..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 9 décembre 2018

La pétanque, le bricolage et la découpe de viande, voilà les dangers !

Nous sommes toujours en république. L'apocalypse n'a pas eu lieu. Il faudra attendre la semaine prochaine, la suivante voire plus tard. L'action préventive de nos forces de l'ordre nous a évité ce désastre. La prévention, c'est comme la défense dont la meilleure forme, définie par les Monty Python il y aura bientôt cinquante ans, est de frapper votre adversaire avant même que l'idée de vous attaquer ne lui soit venue à l'esprit. Ainsi furent arrêtés de potentiels manifestants ayant dans leur coffre de voiture des boules de pétanque ou des tournevis. Notons au passage que le violent gilet jaune est non seulement très méchant mais ne regarde pas à la dépense et ne ménage pas sa peine. C'est ce qu'on ne peut manquer de penser quand on compare le prix de la boule et le fardeau qu'elle contraint à porter à la gratuité d'un pavé trouvé sur place.

D'autre part, rien ne prouve que ces boules avaient pour destination d'être utilisées comme des armes de jet létales. On peut penser que, pour certains, se promener toute la journée sur las Champs-Élysées puisse sembler ennuyeux à la longue et qu'afin de passer le temps ils y apportent leurs boules au cas ou des parties s'y organiseraient...

Quoi qu'il en soit et qu'on le veuille ou non, la boule de pétanque est devenue une arme par destination au même titre que le tournevis. Cela m'inquiète d'autant plus que je détiens en ma demeure trois boules de pétanque et un grand nombre de tournevis. Que m'arriverait-il, si, montant d'un cran, l'action préventive menait les autorités à perquisitionner les domiciles à la recherche d'armes par destination ? Devrais-je cacher ces objets ainsi que mes couteaux et ma feuille de boucher ? Si leur cachette venait à être découverte, cela ne me rendrait-il pas encore plus suspect ? Devrais-je, la mort dans l'âme, porter tout ça au bac des métaux de la déchetterie ? Solution dangereuse, car ce faisant, en cas de contrôle de mon véhicule, je me verrais accusé de transporter un véritable arsenal.

J'avoue ne plus savoir que faire alors que, loin de rêver de violences gendarmicides, mes préoccupations du moment sont de rénover une chambre pour la venue de ma fille à Noël et de réparer la chasse d'eau des waters du rez-de-chaussée!

samedi 8 décembre 2018

Quelle horreur !

Figurez-vous qu'on a vu des lycéens à genoux les mains sur la tête entourés de robocops haineux ! Quelle humiliation ! Tout ce que la France compte de belles âmes et de crétins en est bouleversifiée. C'est ainsi que la France traite ses malheureux tits nenfants ! La dictature est en marche ! Aux armes citoyens, etc. !

Des lycéens donc. Pacifiques par définition. Des enfants (notons au passage la géométrie de plus en plus variable du terme. Le lycéen n'est qu'un enfant quand on le réprime et un citoyen totalement responsable quand il dégoise) assoiffés de savoir qui ne demandent qu'à exceller à condition qu'il n'existe aucune sélection.

Certaines mauvaises langues mettent en doute qu'il ne s'agisse que de lycéens. Il vont jusqu'à suggérer que nombre de ces humiliés seraient en fait des racailles mettant à profit un innocent monôme estudiantin pour se livrer à leurs hobbies. C'est d'autant plus absurde que chacun sait qu'il ne saurait y avoir de racailles dans les lycées et encore moins à l'extérieur, surtout dans de coquettes et paisibles cités comme Mantes-la (si bien nommée)-Jolie.

Maintenant, et quelle que soit la nature véritable des trublions « humiliés » et les actions qui aient amené la police à les faire s'agenouiller mains sur la tête, est-ce que c'est si grave ? Peut-on réellement considérer qu'il se soit passé quoi que ce soit de vraiment révoltant ?

Les mêmes personnes qu'attristerait l'incendie de leur voiture, qui disent soutenir les forces de l'ordre, qui souhaitent que l'ordre public soit maintenu se mettent à pousser les hauts cris dès que leurs forces chéries entrent en action pour neutraliser les (potentiels dans le meilleur des cas) incendiaires et maintenir un semblant d'ordre. J'aimerais les voir à l’œuvre ou simplement qu'ils suggèrent des manières efficaces de calmer cent-cinquante chérubins exaltés. Ces héros qui baissent les yeux devant la moindre racaille, ces courageux qui laissent se dérouler sous leurs yeux des agressions dans le métro sans intervenir, se révoltent à la vue de scènes anodines et nécessaires. On ne peut que constater que l'héroïsme est lui aussi à géométrie variable : forts face à un État qu'on sait faible, faibles avec la racaille. Toujours contradictoires, il sont pour l'ordre et contre les moyens de son maintien.

