Si on en croit le Rectorat de l’Académie de Rouen, relayé
par le
Figaro,
il s’en passe de belles dans les écoles maternelles de Seine-Maritime : quelques
minutes d’un film pornographique leur auraient été diffusées « par erreur »
(les guillemets sont du Figaro) en lieu et place du dessin animé prévu par l’enseignante,
laquelle s’était absentée pour téléphoner.
On pourra pousser les hauts cris, s’indigner, pleurer sur le
sort de ces pauvres enfants traumatisés à vie mais les faits étant là, le vin
étant tiré, plutôt que me pousser à me joindre
au concert des pleureuses, j’avoue que l’affaire m’a d’abord fait sourire puis
laissé pour le moins perplexe.
Ne téléchargeant ni films X ni dessins animés et ne passant
pas de films à mes élèves une telle mésaventure n’aurait pu m’arriver.
Toutefois, si je m’étais adonné à ces innocents passe-temps, je pense que j’aurais
veillé à bien séparer les deux catégories d’enregistrements. D’autre part, il ne me semble pas très sérieux
qu’une enseignant laisse plusieurs
minutes sa classe sans surveillance pour aller téléphoner. Un peu d’organisation
et de conscience professionnelle auraient donc pu éviter cet « extrêmement
regrettable accident » pour reprendre les termes du Rectorat. Mais avec des
si…
J’imagine l’expression atterré qui a pu se peindre sur le visage de
la pauvre instit quand elle a constaté sa bévue. Et ce n’était là que le début de ce que j’imagine
être un calvaire. Un peu de présence d’esprit eût pu lui faire prendre un air
détaché, déclarer qu’il y avait trop de pub avant le film et qu’on ferait mieux de se remettre à l’activité
« collage de gommettes ». Après tout, partant du principe que tout
est innocent aux yeux des innocents, les chères têtes blondes n’auraient dû y
voir que du feu. Visiblement, ce ne fut
pas l’option choisie.
Il a donc fallu prévenir la directrice qui a son tour a dû informer l’Inspection
Académique laquelle a relaté l’accident au Rectorat. Imaginez la honte :
-
Excusez-moi, Mme Dugenou, mais j’ai eu un petit
problème avec ma classe.
-
Oui, Thérèse, qu’est-ce ? Rien de bien
grave, j’espère…
-
Eh bien voilà : comme vous le savez, tous
les vendredis je passe un dessin animé à mes élèves, ça les détend et les
instruit…
-
Certes Thérèse, certes. Mais encore ?
-
Eh bien voilà : j’ai mis le disque dans le
lecteur et je suis sortie téléphoner…
-
Vous l’aviez déjà vu ?
-
Oui, et puis il fallait que j’appelle la MAIF…
-
Et alors ?
-
Eh bien, en revenant je me suis aperçu que… que… eh bien que je m’étais trompée de disque et qu’en fait de dessin animé je leur avais
passé un film de boules…
-
Pardon ?
-
En
fait de dessin animé je leur ai passé un
film de cul.
-
Parlez plus fort, Thérèse, je ne vous entends
pas !
-
Eh
bien , au lieu du dessin animé, je leur ai passé un film porno !
-
Mais c’est incroyable, ça ! Comment l’expliquez-vous ?
-
Eh bien, j’ai dû me tromper en partant ce matin.
Je pars toujours en coup de vent..
-
Mais c’est fâcheux, Thérèse, c’est très fâcheux
même… Comment les enfants ont-ils réagi ?
-
Ça avait l’air de les intéresser. J’ai bien
entendu arrêté ça tout de suite…
-
Vous avez bien fait. N’empêche que vous nous
avez mis, l’école et moi, passez-moi l’expression,
dans un caca bien noir. Je vais appeler l’Inspection pour savoir quelle
attitude adopter…
On pourrait imaginer bien des dialogues différents, mais quel qu'il ait été, informer sa hiérarchie de ce genre d'histoire n'a pas dû être une partie de plaisir !