..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 23 décembre 2022

Noël

 

Je ne suis pas un fanatique de Noël (euphémisme). Je ne vous conterai pas pourquoi je me suis progressivement détaché de cette fête dont la seule magie, à mes yeux, est de pousser une multitude de gens à acheter une multitude d’objets et force bouffe. C’est l’occasion d’échanger des cadeaux. Dans le meilleur des cas, les braves gens se creusent la tête pour trouver des présents qui plaisent vraiment à leurs destinataires. Pas facile car en nos temps de surabondance, ils ont déjà « tout ». Dans le pire, on trouve toujours une babiole à Emmaüs ou chez Gifi qui évitera d'arriver les mains vides. Les récipiendaires s’extasient hypocritement sur la magnificence des cadeaux reçus. Dès le lendemain, il arrive de plus en plus qu’ils les mettent en vente sur Le bon coin, ce qui prouve l’exquise délicatesse des mœurs contemporaines.

Ce Noël 2022 sera le cinquième d’affilée que je passerai seul. Inutile d’alerter les Petits frères des pauvres ni les Petites sœurs des riches dont je n'ai plus guerre d'usage sur ma détresse. J’en suis parfaitement content. Pour moi, ce jour est un jour quasi-ordinaire parmi les 365 autres que compte une année non-bissextile. Comme demeurent en moi quelques réminiscences de soirs du 24 décembre festifs, je marquerai légèrement le coup d’un dîner quelque peu amélioré (foie gras, saumon fumé, pavé de biche sauce grand veneur) mais rien de plus. Pas de sapin, de crèche ni de guirlandes électriques ou pas.

L’atmosphère de joie obligatoire (ou de misère profonde pour les isolés) qu’est supposée provoquer cette fête que la déchristianisation a privée de son origine religieuse m’agace. Les grandes bouffes qui remplacent les messes de minuit commémoratives de jadis m’irritent également surtout que j’ai de plus en plus de mal à les digérer.

Que l’on respecte, comme je le disais dans mon précédent article, les traditions de notre pays me paraît essentiel. Que l’on ait ou non la foi, nous sommes , encore pour un temps, un pays majoritairement de culture catholique. Accepter que le mercantilisme éradique nos racines paraît à mes yeux de non-croyant inacceptable.

Bien sur, je vois tout cela de mon balcon d’individualiste, peu enclin à partager toute liesse populaire, qu’elle soit religieuse, politique, footballistique ou autre. Je souhaite néanmoins à ceux qui le fêtent un sincère


N.B. : Dans ma recherche d’image, c’est en vain que j’ai attendu de voir apparaître, en googlant « Joyeux Noël » des images associant Nativité et Noël : des sapins, des Pères Noël, des « Joyeuses fêtes » mais aucune crèche ! Voilà où nous en sommes.

mardi 20 décembre 2022

Le scandale des crèches

 

Scène insupportable ! 

La ligue des Droits de l’Homme mène ces derniers temps un combat sans merci contre l’installation de crèches de Noël dans certaines mairies. On ne peut que comprendre, apprécier et soutenir ses glorieuses attaques contre cette atteinte inadmissible aux valeurs de la république. Imagine-t-on les dommages psychologiques irréparables que la présence de ce symbole obscurantiste d’une violence inouïe peut infliger au républicain sincère qu’une démarche quelconque contraint à se rendre durant la période des fêtes de fin d’année dans la maison commune ?

