..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 20 juillet 2014

Affaire Leclère (suite et fin)



Un commentaire d’Amike sur mon billet d'hier m’a permis de découvrir les attendus du jugement rendu  par le tribunal correctionnel de Cayenne concernant Anne-Sophie Leclère et le FN.  

Dans un premier temps, j’avais pensé en faire un compte-rendu sur le mode ironique. J’y aurais parlé du formidable boom que pourrait connaître l’industrie judiciaire guyanaise si tous les dérapages racistes ou supposés tels y étaient jugés. Et puis je les ai relus et toute envie de plaisanter m’a quitté.

Je ne commenterai pas plus avant ces attendus. Lisez-les si vous en avez le temps et l’envie.


Moi, ils me font peur !


samedi 19 juillet 2014

Considérations sur l’affaire Leclère


Il me parait évident que le photomontage qui valut à Mme Anne-Sophie Leclère de se voir condamnée à neuf mois de prison ferme (la prison n’est jamais molle, elle ne sait que surseoir), et même et surtout à la bagatelle de 50 000 € d’amende est raciste. Le nier serait hypocrite. Car il est courant que l’on fasse du noir une sorte de chaînon (pas vraiment) manquant entre le singe et l’homme, un humain pas vraiment fini, voire un être pas vraiment humain. Pour l’ignorer, il faudrait avoir vécu sans contact avec notre culture. Que l’on caricature, entre autres,  Napoléon III, M. Sarkozy ou M. Le Pen en singe n’a certes rien de flatteur mais n’a pas les mêmes connotations. Si on avait rapproché une photo d’un bébé ornithorynque, panthère, chameau ou hyène de celle de Mme Taubira aujourd’hui, aurait pu être considéré comme irrespectueux ou simplement incompréhensible (quoique, pour le chameau et la hyène aux yeux de certains…) mais aucunement raciste. C’est comme l’histoire de la banane : chacun sait qu’en tendant une banane à un ( e ) noir ( e ) on lui offre ce qui est supposé être le met favori du singe qu’on le considère être. Lui proposerait-on des fraises ou une pomme que les connotations disparaitraient.

Est-ce à dire que j’approuve la sanction ? Certainement pas. Et ceci pour les raisons suivantes :
  • Madame Leclère n’est pas l’auteur du photomontage en question : elle n’a fait que le partager sur Facebook. Si on la poursuit, il serait logique que l’on poursuive son auteur et, s’il en existe, TOUS ceux qui l’auraient également partagé. 
  • La peine de prison ferme est sévère et les 50 000 € d’amende le sont encore plus. Si l’on pense qu’être commerçante en articles de pêche est un moyen sûr et rapide de faire fortune et que cette somme ne fera que légèrement écorner son magot, on se trompe : une telle sanction vise à ruiner la personne à qui on l’inflige. 
  • Le fait que l’ « association » guyanaise Walwari (qui se déclare sur son site  « Mouvement politique guyanais »)  qui a porté plainte à Cayenne contre Mme Leclère ait été fondée par Mme Taubira et qu’elle soit présentée par ce mouvement comme une de ses élus laisserait penser à des esprits soupçonneux (dont je me garderai bien d’être) que la juste indignation qui l’a saisi était un rien télécommandée voire relevait d’une vengeance personnelle. 
  • Le Front National a conjointement été condamné à une amende de 30 000 € pour, entre autre crimes, ne pas s’être suffisamment assuré des opinions républicaines de cette candidate. Ce qui laisse augurer que tout dérapage d’un candidat ou d’un élu aura pour conséquence la condamnation de son parti pour ne pas l’avoir suffisamment formé et s’être montré léger lors de l’examen de ses sentiments républicains*.

En fait, cette condamnation ne vise pas une personne probablement falote et sûrement maladroite mais un double objectif : 
  • Par un châtiment sévère, il s’agit de mettre en garde les auteurs de tout « dérapage raciste » (ou jugé tel par les spécialistes auto-proclamés de la question) contre les catastrophiques conséquences de tels actes et partant ré asservir ce qu’on appelle « la parole libérée ». 
  • En associant le FN à la punition, de manière pour le moins capillotractée, on veut souligner ce qu’on considère être la vraie nature d’un parti dont on constate et redoute la montée.

