« Tu peux voter pour qui tu veux, c’est toujours le gouvernement qui est au pouvoir » cette phrase que je vous traduit, je l’ai lue il y a presque cinquante ans dans des toilettes publiques à Londres . Je l’ai retenue parce que je la trouvais amusante. J’y repensais ce matin et j’ai réalisé qu’elle n’était pas qu’amusante. En effet, le peuple élit des gens qui gouvernent en leur lieu et place et souvent sans tenir grand compte des raisons qui les ont fait élire. C’est ce que l’on appelle la démocratie représentative.
Ainsi, le semi-vieillard qui vous parle a-t-il eu le droit de vote il y a un peu plus de cinquante ans alors qu’on ne l’obtenait qu’à 21 ans. En avril prochain, il pourra donc, avec toute la gravité qu’un tel geste suppose, glisser son bulletin de vote dans l’urne pour la neuvième présidentielle depuis 1971. J’ai participé à 7 de ces scrutins et je compte bien participer au neuvième. Le premier, en 1974, m’avait trouvé en Angleterre, bien plus intéressé, pour des raisons qui tendent à m’échapper avec le temps, par les demoiselles britanniques que par MM. Giscard d’Estaing et Mitterrand. Sur les 7 autres, je n’ai voté que deux fois pour le gagnant : Chirac en 95 et Sarkozy en 2007. Ces deux hommes m’ont bien déçu. Après une campagne à droite toute, ils ont mené une politique d’extrême-centre. En gros, pour tout dire, j’ai toujours voté pour des perdants ou des « traîtres ».
Au scrutin qui vient, je m’apprête à voter aux premier et second tour pour la perdante ou à m’abstenir au deuxième au cas ou ma perdante n’y serait pas.
Cela m’amène parfois à me demander si mon vote à une quelconque importance. Certes, il n’est pas totalement indifférent de voir que les sondages créditent ma candidate de 44 ou 45 % des suffrages au deuxième tour soit à peu de choses près le score de Mitterrand face à De Gaulle en 1965. Que de chemin parcouru depuis 2002 ! On me dira que ce ne sont que des sondages truqués, qu’il est tout à fait possible, sinon probable, que M. Lassalle ou M. Zemmour soit élu au premier tour avec une majorité écrasante. Tout est en effet imaginable…
Même en rêvant (mais je ne suis pas très doué pour le rêve) que ma candidate gagne, rien ne garantit qu’elle pourrait ou voudrait mener une politique qui me convienne, ne serait-ce que partiellement. D’un autre côté, vu que je m’intéresse à la politique, pourquoi m’abstiendrais-je ?
Il en va de même pour bien d’autres domaines : je n’ai jamais ressenti la panique que provoqua il y a deux ans l’apparition du Covid. Face à la crise Ukrainienne, plutôt que de suivre les délires sentimentaux de nombre de mes concitoyens, je crois dur comme fer à la nécessité de s’asseoir à la table des négociations plutôt que de jouer les va-t-en guerre. Mon opinion ne changera rien au résultat final : les fous peuvent l’emporter et mener le Monde à un conflit inouï... ... suvi de négociations.
En résumé, je me demande parfois de quoi je me mêle. Vu qu’en dernier ressort, ce sont toujours les gouvernements, sages ou fous, qui dirigent.