En fait, je trouve ces héros de la laïcité un peu timides. Ce n’est pas seulement contre les crèches que devraient porter leurs héroïques combats mais contre la fête de Noël elle-même. Si certains vont jusqu’à contester l’étymologie couramment reconnue de « natalis (dies) » (voir à ce sujet l’intéressante étude de phonétique historique qu’en donne Wikipedia) pour lui opposer une étymologie gauloise (noio (nouveau) hel (soleil) qui rapprocherait la fête de la nativité de la célébration païenne du solstice d’hiver qui tombe environ à la même date. Cela est bel et bon mais outre que, dans ce cas, deux mille ans d’évolution phonétique des langues n’auraient quasiment pas affecté ces deux mots, il n’empêche que les Italiens fêtent « Natale » et les Portugais « Natal » le même jour et que pour ces deux cas l’étymon latin « natalis » est difficilement contestable. Quoi qu’il en soit et syncrétisme ou pas une tradition plus que millénaire fait que le 25 décembre les catholiques et les autres chrétien (en dehors des orthodoxes) fêtent la naissance du Christ. Comment un esprit véritablement laïque pourrait-il accepter qu’une telle tradition perdure à notre époque ?

La seule solution serait de supprimer purement et simplement cette fête comme le fit le calendrier révolutionnaire où le 5 nivôse (25 décembre) était devenu le « jour du chien ». Faudrait-il, dans un élan de républicanisme sincère, rétablir ce calendrier hélas disparu le 11 nivôse de l’an XIV (1er janvier 1806)  ? Tout esprit sainement construit comme celui de nos droit-de-l’hommistes de choc ne pourrait qu’approuver une telle réforme.

Seulement, quelques dangereux réactionnaires voudraient, en dépit de toute logique républicaine, maintenir le lien entre Noël et la nativité du Christ. A leurs yeux (faut-il qu’une coupable folie les aveugle!), un Noël sans crèche serait comme un match de football sans ballon, un repas sans fromage, une belle à qui il manquerait un œil ou un M’Bapé sans Macron. Révolution merci, il existe encore dans notre cher pays des êtres de progrès désireux de piétiner toute tradition visant à maintenir l’obscurantisme.

dimanche 18 décembre 2022

Ce sera sans moi !

 

Ils ont l'air contents !

Il semblerait, si l’on en croit les media, qu’ait lieu aujourd’hui au Qatar un événement d’une importance primordiale. Ce n’est pas pour rien que notre adoré président fait le déplacement ! L’enjeu est de taille : les deux équipes en jeu s’affrontent pour accrocher une troisième étoile à leur glorieux maillot ! Ce qui ne m’impressionne pas tant que ça, vu que le litron consigné d’antan en avait cinq et que le maréchal Pétain en portait sept sur son képi sans être particulièrement révérés aujourd’hui.

Il semblerait que la Nation unanime doive soutenir l’équipe des bleu-foncé (les argentins étant en bleu-pâle si je ne me trompe). Eh bien figurez vous, mes chers amis que loin de soutenir « notre » équipe, j’ai plutôt du mal à supporter cet engouement, qu’il soit général ou supposé tel. En fait, le sport en général et le foot en particulier me laissent totalement indifférent. Comme bon nombre de mes compatriotes (seuls une vingtaines de millions de téléspectateurs ont regardé la demi-finale), je ne regarderai pas le match qui se déroulera à des heures que je consacre à la lecture et à la sieste. Tout juste m’enquerrai-je du résultat histoire de savoir, en cas de victoire, s’il sera utile d’éviter les tombereaux de dithyrambes qui ne manqueront pas de se déverser sur les antennes ou les airs piteux des commentateurs endeuillés en cas de défaite.

Mon désintérêt pour le foot remonte à mon enfance. Je n’ai jamais été sportif, mon physique ne m’y prédisposant pas vraiment, j’étais plus attiré par la lecture. Avec le temps, ça ne s’est pas arrangé. Les débordements de joie puérile que déclenchent les sports chez leurs adeptes comme chez leurs amateurs ne sont pas dans ma nature, c’est dommage, peut-être, mais c’est comme ça. Même si un de mes auteurs favoris s’était vu décerner le prix Nobel, ça ne m’aurait pas fait descendre dans la rue pour fêter ça. Il faut bien reconnaître qu’un tel prix, quelle qu’en soit la discipline, ne déclenche jamais l’enthousiasme des foules et que si cette nouvelle m’avait poussé à traverser mon village en klaxonnant, j’aurais probablement été le seul à le faire.