Seulement, les ficelles sont un peu grosses et malgré l’adhésion des politiques et des media (catégories en  lesquelles l’immense majorité des Français ont l’infinie confiance que l’on sait), il est à craindre que ce jugement « pour l’exemple » ait pour effet de renforcer la défiance d’une partie des  citoyens vis-à-vis d’une justice dont les orientations politiques ont du mal à se dissimuler. Puisque plainte il y avait, un jugement plus clément (peine avec sursis, amende moins astronomique, non condamnation du FN) n’eût-il pas été suffisant pour éviter que la coupable ne récidive ?  Mais, comme c’est si bien expliqué dans ce billet, plus que de juger une personne, il s’agissait de mettre en œuvre une politique pénale…

*Ne doutons pas que les propos de M. Ahmed Chekhab, ex-adjoint au maire de Vaulx-en-Velin entraineront logiquementdes poursuite judiciaires avec pour corollaire la condamnation du PS.

vendredi 18 juillet 2014

Attaque surprise !


  Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
Le Mildiou (puisqu'il faut l'appeler par son nom)

est venu ravager mes patates ! Un peu comme Chio, que pleura Hugo, mes carrés de tubercules sont dévastés. Quoi de plus beau, de plus charmant, de plus apte à élever un cœur déjà noble qu’une planche où verdit et fleurit la pomme de terre ?  Chaque matin, jusqu'aux cœurs les plus rudes, chacun s’attendrit au spectacle des rangs de solénacées. Et puis arrive le mildiou. Les feuilles se tachent, très peu d’abord, puis les tiges commencent à noircir. Faute d’une action rapide, la maladie descendra de la tige aux tubercules et ceux-ci pourriront en terre ne vous laissant au mieux qu’une piètre récolte. Alors, avant qu’il ne soit trop tard, il faut bien vite couper les tiges et de votre carré verdoyant ne reste qu’une étendue désolée où pointent tristement quelques moignons végétaux. Voilà où j’en suis. Ce matin, avant que le soleil ne tape trop fort, j’ai dû, la mort dans l’âme couper ras une centaine de plants. Deux brouettes ont été remplies des dépouilles. Je les ai emmenées à l’endroit où je brûle mes déchets végétaux. Car il est recommandé de brûler les feuilles atteintes afin de détruire les agents propagateurs. Selon certains, il serait mieux de pratiquer cette crémation une nuit de pleine lune tandis que de jeunes vierges dansent nues autour du brasier. Je pense qu’il s’agit là d’un reste de paganisme et n’importe comment je compte peu de jeunes vierges nues parmi mes relations.

Bien sûr, il y a un remède. Les parasites responsables étant très sensible au cuivre, un traitement préventif à la bouillie bordelaise en vient vite à bout. Mais je ne traite ainsi que mes tomates, n’étant pas fanatique des pulvérisations, surtout que le côté venteux des collines tend à les disséminer.

Tout en mutilant mes plants, je pensais que même si mon intervention s’avérait inutile, ce n’était pas grave. Bien sûr, voir ses efforts et ses soins ne mener à rien n’est pas agréable. Mais si je veux absolument des patates, il me suffira de me rendre au commerce le plus proche. Tel ne fut pas le cas lorsqu’entre 1845 et 1851 le mildiou ravagea les cultures de pommes de terre irlandaises  entraînant une famine qui fit selon certaines estimations un million de morts et poussa deux millions d’habitants à émigrer vers l’Angleterre, Les États–Unis ou l’Australie. Ce fut la dernière grande famine que connut l’Occident (Staline en organisa  plus tard une bien plus belle en Ukraine, mais on sait combien en ce domaine le communisme excelle). A la différence de l’Afrique d’aujourd’hui, aucun avion chargé de vivres ne vint au secours du peuple de la verte Erin.

