Certains se demandent pourquoi ils travaillent. La réponse
est souvent simple : pour subsister. Quand on a comme moi le bonheur d’être
payé à ne rien foutre, la question se complique. Rien ne m’oblige à me donner
un mal de chien à retaper ma maison. Depuis une vingtaine d’années, c’est la
troisième que je rénove. Avec le temps, mes rénovations sont devenues de plus
en plus complètes. Je suis passé de travaux de simple décoration à la
plomberie, l’électricité, le carrelage, l’aménagement de cuisine, de salle de
bain (ou d’eau), etc. Bref en dehors du gros œuvre, je suis devenu capable de
remettre à neuf une masure.
J’en ai tiré une certaine fierté et dans les deux premiers
cas un certain profit. Hélas, ces derniers temps, faisant évaluer ma maison, je
me suis aperçu qu’en cas de vente je perdrais ce que mon bricolage m’avait
jadis rapporté. De même, quand je vois
le prix auquel se vendent certaines maisons tout à fait habitables dans la
région, je me dis qu’en rénover une nouvelle serait un moyen sûr de me défaire
d’encombrantes économies.
Ce constat ne m’a pas pour autant découragé. Depuis quelques
jours, je me suis lancé dans un projet que l’hiver et, soyons honnête, un
certain manque d’énergie m’avait fait repousser : la réfection des joints
du garage. Depuis, j’alterne les joies du creusement à la perceuse à percussion
avec celle du gâchage de mortier et de la confection des joints. Je ne m’étais
jamais adonné à ce genre d’activité et je l’abordais avec une certaine
appréhension mais, pour une fois, le résultat me satisfait d’emblée. Encore
quelques semaines et, si le temps ne se gâte pas trop, je pourrai contempler le
résultat de mes efforts.
J’ai même de nouveaux projets : bétonner le sol du
garage et même éventuellement habiller
ses murs et plafond. Tout ça nécessitera l’achat d’une bétonnière et de divers
matériaux. Ma propriété ne s’en trouvera pas pour autant valorisée d’un
centime. Mais la question n’est pas là : je travaille pour le plaisir différé
que relever un nouveau défi procure.