Après mon casse-croûte, j’irai donc retrouver ce brave Dortmunder dont je ne me lasse pas avant de somnoler. Une fois de plus je manquerai de partager la liesse ou la tristesse supposées générales. Aux footeux qui me liraient, je souhaite cependant un bon match, même s’il n’y participent pas activement.

mercredi 14 décembre 2022

Espagne 1970 (2)

 


Nous arrivâmes à Madrid le jour suivant et trouvâmes un hôtel dans le centre,non loin de la Gran Via alors nommée Caille Jose Antonio,  « fondateur et héros » de la Phalange espagnole. En passant devant certaines églises nous pûmes voir des régiments entiers faire la queue pour aller à confesse. Curieux spectacle ! Le soir, nous assistâmes à la procession du Vendredi Saint et vîmes, entre autres, défiler la croix rouge en grand uniforme et casque allemand, des armées de pénitents vêtus de « nazaréens » de couleurs vives et de « capirotes » pointus portant des statues de la Vierge et du Christ. Tout cela au son des tambours et des heures durant. On dira ce qu’on voudra mais en ces dernières années du Franquisme, ça avait de la gueule.

Le lendemain, nous visitâmes le Prado. L’Amerloque se refusa à y visiter les antiquités romaines vu qu’il en avait déjà vu suffisamment en Italie ce qui me laissa frustré et pantois. De manière générale, sa compagnie, mis à part qu’il nous servait de chauffeur, était plutôt désagréable du fait que peu de choses lui plaisaient. Je me souviens, vue sa totale ignorance de la langue, avoir dû renvoyer trois bols de café aux cuisines de la pension où nous résidions pour différents motifs : il voulait du café sans lait, puis sans sucre avant de rejeter le troisième sous prétexte qu’il n’avait pas le goût du café américain. Il m’embarrassait. Il était né trop tôt ! De nos jours, il pourrait vivre à l’Américaine partout en Europe.



Les meilleures choses, comme les pires et les médiocres ayant une fin, il me fallut prendre le chemin du retour. Des étudiants Nantais, revenant de faire un déménagement au Maroc me prirent à bord de leur fourgon à la sortie de Madrid où m’avait conduit gratuitement un taxi obligeant et violemment anti-franquiste. Arrivés à Irun, ils me demandèrent de descendre et de passer la frontière à pied, m’assurant qu’ils me reprendraient après le pont sur la Bidassoa et le poste-frontière. Je n’étais pas très fier lors de ce passage car j’avais pris soin de bourrer mon duvet de nombreux paquets de Ducados, cigarette brunes au goût infect mais au prix modique. Je n’eus aucun problème à la frontière et, comme promis, mes compagnons de route me reprirent passé le pont. Quelques kilomètres plus loin, ils s’arrêtèrent sur le bord de la route, l’un d’eux ouvrit le capot du fourgon et en sortit un paquet qu’ils ouvrirent. Il contenait des boites d’allumettes remplies d'herbe qui fait rire qu’ils avaient ramenées du Maroc pour mieux rentabiliser leur voyage. Ainsi s’expliquait leur curieuse requête à la frontière : il voulaient m’éviter les ennuis qu’auraient pu m’occasionner la découverte de leur paquet, ce qui, quoi qu’on en pense est tout de même gentil. Nos routes bifurquant, je continuai mon chemin avec pour seul événement « marquant » une nuit passée dans mon duvet sous un abribus à la sortie d’Angoulême. Pas du tout agréable, à vous décourager de finir clodo. N’avais-je pas trouvé de chambre ? N’avais-je plus un sou vaillant ? Va savoir…

J’ai, depuis fait plusieurs séjours en Espagne dans des conditions moins « aventureuses ». J’ai pu, au fil du temps, voir le pays changer au point que l’on s’y sent de moins en moins dépaysé. C’est bien dommage.


mardi 13 décembre 2022

Espagne 1970 (1)

 


