Mise en garde :
ce billet contient une image susceptible de choquer les enfants et les
personnes sensibles.
Comme votre serviteur et tous les honnêtes gens de ce pays,
vous consacrez une grande partie de vos loisirs à la culture d’un potager et
vous réservez une planche à cette délicieuse légumineuse que l’on nomme petit
pois (curieusement, il n’existe pas plus de grand pois que de pois de taille
moyenne). Et pourquoi vous imposez-vous cette rude tâche ? Eh bien pour
vous régaler de ces petites boules vertes dont le goût n’a rien à voir avec ce
que des commerçants sans scrupules tentent de vous faire passer pour elles.
Frais, congelés, en boîte, ces produits n’ont du point de vue gustatif rien à
voir avec le pois du jardin qui est une source de régal sans pareille.
Seulement, le créateur, dont je me vois une fois de plus
contraint de dénoncer l’imperfection de l’œuvre, a semé des embûches sur le
chemin du jardinier. D’abord, suite à une erreur de conception que je signalai jadis
au sujet du haricot il a fait la cosse du pois verte de manière à rendre sa
capture malaisée et de plus il a créé la mouche du petit pois qui vient pondre
sur la fleur de manière à ce que son asticot naisse à l’intérieur de la future
cosse. Plutôt que de remercier la plante qui l’abrita de la froidure des nuits
printanières et lui permit de ne pas être trempé les jours de pluie, ce petit
saligaud (je sais, le terme est fort mais il mérite qu’on l’en fustige) avant
de sortir de son enveloppe verte et d’aller se gaver d’herbe évitant ainsi l’acquisition
et le renouvellement de couteuses tondeuses à gazon au jardinier, il y reste et
se met en devoir de dévorer son protecteur ! C’est une honte !
D’abord minuscule, il grossit à mesure qu’il dévore grain à
grain son bienfaiteur. Et voici à quoi peut mener son entreprise de destruction :
Insoutenable spectacle (je vous avais prévenu) ! Et si
vous saisissez cette immonde larve devenue grasse par ses crimes entre le pouce
et l’index et que vous plongez votre regard dans le sien, c’est en vain que vous
y chercherez l’expression du moindre remords, pas plus que vous ne l’entendrez
balbutier de piteuses excuses. Non, cet être est exempt de tout embryon de
conscience. De plus, il souille la gousse de ses immondes déjections !
Que faire en pareil cas ? Recourir à un traitement
chimique ? Utiliser de faillibles procédés « écologiques » ?
Plutôt que de souiller la planète de produits nocifs ou de me lancer dans l'aléatoire élevage du glapion-bouffe-mouches
(insecte supposé détruire ce prédateur), j’ai choisi de me montrer vigilant et
d’inspecter chaque gousse après ouverture et d’en éliminer les grains attaqués.
Cela rend encore plus pénible la corvée de l’écossage. C’est à ce prix qu’après
avoir maudit le ciel je me régale. Chienne de vie, saloperie de création bâclée !