Sans nécessairement remonter à la plus haute antiquité, la
mode du sans n’est pas récente. Pour n’en
donner que quelques exemples parmi les plus illustres de notre histoire, il
faut se souvenir que Bayard fut un chevalier sans peur et sans reproche, que
nos bons révolutionnaires se proclamaient sans culottes et que, plus près de nous et suivant leur
exemple, Rica Zaraï envisageait d’aller danser le soir sans chemise, sans
pantalon.
Toutefois ce n’est que récemment que l’on voit toutes sortes
de produits se déclarer sans quelque chose. A côté de la baguette sans sel, du
vin sans alcool, des escrocs sans scrupules , des sans domicile fixe (ni
mobile) et des amourettes sans lendemain sont venus s’ajouter des cohortes de produits fiers de se
proclamer sans parabène, sans OGM, sans lactose, sans aspartame, sans gluten ou
sans tout un tas de trucs.
Signaler l’absence de certains éléments dans un produit peut
se justifier. Certaines substances provoquent
des allergies. D’autres se justifient par la dangerosité supposée de l’élément en
question.
Tout cela est très bien. Seulement, comme souvent, on prend
une bonne direction et on s’arrête en chemin. On ne signale en effet qu’une partie des
éléments qui ne se trouvent pas dans le produit. Pour éviter tout risque
allergique, il serait bon qu’une liste exhaustive des substances absentes
apparaisse de manière visible sur l’emballage. Vous me rétorquerez que la liste
des ingrédients permet en la lisant de vérifier que ce qui déclenche vos
allergies ne s’y trouve pas. Certes. Mais alors pourquoi claironner une absence
de parabènes ou d’aspartame ? Si ces substances s’y trouvaient, on
pourrait le constater en consultant la liste des ingrédients, non ?
Pour bien informer le consommateur, il me semblerait donc
utile d’indiquer clairement que la boîte de sardines à l’huile que vous vous
proposez d’acheter est garantie sans chocolat, que votre pizza hallal est sans
poils de chien, que c’est sans ajout de strychnine ou d’arsenic que sont
fabriqués vos yaourts.