Je ne me souviens plus pourquoi mais en 1970, à l’approche de Pâques, me vint l’irrépressible envie d’aller découvrir un peu l’Espagne. Devant, peu après la rentrée des classes passer mon CAP (Certificat d’Aptitude Pédagogique) d’Instituteur, je ne pus consacrer qu’une semaine à ce voyage. Mon budget étant limité, afin de pouvoir me payer chambres d’hôtel et restaurants, je décidai, bien que possédant une puissante limousine ( une 2 CV Citroën, pour être précis), de rallier Madrid en stop. 2200 km aller-retour en 7 jours, ça paraissait jouable. Ce le fut. Ce périple fut l’occasion de moult rencontres. J’en narrerai ici les plus marquantes.

En ces temps post-soixante-huitards, lever le pouce n’avait rien de trop hasardeux. Les automobilistes s’arrêtaient volontiers. Des braves gens qui me transportèrent, seuls certains me restent à l’esprit. Ainsi, l’un d’eux affublé d’une affreuse laideur m’emmena jusqu’à Niort. Malheureusement, il se mit en tête de me faite découvrir le Niort-by-night dont il me donna un aperçu bien sordide. Sans douter de l’intérêt de la chose, l’idée d’être vu en compagnie de ce quasi-monstre en quelque endroit que ce fût ne me séduisait guère. Il me fallut mobiliser toutes les ressources de ma diplomatie pour me débarrasser de cet inquiétant compagnon. Un autre « brave » homme d’age moyen insista pour me détourner de mon itinéraire pour m’emmener jusque chez lui où il m’hébergerait. Vu qu’il n’arrêtait pas de me malaxer le genou et que je trouvais inquiétant que lorsque je lui expliquai que quitter les routes principales pour de plus secondaires, revenait à quitter la proie pour l’ombre il me répliquât « Suis-je la proie ou suis-je l’ombre ? ». Quel qu’il ait été, je finis par me dépatouiller de cette situation embarrassante.

Je parvins sans autres problèmes à gagner le centre de San Sebastian où je fis la rencontre d’un jeune auto-stoppeur suisse projetant de se rendre à Madrid. Nous décidâmes de lier nos destins. Alors que nous demandions à un passant notre chemin pour quitter le centre-ville, le chasseur de l’hôtel cossu en face duquel nous nous trouvions se rua sur nous afin de nous chasser, pensant que nous mendiions. Il faut dire que nos cheveux longs et nos sacs surmontés de duvets pouvaient prêter à confusion. Notre informateur dissipa ce malentendu.

A la sortie de San Sebastian, nous fûmes pris en charge par un jeune Américain qui, au volant d’une Triumph Spitfire décapotable flambant neuve nous déclara se rendre à Madrid. Il faisait, ses études terminées, son Tour d’Europe comme il sied (ou seyait?) aux jeunes Étasuniens fortunés. C’était le premier Américain que je rencontrai. Dire qu’il avait une personnalité fascinante serait exagéré. Nous fîmes une halte d’un soir à Soria et, ayant trouvé un hôtel, nous nous accordâmes un apéro. La clientèle du bar où nous le fîmes nous accueillit avec enthousiasme. C’était à qui nous paierait son canon. Il faut dire qu’à Soria, durant cette glaciale Semaine Sainte, le touriste se faisait rare, alors, pensez, trois à la fois et de nationalités différentes, ça s’arrosait. Passant de groupe en groupe, buvant force verres et nous empiffrant de tapas (elle étaient gratuites en ces temps bénis !), nous quittâmes nos nouveaux amis un peu chancelants et rassasiés. Un détail me frappa : sur les murs se trouvaient des photographies où des hommes portaient sur leurs épaules une perche où pendait, attaché par les pattes, un animal que l’on me confirma être un loup. C’était un époque où l’on n’avait pas encore remarqué toutes les aimables qualités de ce carnivore alors éradiqué de France. D’ailleurs, ce n’est qu’en 2021 que sa chasse fut prohibée en Espagne…