Une des choses qui m’amuse dans l’amnésie régnante, c’est
que personne ne semble se souvenir des prévisions de croissance de M. Hollande.
D'où les tirait-il ? De sa boule de cristal ? Toujours est-il que dans sa grande sagesse il les qualifiait à la fois de « prudentes et réalistes ». Son projet
était basé sur elles.
Les voici telles qu’elles apparaissaient à la page 40 dudit
projet :
Vous noterez que pour 2012 on est un peu à la bourre. Vous remarquerez que pour 2013, on en était ensuite descendu à
moins de la moitié de la prévision avant d'admettre que tabler sur 0.8% était
trop optimiste.
Il est facile de se gausser. Il est évident qu’à la
différence de l’adoption du « mariage pour tous » la croissance
ne se décide pas à l’Assemblée Nationale. Il est non moins évident que la
conjoncture internationale influe davantage sur l’économie que les intentions
d'un gouvernement. Il est encore évident que si M. Hollande comptait sur sa baguette magique pour voir se réaliser ses rêves, il a dû l'égarer.
Et c’est là que le bât blesse : pourquoi prétendre baser la réalisation d’un projet gouvernemental sur
des chiffres qu’on sait forcément ne pas dominer ? Pour se donner une apparence de sérieux ? Pour berner l’électeur ? Parce qu’on croit dur comme fer à la méthode
Coué ?
Dieu merci, les Français sont amnésiques ! S’ils ne l’étaient
pas, ils déduiraient logiquement que le projet gouvernemental a à peu près
autant de chances d’être mené à bien que votre serviteur de succéder à Benoît
XVI. D’ailleurs, et contrairement à l’argument des pro-gouvernementaux, ont-ils
jamais cru à ce projet et est-ce ce dernier qui a déterminé leur vote ?