Si l’on récapitule les critères qui mènent à l’assimilation ou
à l’intégration on peut voir se dessiner en creux ceux qui les rendent difficiles. On s’assimile
d’autant plus vite qu’on est physiquement semblable aux autochtones, qu’on
vient d’une culture similaire, qu’on a un emploi, si modeste soit-il, et cela
parce que la situation économique le permet, et qu’on en a la volonté.
A contrario, si votre apparence vous fait à première vue percevoir
comme un élément exogène, que votre culture d’origine vous impose des us et coutumes
différentes voire difficilement compatibles avec ceux de vos hôtes, que la
conjoncture économique ne permet pas le plein emploi et que votre volonté d’intégration
est modérée, vos chances d’intégration ou d’assimilation se réduisent. Ce qui
ne signifie pas qu’elles soient inexistantes. Il n’empêche que réunir tous ces
critères mène une partie plus ou moins importante de la population immigrée ou
originaire de l’immigration à se retrouver sur la touche, avec des conséquences
multiples.
La plus importante, celle qui me semble la mère de beaucoup
d’autres est la ghettoïsation, laquelle a plusieurs causes. D’une part, le
regroupement avec ses semblables est un réflexe naturel chez les expatriés tant
il est plus aisé de vivre et communiquer avec des gens qui parlent votre langue
et partagent vos us et coutumes qu’avec des gens avec qui vous n’avez que peu
de choses en commun. Ensuite entrent en jeux les facteurs économiques. Si vous
vous trouvez au chômage ou exercez une profession faiblement rémunérée vous ne
pourrez trouver à vous loger qu’en des lieux où les loyers sont faibles. Ainsi
se produisent des concentrations de populations ayant en commun une culture
dans le meilleur des cas très parcellaire du pays où ils vivent, un niveau de
vie pour le moins médiocre, et souvent une appartenance religieuse commune.
On pourrait cependant espérer que l’école vienne corriger le
handicap culturel dont souffrent leurs enfants par rapport à d’autres qui y
arrivent en parlant la langue qui permet d’accéder à tous les savoirs. Mais
pour cela, il faudrait une école prescriptive, à l’ancienne, comme en ont connu
mes parents (Bretons) et ceux de leur génération qui parlaient une langue
régionale. Hélas, l’école post-soixante-huitarde pratique le respect de la
différence et il y règne une discipline approximative. Or, si étroite est la
porte qui mène au paradis, l’enfer, est comme on le sait, pavé de bonnes
intentions et de « bonnes intentions » nos enseignants modernes ne
manquent pas. Plutôt que imposer des normes menant à l’assimilation, ces grands
cœurs préfèrent flatter l’altérité avec pour conséquence le maintien de la
plupart de leurs élèves à un niveau culturel leur interdisant une évolution
sociale et souvent jusqu’à l’accès à l’emploi.
Ainsi les secondes voire les
troisièmes générations issues de l’immigration continuent-elles souvent à vivre
dans des ghettos. Puisqu’il faut bien vivre, faute d’emploi (et il faut bien le
reconnaître, parce que c'est moins pénible et plus lucratif) s’y développent divers
types de délinquance et parallèlement une rancœur vis-à-vis du pays d’accueil
qui, s’il fut pour leur parents ou grands-parents une terre d’espérance, est
devenu à leurs yeux un pays de cauchemar dont ils se sentent exclus et dont ils ne voient plus aucune raison de
suivre les lois ni d’adopter la culture, ce qui les mène à un repli identitaire
lequel se manifeste souvent par un retour à la religion musulmane laquelle est
traversée de courants extrémistes intolérants et prosélytes. D’où les départs
pour le Djihad. Si on ajoute à cela que l’Islam se trouve, du fait du conflit Israélo-palestinien,
en proie, depuis des décennies, à une montée de l’antisionisme et de l’antisémitisme,
il n’y a rien d’étonnant à ce qu’émergent des Merah ou des Coulibaly transposant
au niveau communautaire en France le conflit du Moyen-Orient…
On se retrouve donc avec une bombe à retardement (n’est-on
pas proche de l’heure de son explosion programmée ?). Le constat est simple
à établir mais y existe-t-il des remèdes ?