..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 2 février 2013

M. Figaro est trop bon !



J’ai déjà narré comment je m’étais abonné au Figaro (formule Week-end). Mais pour les nouveaux venus et les oublieux je résumerai. Ayant apprécié dans les années quatre-vingt les articles du Fig-Mag,  et m’étant vu proposer une offre alléchante par ledit périodique, je souscrivis il y a un an et demi  un  abonnement qui, à mon moyen dam, se renouvela tacitement car malheureusement, j’avais changé en quelques décennies et ne trouvais ni le temps ni l’envie de le lire. Je me contentai dans un premier temps de découper les mots croisés en vue d’une ultérieure complétion.  Je m’y suis mis cet hiver et ma pile de grilles se réduit un peu.

Mais les magazines n’arrivent pas seuls : ils sont accompagnés des éditions du vendredi puis du samedi du quotidien. Je les empile sans jamais les ouvrir dans le compartiment  qui se trouve sous le foyer et de temps à autres j’en utilise quelques feuilles pour allumer le feu. Seulement, cette réserve commence à occuper beaucoup de place vu que j’allume peu de feux, surtout en été.

Et voilà qu’hier je reçois un courrier de M. Figaro, m’apprenant qu’il avait décidé, vue ma qualité d‘abonné fidèle, de me faire pendant quelque temps parvenir chaque jour, sans frais et sans engagement,  son quotidien afin que je puisse m’en délecter.

Cela me met dans l’embarras : comment, sauf à être un rustre,  refuserais-je un cadeau fait de si bon cœur ? Que ferai-je, pendant le mois que durera l’offre de la montagne de papier qui va venir me submerger ?

Ah, il avait bien raison Voltaire quand il priait Dieu de le garder de ses amis !

vendredi 1 février 2013

Passéiste ou désireux d’un autre avenir ?



Dire qu’il y en a qui veulent des enfants à tout prix ! PMA, GPA, adoption, rien ne les arrêtera dans leur quête éperdue des paternités ou maternités que la nature leur refuse. Et pourtant il arrive que l’enfant ne soit pas que source de joie…

J’ai une fille adorable. Et je ne dis pas ça uniquement parce que, sachant qu’elle me lit, je craindrais quelque vengeance. Seulement, et justement parce qu’elle me lit avec une certaine attention, il arrive qu’elle me mette dans l’embarras.

Pas plus tard qu’avant-hier, alors qu’au téléphone nous devisions gaiment sur le mariage pour tous, la PMA, la GPA et autres sujets de débats qui mettent un peu de piment dans notre morne quotidien, je me laissai aller à dire que j’étais content  d’être vieux car au rythme où allaient les choses je n’étais pas très enthousiaste de voir jusqu’où nous mènerait le soi-disant progrès.

C’est alors que l’effrontée (excusez la violence du mot, il n’y en a, hélas, pas d’autre) me balança dans les dents la remarque qui,  sans tuer,  blesse : « Après ce que tu as écrit sur l’ «Âge d’or » tu ne vas pas te mettre à dire que c’était mieux avant ? ». Vous vous rendez compte ?  Oser suggérer à l’auteur de ses jours qu’il pourrait lui arriver de se vautrer dans la contradiction la plus flagrante ? A à peine 28 ans ? Où est passé le respect, je vous le demande ? Quels temps vivons-nous ?

Bien sûr, je me récriai : « je ne dis pas que c’était mieux avant, je dis simplement qu’au nom du progrès on nous prive de plus en plus de liberté et on nous explique que la meilleure façon de marcher c’est encore sur la tête… ».

N’empêche, ça m’a donné à penser. Et puis je me suis souvenu des mots d’un vigneron qui avait passé la main à ses enfants alors que son père, lui, était resté jusqu’au bout maître de tout, mettant l’exploitation en péril : « On est  d‘une époque, pas de TOUTES les époques ».  On a été formé avec certaines idées, plus ou moins adaptées au temps de notre jeunesse, bien sûr on s’adapte, on suit, dans la mesure du possible, le mouvement tant que celui-ci ne remet pas en cause ce qui pour nous est fondamental.  Cette dernière limite franchie, on commence à trouver que l’époque devient folle et on se transforme en vieux con nostalgique.

C’est une possibilité, ce n’est pas la seule. Prenons une métaphore : nous sommes dans un car et, fidèles à leur insouciante jeunesse, la majorité des passagers chante à tue-tête : « Plus vite chauffeur, plus vite chauffeur, plus vite ! ». Et le chauffeur va de plus en plus vite. Puis le refrain change, maintenant c’est « Dans l’mur chauffeur, dans l’mur chauffeur, dans l’mur ! Et le chauffeur… Vous comprendriez  que ceux des passagers qui ont remarqué  que les chanteurs étaient des imbéciles et que le chauffeur était fou s’insurgent, non ? 

