Sur la RSC™*, le camp du bien s’indigne, se déchaîne, éructe,
écume, fustige, condamne. Le ban, l’arrière-ban et jusqu’au plus humble tabouré**
y sont convoqués pour qu’ils expriment la tristesse, la rancœur, la colère, la
honte que fait naître en leur âme généreuse le terrible égoïsme de l’Europe en
général et de la France en particulier face au drame des migrants, chassés de
leur terre par les guerres, la misère ou la compréhensible envie d’une vie
meilleure. Plutôt que de les accueillir à draps bras ouverts, nous
fermons nos frontières et les rares malheureux qui sont parvenus à mettre un
pied timide sur notre sol, leur offrons-nous les logements décents et les
moyens de subsistance qu’ils méritent ? Que nenni ! Nos autorités les délogent manu militari des camps
improvisés où ils tentent de survivre !
On en rougit. On en pleure… …et on en menace !
Tout est évoqué : les exemples turcs ou libanais, pays
qui abritent des millions de réfugiés quand nous nous montrons réticents à en recueillir quelques
dizaines de milliers ! Le bon vieux temps des boat-people où tous les partis
(à l’exception des communistes) prônaient que l’on ouvrît nos frontières à ces
damnés de la terre. Arguments aussi massues que spécieux.
D’abord, si des millions de Syriens ou D’irakiens se sont
massés chez leurs voisins, c’est que ces derniers n’étaient pas en mesure d’arrêter
leur flot. S’ils y subsistent vaille que vaille, c’est que des ONG ou des
institutions internationales le leur permettent. Le cœur des Français se
serait-il endurci depuis la fin des années soixante-dix quand les malheureux
sino-vietnamiens se sont vus accueillis ?
Ce serait oublier que la France des années Hollande n’est plus celle des
années Giscard. Depuis, par millions, venus d’Afrique ou d’Asie des millions d’hommes
et de femmes sont venus s’installer sur notre sol. Le chômage a explosé. Les « crises »
se sont succédé. Ce n’est pas tant que nos cœurs se sont fermés à toute charité,
c’est plutôt que nous avons déjà accueilli ce que nous pouvions, peut-être même
plus que nous pouvions. Au point que nombreux sont ceux qui sentent les bases
de ce qui constituait notre identité vaciller sous leurs pieds. Au point que
bien des quartiers de nos grandes cités sont devenues si diverses que l’autochtone
ne s’y sent plus chez lui.
Aux yeux du « camp du bien », rien de grave à cela : l’identité n’existe pas plus que les
frontières, l’humanité est une grande famille (en un sens, ils ont raison :
on s’y entre égorge avec passion), les milliards que l’Europe dépense pour endiguer
l’invasion de son territoire seraient mieux utilisés à recueillir qu’à
contenir. Etc.
Seulement, les bisounours autoproclamés sentent bien que
leur discours ne convainc pas, qu’il ne passe plus, que l’opinion ne les suit
pas. Alors, vient l’argument totalitaire : pour ces démocrates en peau de
lapin, si les voix qui s’élèvent se montrent discordantes, il faut les faire
taire. Au nom des valeurs républicaines, il est urgent de les censurer. C’est
ce que préconisait ce matin sur la RSC le Bon Benjamin Biolay, chanteur de son état,
sur les ondes de la RSC™*. Bien entendu, c'est par la "fachosphère internétique" qu'il conseillait qu'on commençât...
*Pour les nouveaux venus, RSC™ = France Inter, Radio de Service
Comique entièrement dévouée aux causes généreuses et entretenue à nos frais. Si
je me résigne à continuer de l’écouter, c’est que les autres ne valent guère
mieux.
**Il s’agit là d’un piètre jeu de mots et non d’une déficience
orthographique.