En pensant à cela, mon scepticisme au sujet de l’écologisme se trouva titillé. En effet, si je me montre raisonnable dans ma pratique du jardinage (pratiquement pas d’engrais, traitements en cas d’absolue nécessité) je suis réservé sur l’agriculture « bio » ou « traditionnelle ». Car jardiner n’est  pour moi qu’un simple passe-temps, un modeste luxe. Si mes haricots ne lèvent pas, si les limaces mangent mes salades, si les rongeurs ravagent mes réserves, si une maladie me prive de tel ou tel légume, ça ne porte aucunement à conséquence. Ma survie n’en dépend pas. En revanche, quand une calamité naturelle s’abat sur le sahel, bétails et humains en meurent bien vite, bien plus rapidement et surement que ne les auraient tués les produits d’une agriculture intensive. N’oublions pas que, malgré tous ses mérites et les millions de bras (10 millions d’actifs agricoles en 1945), l’agriculture traditionnelle fut incapable d’assurer l’autosuffisance alimentaire du pays. Il fallut attendre les années soixante-dix pour y parvenir, grâce à la mécanisation et à l’emploi d’engrais de synthèse, de pesticides et autres traitements. C’est triste comme bien des vérités. Que l’on cherche à obtenir les mêmes rendements par des moyens différents (agriculture « raisonnée », OGM, etc.) est une chose, mais renoncer à un modèle productiviste me paraît déraisonnable. A moins bien entendu que l’on considère souhaitable de débarrasser la terre de nombre des humains qui en infestent la surface. C’est en effet une option…

jeudi 17 juillet 2014

La mode du « sans »



Bien sûr, on a connu au fil de l’histoire Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche et les sans-culottes mais ce n’est que depuis peu qu’a vraiment fleuri la mode du « sans ». Je veux parler du nombre de plus en plus grand de produits dont la publicité, entre autres grands mérites, vante l’absence de tel ou tel ingrédient ou substance.

Ainsi le shampoing Trucmuche est-il garanti sans parabène, l’apéritif Bidule sans alcool, le jus de fruit Machin-Chose sans sucre ajouté, La margarine Untel sans lactose et les biscottes Tartempion sans gluten. On peut concevoir que certaines de ces mentions soient utiles. Il semblerait en effet que de plus en plus de nos contemporains soient allergiques à ci, à ça et au reste. Les prévenir que manger les bonbons X ne les rendra pas malades comme des chiens mais se contentera d’augmenter leur surpoids est donc admissible.

Il n’en demeure pas moins que cette nouvelle mode surprend un peu. On pourrait se dire qu’il suffirait aux allergiques de consulter la liste des ingrédients qui figure sur les produits des industrie agro-alimentaire et cosmétique pour se rendre compte de l’absence en leur sein de la source de leurs malheurs. Je suppose que c’est ce qu’ils faisaient avant. Maintenant, consulter cette liste, c’est aussi réaliser que de nombreuses substances aux noms aussi mystérieux qu’inquiétants y figurent. Ainsi, j’apprends que les crêpes dentelles recouvertes de chocolat noir dont j’ai fait l’emplette contiennent, entre autres choses, de la lécithine de soja (et de tournesol) ainsi que de l’alpha-tocophérol. Je n’ai aucune idée (et ne cherche aucunement à en acquérir) sur ce que ces produits-là peuvent bien être mais leur présence risque d’être de nature à décourager des consommateurs plus précautionneux.  

Il s’agirait donc d’éviter une longue et inquiétante lecture à l’éventuel acheteur.  Soit. Mais pendant qu’on est en si bonne voie, ne pourrait-on pas concevoir une liste des produits n’entrant pas dans la composition du produit ? Ainsi, si absorber, ne serait-ce qu’à dose minime de l’alpha-cotophérol me répugne ou est incompatible avec mes convictions religieuses ou un serment fait au chevet de ma mère mourante, ne serait-il pas utile qu’une biscuiterie qui n’en met pas dans ses crêpes dentelles me le fasse savoir clairement ?

