrais savoir, au cas où vous seriez élu, ce que vous comptez faire pour tous les français dont la cabine de douche fuit malgré tous les efforts qu’ils font pour y remédier.
-    Eh bien, Jacques, je vais vous le dire.  Dès le lendemain de mon élection, si les Français me font confiance, je demanderai qu’un texte de loi soit présenté au parlement  interdisant la vente des cabines nécessitant des joints de silicone.
-    C’est bel et bon, M. le président, mais en attendant, qu’est-ce que je fais ?
-    Eh bien Jacques, je vais vous faire une promesse : si je suis élu, je m’engage à venir moi-même, sous quinzaine,  je dis bien sous quinzaine, vous donner un coup de main et croyez-moi, ce serait bien le diable si à deux, nous ne parvenons pas à mettre fin à ces fuites.
-    Merci, M. Le président.
-    De rien, Jacques.
-    M. Le président, maintenant, c’est Didier, écrivain en bâtiment dans l’Eure, qui voudrait vous poser une  question sur…

Cette conversation n’a pas eu lieu (ce qui est bien dommage, car je n’ai toujours pas de solution à ma fuite).  L’idée m’en est venue en regardant hier soir le président Sarkozy répondre aux « questions des Français ».  Une chose m’a frappé : on demande au président ou au candidat à la présidence de répondre si possible de manière satisfaisante à des questions portant sur toutes sortes  de domaines. Si par extraordinaire, l’interrogé se déclarait incompétent sur la matière, il serait jugé indigne du poste qu’il brigue. On exige en gros qu’il soit une sorte d’homme orchestre omniscient. Ensuite, on reproche au président de se mêler de tout.

C’est le problème de la dérive démagogique. On imagine mal des Français poser leurs questions au Général De Gaulle sur un ton plutôt familier.  La France, les Français, les médias ont changé. Aujourd’hui, il faut donner la parole au « peuple », lui donner l’impression qu’il compte.

Le président, plus que tout autre, se doit d’être à son écoute, de partager la moindre de ses inquiétudes. Et on a le brave culot d’exiger de lui qu’il fasse preuve de hauteur de vue. Il faudrait choisir, non ?

16 commentaires:

  1. Mince ! je ne saurai jamais la question que j'ai posée !

    (Et puis, cette horripilante manie de réduire les gens à leur prénom…)

    RépondreSupprimer
  2. Vous avez absolument raison Jacques.
    Ce ton de mise entre les "citoyens" et les candidats à la présidence (quand ce n'est pas comme hier le président lui-même) me révulse absolument, cette intimité obligatoire (dans cinq ans je prends le pari que le tutoiement sera de rigueur), cet effondrement du sens de la hiérarchie, l'inexistence de toute distance, la confusion entre homme et fonction, en toute réciprocité, c'est d'une hypocrisie tout à fait malsaine et complètement ridicule.
    Moi j'attends de la hauteur de vue et le respect des convenances : on ricane pas au nez du président comme on le fait dans sa cité de merde devant les "boloss", et quand on est président on n'appelle pas François Dubouraud "François". Et on attend du Président de la politique, du combat, un cap à suivre pour la destinée de notre pays, une impulsion, de la hauteur, de la grandeur, pas une maman qui va venir nous cajoler de nos petites misères individuelles.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il me semble que tout ça va dans le sens d'une histoire qui nous mène à l'abîme.

      Supprimer
  3. Merde,
    je suis d'accord avec vous.

    Ce qui est amusant avec cette émission, c'est que sous couvert de parler vrai, d'échange avec le populo, on assiste à un véritable cloisonnement de la parole politique. Les questions qui fâchent ne fâchent qu'en apparence. Plus personne ne croit vraiment que la politique puisse changer quoi que ce soit mais chacun fait semblant. Et puis, bien entendu chacun pose une question en se demandant en effet : "qu'est-ce que le Président (ou tel candidat) peut faire pour moi ?" L'intérêt général (de Gaulle ?), non, non, je ne vois pas...

    Le meilleur, c'était Bayrou, avec ses petits schémas et graphiques.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il n'est aucunement dommage de partager certains points de vue avec des gens avec qui on diverge généralement.

      Supprimer
  4. Et que dire de la journalope qui se fait la porte-parole du fils Kadhafi ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne suivais pas bien à ce moment : je n'ai entendu que la réponse.

      Supprimer
  5. On imagine mal des Français poser leurs questions au Général De Gaulle sur un ton plutôt familier.

    Et on n'imagine surtout pas de Gaulle se plier à ce genre d'exercice.
    Mais n'est-ce pas un peu comme dans la course aux armements ? Dès lors que vos concurrents acceptent de passer dans ce type d'émission, n'êtes vous pas obligé de suivre le mouvement ?
    J'ai du mal à me faire une idée définitive, mais il me semble que l'homme politique qui oserait dire non à ce genre de cirque ne s'en trouverait pas forcément plus mal dans l'opinion publique.
    Alors, messieurs et mesdames les candidats, le changement c'est maintenant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je crains l'opinion publique n'apprécie pas de tels refus. Elle n'est pas constituée que de gens raisonnables.

      Supprimer
  6. vous oubliez que Kadhafi a été accueilli dans les jardins de l'Elysée avec armes et bagages (plus la tente.)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, mais on ne peut pas dire qu'ensuite M. Sarkozy se soit montré particulièrement amical à son égard.

      Supprimer
  7. J'attends maintenant impatiemment la fin de cette campagne. C'est trop éprouvant pour les nerfs. En plus, je ne sais pas si je vais pouvoir cacher encore longtemps mon appartenance aux forces du Mal à mes amis, avec toutes ces discussions à tous propos, et c'est fatigant de devoir rebâtir le cercle de ses relations tous les cinq ans. Finalement, le septennat, ça avait du bon.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et la monarchie ? Ça nous éviterait les présidentielles...

      Supprimer
    2. Aristote disait que la procédure la plus démocratique était le tirage au sort (les citoyens étant tous égaux, n'est-ce pas...).
      Je crois que nous devrions procéder ainsi. Gain de temps, d'argent, et je ne crois pas que nous nous en porterions plus mal.

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.