A plusieurs reprise, j'ai entendu des gens de gauche nier
l'existence du mérite personnel. Le raisonnement est simple :
nul n'étant responsable de l'hérédité ou des circonstances
sociales ou culturelles qui amènent telle ou telle personne à
posséder tel talent ou telle qualité qui font son succès, sa
renommée ou sa fortune, personne n'a de mérite. Au premier abord,
ça paraît raisonnable. Il serait difficile de nier que sans être
doté de dons innés et/ou de talents acquis au sein d'un
environnement favorable ou stimulant (ne serait-ce que parce qu'il
vous donne envie de vous en échapper) on puisse exceller en quelque
domaine que ce soit.
En fait, avec ce genre de raisonnement, on parviendrait à nier
l'existence de n'importe quoi. Puisqu'une personne n'est pas
personnellement responsable de ses tares ou de ses avantages, ceux-ci
n'existent pas. N'aurait de véritable existence que ce qu'on ne
devrait qu'à soi-même, indépendamment de toute hérédité ou de
tout environnement. En gros, aucune qualité, aucun défaut,
n'existeraient.
Seulement, quelle que soit l'origine de ce qui amène un individu
à développer des qualités morales, une conduite estimable ou à
surmonter les difficultés, ça ne change rien au résultat :
certaines personnes méritent une grande estime, d'autre une bien
moindre.
Cette confusion entre l'origine et le résultat permet de tout
rendre équivalent et partant de tout accepter et excuser. De
renvoyer dos à dos l'abbé Pierre et Landru, l'un comme l'autre
n'étant que le résultat de leur équation personnelle.
Ce refus du mérite est fondamental à l'idéologie de gauche :
s'il n'existe pas, il n'y a pas non plus de culpabilité. D'où une
indulgence de la justice. Allié à la croyance en une prépondérance
de l'acquis sur l'inné, la personne, perdant toute valeur, se trouve
n'être que le produit mécanique d'un ordre social injuste qu'il
faut bouleverser de manière à ce que tous atteignent l'excellence.
Tel est le rêve socialiste. Dommage que, basé sur des erreurs, il
ne mène dans un premier temps qu'à l'anarchie avant de conduire à
la barbarie totalitaire.