Ainsi, il se peut que l’on regrette la direction prise par la société soit par sclérose passéiste soit parce qu’on est lucide. Refuser l’évolution actuelle n’est pas nécessairement se montrer passéiste : il n’est pas interdit de rêver d’un autre futur…

jeudi 31 janvier 2013

Au guignol



Hier, alors que je me sentais un rien abattu suite à plusieurs mois de temps pourri, j’ai pensé que regarder un peu les guignols après une sieste réparatrice me changerait les idées. J’ai donc, sur la 3 assisté aux questions au gouvernement.

Le spectacle était plutôt médiocre. Bien qu’il ait eu l’attrait de la nouveauté, j’avoue avoir été déçu.

L’opposition a posé des questions au premier ministre et ce sont les ministres qui ont répondu à sa place. Ce qui  amène à se demander ce qu’il pouvait bien faire là. A moins bien entendu qu’il soit venu au cas où il lui aurait été posé une question digne de son attention et que son attente ait été déçue. Ce qui n’est pas très poli et témoigne d’un total mépris pour les intervenants.

Les représentants de la Nation comme les membres du gouvernement se montraient fort distraits. L’un  lisait son journal, un autre claviotait sur son ordi, beaucoup bavardaient. A croire que les questions posées n’avaient pas plus d’intérêt que les réponses données.

Le seul élément vraiment divertissant de cette séance fut certaines questions de députés de la majorité. Visiblement, ils étaient là pour servir la soupe à leurs ministres chéris. Je n’ai pas pris de notes, mais grosso modo ça donnait ça :

Le président : Je donne la parole à M. Célestin Broutard.

M. Broutard (Député PS de Loire-et-Moselle) : Je voudrais poser une question à M. Prichot, ministre délégué à l’aménagement des zones piétonnières.

M. Prichot, la politique exemplaire que vous avez menée a permis à nos rues piétonnes de connaître une fréquentation remarquable en dépit de conditions atmosphériques souvent défavorables, notamment dans le Nord-Ouest de la  France. La presse internationale est unanime pour  saluer le nouveau modèle français de la rue piétonne. Je voudrais savoir où en est le magistral projet de piétonisation des autoroutes que vous aviez porté avec le talent qu’on vous connaît lors du séminaire international de Buges-la-foireuse ?

Le président : M. Prichot, ministre délégué à l’aménagement des zones piétonnières va vous répondre.

M. Prichot : M. le président, mesdames et messieurs les députés, M. le député Broutard, lorsque j’ai pris mes fonctions, j’ai trouvé une situation très préoccupante. Dix ans d’immobilisme  (hurlements désapprobateurs à droite de l’hémicycle) avaient eu pour conséquence un quasi-gel des espaces piétonniers. Au point qu’on aurait pu dire qu’en ce domaine comme en bien d’autres, on…   …piétinait. (Rires, exclamations ravies sur les bancs de la gauche).

Le président : Je vous en prie, Mesdames et Messieurs les députés, laissez parler l’excellent M. Prichot ! Modérez votre enthousiasme !

M. Prichot : Avec le soutien du président Hollande, nous avons pu donner un nouvel élan au piétonisme et très rapidement, les punks à chiens sont revenus dans les artères piétonnières qu’ils avaient désertées faute de gens à importuner.  Mais nous ne nous arrêterons pas à ces premiers succès (tonnerre d’applaudissements sur la gauche de l’hémicycle) ! Le temps est venu d’ouvrir les autoroutes aux piétons. Cela ne se fera pas en un jour. Nous avons entamé une concertation avec les parties concernées, chauffeurs routiers, automobilistes et fédérations de randonneurs et nous sommes heureux et fiers de vous annoncer que début mai 2013 la circulation des piétons sera autorisée de nuit sur un tronçon de 30 km sur l’autoroute A6 (applaudissements frénétiques à gauche). Bien entendu, sans que cela soit obligatoire tant nous sommes attachés aux libertés individuelles, nous conseillerons aux piétons empruntant l’autoroute de porter un gilet fluorescent afin d’être mieux vus par les automobilistes et les routiers qui continueront, bien entendu, de les fréquenter. Si l’expérience s’avère concluante, nous étendrons cette mesure à l’ensemble du réseau autoroutier dès septembre. L’ouverture à la circulation piétonnière de jour pourrait être envisagée au premier trimestre 2014, rendant  ainsi à la France le rôle de moteur de la piétonisation que dix ans de gabegie lui avaient fait perdre (tonnerre d’applaudissements à gauche, exclamations indignées à droite).

mercredi 30 janvier 2013

Pour en finir avec le mariage (civil) !