Eh bien, ça n’aura jamais lieu. Ne serait-ce que parce que si le nombre d’ingrédients nécessaires à l’élaboration de telle ou telle denrée est limité, celui des éléments qu’il ne contient pas est lui quasi-infini. Cette mode n’est donc qu’un élément de marketing de plus jouant sur la paresseuse inquiétude du consommateur.

mercredi 16 juillet 2014

Discriminations injustifiées



Selon une tradition pas nécessairement confirmée par les chiffres, en cas de péril mortel, comme par exemple dans les naufrages, on tentait de sauver les femmes et les enfants d’abord. En admettant que ce fût le cas, on peut se demander pourquoi. Une raison pourrait être le fait que, les femmes assurant jusqu’à nouvel ordre la pérennité de l’espèce et les enfants ayant statistiquement une espérance de vie supérieure aux adultes, cela se justifierait par un désir de sauvegarde de l’humanité. Une autre raison, bien honteuse en nos temps de grande égalité, pourrait être un vieux fond de machisme tempéré de paternalisme qui pousserait l’homme, fort par définition, à protéger la faible femme et le débile enfançon. Ce serait absolument intolérable aujourd’hui. La parité n’étant pas faite pour les chiens, en cas de catastrophe, il serait logique que l’on tentât de sauver un égal quota de femmes et d’hommes. Et, pour les enfants, qu’on les triât par sexe et qu’on les secourût de manière paritaire. Évidemment, resterait le problème de l’âge. Donnerait-on la priorité aux plus jeunes ou aux plus âgés ?  De plus, organiser la parité sexuelle pourrait ralentir le rythme des secours. Sans compter que l’existence d’un troisième genre viendrait compliquer les choses…

Il est un autre domaine où femmes et enfants se trouvent encore indûment favorisés : celui de la guerre. A entendre les commentaires des media sur les victimes des joyeux massacres actuels, il semble particulièrement honteux qu’on compte parmi elles des femmes et des enfants. Avec pour corolaire le fait que la victime masculine, elle, est, sinon tout à fait acceptable, du moins notablement moins déplorable. Ne faudrait-il pas voir là une survivance des temps archaïques où le mâle, un costaud, était en mesure de se défendre, tandis que leur soi-disant faiblesse interdisait aux femmes et à fortiori aux enfants d’assurer leur survie en cas d’attaque meurtrière.

Il me semble qu’il y a belle lurette que cette capacité de défense qu’aurait l’homme est dépassée si elle a jamais existé. Même aux héroïques temps préhistoriques, j’aimerais qu’on m’explique de quelle manière le mâle était en mesure de mieux se défendre contre la flèche ou le javelot qu’un habile adversaire lui décochait ou lançait dans le bidon (avec les déplorables conséquences que l’on devine) que ne l’aurait été une femme ou un enfant. Il n’y a qu’en cas de combat singulier  que ce soit à la masse d’arme, à la hache, au sabre que l’on peut admettre qu’un homme soit mieux en mesure de se défendre. Mais de tels combats sont archaïques. L’art de la guerre a beaucoup progressé.

De nos jours, on tue bien plus efficacement et pour ce faire on dispose d’engins sophistiqués d’une efficacité redoutable et contre lesquels le plus couillu guerrier ne peut rien. Sans aller jusqu’à employer l’arme atomique, capable de vous vitrifier en moins de deux une ville, une région, voire un pays sans distinction d’âge, de sexe, de genre, de religion, d’opinions ou de préférences sexuelles, nous disposons de missiles et de bombes, de canons, et de diverses armes à feu laissant peu de chances de survie à ceux sur lesquels elles tombent ou atteignent, si robustes soient-ils.

Plutôt que de maintenir de désuètes gradations entre les victimes  de guerre en fonction de leur âge ou de leur sexe, ne ferait-on pas mieux de s’interroger sur l’intérêt de conflits armés qui continueront de semer la mort parmi des innocents sans défense sans pour autant résoudre les problèmes ?

Le pacifisme, est certes une utopie. Le spectacle du monde d’hier comme d’aujourd’hui n’encourage pas à penser qu’il puisse jamais devenir universel. Mais, comme me le disait naguère un sage ami, même si c’est irréaliste, n’est-il pas préférable d’envisager l’utopie la plus proche de ses aspirations profondes que d’opter pour des solutions soi-disant « réalistes » qui n’ont pas plus de chances d’être jamais mises en application ?