Ces contradictions ne sont qu'un signe parmi tant d'autres de la décadence de notre pauvre pays.

mercredi 5 décembre 2018

Voyage en Macronie insurrectionnelle.

Hier j'ai passé 8 h sur la route reliant le Limousin à la Normandie. On en voit des choses sur plus de 500 km : des « barrages », des radars et un chevreuil. Des « barrages », j'en ai passé quatre. Mes guillemets s'expliquent par le fait que sur les quatre seul un barrait quelque chose. Les trois autres consistaient en un campement tenu principalement par de dangereux retraités assoiffés de sang qui se contentaient d'adresser des signes amicaux à ceux qui comme moi klaxonnaient en signe de soutien. Ce fut le cas à deux ronds points à la sortie de Limoges et à celui de Bellac.

Le quatrième, un peu avant Loudun était d'une autre nature. Quelques kilomètres en amont un panneau de signalisation routière indiquait que la route était interdite aux poids lourds. A un carrefour, un homme d'un certain âge portant gilet orange faisait des signes du bras. Il semblait conseiller aux véhicules de se déporter vers la gauche. La voiture qui me précédait s'engagea sur la petite route à gauche. Pensant que ça devait être un gars du coin qui rentrait chez lui et que l'homme au gilet orange était là pour mettre en garde contre l'approche de travaux routiers justifiant la déviation des poids lourds , je me déportai sur la gauche et continuai tout droit, un peu étonné de ne pas voir le moindre engin des travaux publics. Je compris tout quand j'aperçus au loin une très longue file de camions à l'arrêt. Je fis donc demi tour afin de ne pas me trouver bloqué et ensuite empruntai la voie qu'indiquait le vieil homme. Celle-ci était dans un état lamentable : couverte de boue avec des accotements bien creux et fangeux à souhait qui rendaient le croisement avec les véhicules venant dans l'autre sens un peu inquiétants. Ce voyage me permit de voir l'ampleur de la file de camions qui dans les deux sens étaient bloqués.

A quelque chose malheur est bon : ça me permit de traverser Loudun, petite ville de la Vienne. et de bénéficier de son système de signalisation approximatif et de constater que, comme bien d'autres de sa catégorie, cette bourgade avait connu de meilleurs jours. Connaissant les villes et villages avoisinants qui seuls étaient indiqués, je parvins finalement à retrouver la route d'Angers. Passé Loudun, pas plus de Gilets Jaunes que de beurre au tribunal. A croire qu'à Laval, à Mayenne ou à Domfront l'espèce est inconnue.

Ce qui m'a le plus frappé c'est que sur des centaines de kilomètre plus un seul radar ne faisait son office. Certains avaient visiblement été incendiés, d'autres peints et beaucoup occultés que ce soit avec du scotch et du plastique ou par un gilet jaune. Ce qui ne changeait rien au comportement des conducteurs qui ralentissaient à leur approche juste au cas où par hasard ils auraient été laissés en état de marche. Ce qui m'étonna c'est que visiblement personne ne semblait se soucier de remettre en services ceux qui auraient pu l'être...

Venons-en au plus agaçant des « événements » de ce parcours « héroïque ». Presque parvenu chez moi, j'aperçus au bord gauche de la route la forme d'un animal de belle taille qui aurait pu être un gros chien ou un chevreuil. Approchant, je vis qu'il s'agissait d'un jeune de la deuxième catégorie. Comme le veut la tradition, cette bête idiote courut se mettre au milieu de la toute. Je parvins cependant à l'éviter en freinant comme un malade, car même petits ces sales bêtes sont susceptibles de causer bien des dommages à une voiture. Je serais assez d'avis qu'on les déportât tous à Paris, ville où on doit les aimer et où des loups (qu'on y aime également et qu'on devrait y importer) se chargeraient d'en limiter la prolifération.

Voilà. Au contraire de ce que prévoyaient certains amis sur Facebook, ce voyage ne m'a pas pris cinq jours. Tout au plus ai-je, pour traverser en partie un pays « à feu et à sang », perdu un quart d'heure...

dimanche 2 décembre 2018

A quoi bon ?

Dire que, suite aux événements d'hier, je suis outré, scandalisé, écœuré, bouleversifié, que j'ai mal à la France, que j'en ai honte  serait exagéré. Autant s'indigner que février soit moins chaud que juillet. Il y a une logique des choses. Et cette logique veut qu'organiser des manifestations pacifiques ou pas dans les métropoles de ce pays revient à y provoquer des émeutes. Parce que ces métropoles contiennent le quota nécessaire d'extrémistes de tout poil et de racailles diverses qui permet que tout rassemblement réellement protestataire dégénère en troubles graves à l'ordre public. Il est certain que si l'on proteste contre la maltraitance des chatons mignons ou pour le port de pyjamas en pilou, les risques sont moindres.