Traditionnellement, du moins si tant est qu’on puisse appeler tradition une coutume multiséculaire, le mariage était l’union d’un homme et d’une femme afin de fonder une famille et de perpétuer l’espèce dans un cadre stable. Il était censé être indissoluble et, mis à part quelques exceptions, seule la mort d’un des conjoints pouvait y mettre fin. Il s’agissait d’unir un homme et une femme compatibles selon des critères sociaux, culturels, économiques.  Un mariage ne répondant pas à ces exigences était une mésalliance.

Une donnée relativement nouvelle est venue mettre la pagaille dans ce contrat raisonnable : il a nom AMOUR. Découvrons-nous, Messieurs-Dames devant cet « enfant de bohême [qui] n’a JAMAIS (c’est moi qui insiste) connu de lois » pas plus qu’il n’a de frontière. Il rend également aveugle comme chacun sait. Qu’on  le trouve dans le pré, dans la cave d’une cité, sur Internet ou au boulot, il est devenu l’ingrédient majeur de toute union. Ce qui n’empêche aucunement les traditions de jouer. Le mariage de convenance a la vie dure : on continue généralement de s’épouser entre gens compatibles socialement, culturellement et économiquement mais à cela s’ajoute et prédomine (idéalement) l’impérieuse nécessité de ressentir pour l’être compatible un amour total et inconditionnel.

Or, l’enfant de bohème a tendance à être nomade. Son ignorance de la loi nuit à sa fiabilité. Ignorant les frontières, il pousse à s’unir des personnes dont le substrat culturel rend la vie commune difficile.Dans certains cas, la cécité est passagère et quand les yeux se décillent… L’amour, tout versificateur  sérieux vous le dira ne rime pas avec toujours (il y a un S de trop). En faisant de cet élément versatile, fugace, basé sur l’illusion le ciment d’une union, on fait comme le bâtisseur fou qui penserait que le seul sable suffit à la solidité de ses parpaings.

Ajoutez à cela que la société contemporaine rend les êtres à la fois plus mobiles et moins dépendants que les  paysans  d’hier attachés à leur lopin, continuateurs d’une lignée pour qui désunion eût rimé avec catastrophe (rime misérable !).

Si on charge l’AMOUR (découvrez-vous devant notre maître), d’assurer un quelconque lien durable entre des personnes capables individuellement de subsister matériellement et socialement on court à l’échec. Il faudrait, pour que l’union tienne, que viennent s’ajouter ou se substituer au feu des premiers enthousiasmes, un agrément de la compagnie, des goûts communs,  une estime réciproque, des responsabilités partagées (notamment envers les enfants nés de l’union), une solidarité, une assistance mutuelle et des milliers d’autres petites choses.  Le peu de succès que connaissent dans une société « moderne » les notions que je viens d’évoquer explique que souvent mariage rime avec naufrage et que de ce fait l’institution a un sacré coup dans l’aile.

Le succès du PACS est en lui-même la preuve de l’obsolescence du mariage. Comment sinon expliquer que ceux qui le contractent soient dans leur immense majorité des hétéros que rien n’empêche de convoler en justes noces devant Monsieur (ou Madame) le Maire et de voir ainsi leur union reconnue par la société ?  S’en foutraient-ils comme de l’an quarante ? Renâcleraient-ils devant le peu de contraintes qu'impose encore une union plus formelle ? En 2010, le nombre de PACS s’élevait à 200 000 tandis que celui des mariages, toujours en chute était de 250 000. Si la chute continue, verra-t-on bientôt ces derniers être dépassés par leur concurrent ?

Le mariage pour tous est un combat d’arrière garde : il s’agit d’offrir aux homosexuels ce qu’un nombre de plus en plus élevé d’ayant droits refuse. Au nom de quoi ? De la reconnaissance sociale ? Tu parles, Charles ! Comme si un passage devant un homme (ou une femme) écharpé de tricolore pouvait changer la perception de quiconque sur une union quelconque ! De l’AMOUR ? Ne l’ont-ils pas déjà et est-ce bien sérieux ? Au nom de la sécurité ? Quand un mariage sur deux finit par le divorce, celle-ci est très relative. Au nom de la protection des enfants qu’ils ont déjà ? Au nom des enfants qu’on leur permettrait également d’adopter ?  Cette protection, dans un monde si mouvant serait  bien illusoire !

