Personnellement, je n’ai rien à cirer des « scandales »
qu’on nous a révélés concernant les finances de l’UMP. Le salaire de celui-ci,
les notes de téléphone de celle-là, les billets d’avion de la femme de cet autre, je m’en tamponne le
coquillard avec des plumes d’alligator femelle (comme se plaisaient à dire Heidegger
et Lao Tseu).
Qui suis-je pour juger du montant raisonnable qu’une
ex-ministre devrait dépenser en téléphonie mobile ? Du salaire que mérite
tel ou tel meneur de tendance ? Pour juger s’il est ou non justifié qu’une
épouse accompagne son mari dans ses déplacements ? On nous balance des chiffres qui semblent
importants comparés au RSA, au minimum vieillesse et même au SMIC. Ils le seraient encore plus si on les rapportait
au revenu quotidien du Bangladais de base…
Ces comparaisons, je ne les fais pas. Surtout qu’il y a peu
de chances que mes notes de portable atteignent des sommets : je téléphone
très peu et ici aucun réseau ne passe. Prendre l’avion me panique et diriger un
courant politique au sein d’un parti ne me dirait rien, quel qu’en soit le
salaire. Surtout, je trouve absurde de
comparer sa situation à celle d’autrui. Je ne suis pas en faveur d’une société
égalitaire. Si tel ou tel parvient à
bénéficier de gros revenus, c’est soit qu’il les mérite, soit que ses
magouilles l’ont conduit à les obtenir (ce qui n’est pas donné à tout
magouilleur).
On dirait que l’idéal serait que les politiciens soient
pauvres. C’est un peu paradoxal vu que le citoyen lambda leur assigne pour
but de l’enrichir. Dans un pays où on ne
rêve que d’améliorer son pouvoir d’achat, pourquoi seraient-ils les seuls à viser
l’ascétisme ?
Les grands ministres des premiers Bourbons, que ce soit
Sully, Richelieu ou Mazarin, se bâtirent durant leurs fonctions des fortunes si
considérables que nos modernes serviteurs de l’état n’oseraient en rêver. Quand
on regarde le patrimoine de nos actuels ministres, je suis frappé par leur
maigreur. J’en suis à me demander s’il est prudent de confier la gestion du
pays à des gens qui mènent si maladroitement leur propre barque. Bien sûr,
comparé au mien, ils sont généralement supérieurs mais on pourrait en dire
autant des avoirs moyens de bien des membres de nombreuses professions.
Ce que je demande à un politicien, c’est d’être efficace. S’il
s’en trouvait un capable d’enrichir le pays par son action et dans la foulée d’en
faire disparaître le chômage, qu’importerait qu’il se garnisse largement les poches au passage ?