Ce qu'on a pu constater hier était aussi prévisible que ce qui s'était passé la semaine d'avant. Que cette violence discrédite le mouvement qui est à son origine ou un gouvernement incapable d'assurer le maintien de l'ordre, qu'importe ? Chacun fera son choix ou l'a déjà fait. Ce qui ne change rien au fond du problème qui est l'inexorable augmentation de taxes qui met à mal le pouvoir d'achat de bien des catégories et surtout celui des plus modestes au nom de « nobles causes » qui ne sont en fait que des prétextes pour masquer l'incapacité des gouvernements à juguler la dette et sa cause, la dépense publique.

Bien que retraité, fumeur, utilisateur d'un véhicule Diesel et me chauffant au fioul, j'accepterais volontiers des sacrifices à une condition : qu'ils permettent de vraiment redresser le pays. Ma bonne volonté s'explique par ma situation : mon niveau de revenu me suffit largement vu mes goûts modestes et mes faibles charges. Ce n'est pas le cas d'un smicard locataire et chargé de famille. Que dire de ceux pour qui le montant d'un SMIC à temps plein n'est qu'un rêve ? Je comprends leur colère et la soutiens. C'est au niveau de ses modes d'expression et des solutions envisagées que mon approbation s'amoindrit. Il est certain qu'un gouvernement est toujours impressionné par les troubles à l'ordre public et cela d'autant plus qu'il n'est pas prêt à mettre les moyens nécessaire à son rétablissement par crainte que la répression n'aggrave le problème. Mais l'insurrection ne mène à rien.

Ne serait-il pas plus raisonnable d'organiser des sit-in ? Cette méthode permettrait de voir si répression injuste il y a, favoriserait peut-être une une plus grande mobilisation et surtout séparerait le « bon grain » de l' « ivraie », les assis ne cassant rien. Plutôt que des blocages préjudiciables au commerce et aux déplacements, ne pourrait-on lancer des pétitions susceptibles de rassembler des millions de signatures ? Croire que le rétablissement de l'ISF soit un outil magique est illusoire. Peut-être que l'établissement d'un taux de TVA supérieur sur les produits de luxe pourrait résoudre une partie du problème ? Mais la véritable solution me paraît l'abaissement de la dépense publique qui n'a pas forcément pour corollaire moins de services. Arrêter de jeter, comme le recommande la Cour des Comptes, une partie de l'argent par les fenêtres est une priorité absolue.

N'étant spécialiste de rien, je ne sais pas si mes suggestions sont viables ou utiles. Tout ce que je sais, c'est que continuer des manifestations comme nous les avons connues ne mènera à rien de bon.

mercredi 28 novembre 2018

Vers un décembre 2018 ?

Depuis le temps que certains attendent en vain un nouveau mai 68, il semble que nous soyons plutôt partis pour un décembre 2018 qui, s'il se produisait, n'aurait rien à voir avec ces événements d'il y a cinquante ans qui font s'embrumer les yeux de tout ce que la France compte de vieillards gauchisants. Car tout a changé.

En mai 68, on connaissait le plein emploi, les banlieues ne s'enflammaient pas pour un oui ou pour un non, le Parti Communiste et la CGT cornaquaient la classe ouvrière, la révolte était le fait de jeunes petits-bourgeois rêveurs que leur avenir ne préoccupait pas particulièrement , l'armée, moyennant certains aménagements, était prête à intervenir si les choses se compliquaient, le Président, quoi qu'on en dise et comme le montrèrent les subséquentes élections, bénéficiait d'un fort soutien populaire, des grandes entreprises généralement basées en France étaient en mesure de supporter des augmentations de salaire, le budgets était en équilibre, etc.

Que reste-t-il de tout cela ? RIEN. Et c'est ça qui peut inquiéter si se déclenchait une révolte de grande ampleur : pas de partis capables de la canaliser, des jeunes, trop souvent chômeurs (ils ne savent pas traverser la rue) qui ne se voient que difficilement un avenir, une armée pas forcément très macroniste, un président complètement discrédité, des multinationales promptes à délocaliser pour que baissent les coûts, des budgets en grave déséquilibre, etc.

Tout est réuni pour que cette révolte, si elle se déclenchait, soit difficilement canalisable et qu'elle parte dans tous les sens avec tous les dangers que cela comporte.

Le plus dangereux est peut-être la totale incompréhension que semble avoir le pouvoir en place face à la montée des mécontentements. On lui parle difficultés au jour le jour, il répond long terme. On lui demande respect, il se montre méprisant. On s'adresse à lui en langue française, il répond en langage technocratique. Il ne doit son existence qu'à une série d'événements qu'on veut bien croire fortuits, il se déclare élu sur un programme que pratiquement personne n'a lu. On aimerait qu'il tente d'apaiser les colères, il les alimente. Il disait vouloir rassembler, il a atomisé la société.

Dans ces conditions, on voit mal comment les choses pourraient tourner.