On peut très bien changer les lois sur l’adoption, la procréation assistée et tout ce qu’on voudra sans incorporer celles-ci au mariage. Sans compter qu’en conférant aux seuls mariés des droits déniés à ceux qui ne le sont pas on ne fait que perpétuer les inégalités, chose qu’un bon républicain ne saurait accepter.

J’en suis à me demander si la solution ne serait pas l’abolition pure et simple du mariage civil et son remplacement par un contrat d’union dont les modalités seraient à définir par la loi au mieux des intérêts des parties contractantes. Il pourrait se signer devant un magistrat à moins qu’un notaire ne suffise…

Le mariage pourrait continuer d’exister indépendamment, sous l’égide des cultes ou des institutions que les mariés choisiraient,  sans que ce mariage n’ait, comme c’est déjà le cas pour le mariage religieux, de valeur légale. Il unirait symboliquement ou devant Dieu ceux qui le souhaitent et qui répondent aux critères exigés par le culte ou l’institution qui y procéderaient.

Bien sûr, ce serait frustrant pour la République qui se verrait dépossédée de la seule cérémonie dont elle dispose (avec le baptême civil qui n’a jamais beaucoup marché) pour singer les cultes.

mardi 29 janvier 2013

Même pas mal !



Ça y est ! Après une journée en grande partie passée à la belle clinique, me voici débarrassé de mon carcinome.  Du moins  je le pense car je n’ai pas encore pu vérifier vu qu’en ses lieu et place mon front arbore un gros pansement  taché de sang séché. Ainsi, j’ai la noble apparence de qui s’est affronté à la porte des chiottes en un combat douteux.

La chose s’est passée sans douleur notable ni pendant ni après. Ils m’ont mis dans le coaltar si bien que le déroulement des opérations m’a totalement échappé.  La clinique, c’est comme l’armée : on n’y fait pas grand-chose mais on le fait tôt.  La dame des ambulances est venue me chercher à sept heures moins le quart comme prévu.  Nous sommes arrivés avant sept heures et demie comme il m’était demandé. Et puis ensuite, dûment dévêtu d’une sorte de blouse en intissé bleu, de jolis chaussons et d’un slip du même métal, après qu’on m’eût pris température et tension, je suis resté à attendre jusqu’à dix heures passées. J’ai fini par passer au bloc. Ensuite j’ai eu droit à un petit casse-croûte puis suivirent plus de deux heures à attendre Dieu sait quoi. Après une nouvelle prise de tension et de température, on décida que j’étais libérable  et je pus commencer à attendre l’ambulance…

On peut dire qu’on est cocooné ! Tour ça me pose question.  J’en suis à me demander qui toutes ces précautions dont on entoure le moindre acte médical sont censées protéger. On peut se dire qu’il s’agit évidemment du patient. J’ai plutôt l’impression que ce sont les praticiens qui se cachent derrière un mur de précautions généralement inutiles. Jeûne, douches à la Betadine, multiples signatures attestant l’information reçue ou l’acceptation de l’intervention*, la nécessité d’être accompagné la nuit qui suit sont-ils vraiment indispensables ?  Ne s’agit-il pas de se prémunir contre de très improbables complications génératrices d'éventuelles et couteuses poursuites ?  Ne s’agit-il pas d’une forme supplémentaire sacro-saint principe de précaution qui mène dans bien des domaines à la paralysie ?

J’ai eu  au cours de mon parcours à la clinique la confirmation de ce que je pensais depuis longtemps : mes coronaires ont été constatées totalement normales suite à une coronarographie. Cela n’empêche que depuis des années  je sois pris en charge à 100% pour des problèmes cardiaques que je n’ai pas. Seulement, aucun praticien  ne prendra le risque de cesser les traitements, de peur que je ne fasse ensuite un infarctus qui pourrait être imputé à sa négligence. On est ans le préventif…

La véritable dérive sécuritaire de notre société  ne serait-elle pas davantage  à chercher dans cette lutte contre des périls fantasmés que dans la volonté de combattre une criminalité dont la progression, elle, n’est pas imaginaire ?

*S’imaginerait-on que des chirurgiens en maraude kidnapperaient la nuit venue d’imprudents passants afin de leur faire subir contre leur gré des ablations de l’appendice, de la vésicule biliaire ou de quelconques tumeurs ? Est-il envisageable qu’un patient suive un parcours médical (généraliste, spécialiste) et que suite à leur consultation il se rende au jour et à l’heure convenue dans un établissement de santé pour y subir une intervention sans accepter cette dernière ?  D’autre part, est-il toujours suffisamment compétent pour comprendre les explications qu’on lui donne ?