Je ne veux pas parler du nombre de
pixels souhaitable pour obtenir une belle image mais des décisions
généralement vertueuses que certains disent prendre à l'occasion
de la nouvelle année et qu'ils s'empressent d'oublier à la première
occasion. Personnellement, je n'en prends jamais et s'il m'arrivait
de décider, pour une raison ou pour une autre, de mettre fin à ce
qui est couramment considéré comme une mauvaise habitude, je ne
vois pas pourquoi je le ferais à partir du premier jour d'une
quelconque nouvelle année. Le faire me semble relever d'une illusion
à savoir que d'une certaine manière, ce faisant, on associe le
début de l'année à celui d'une nouvelle vie où les « vices »
feraient place à la « vertu ». Le concept même de
nouvelle vie me paraît fantaisiste. A mon sens, nous n'avons qu'une
vie que nous ne pouvons tant bien que mal que poursuivre jusqu'au
jour redouté ou, plus rarement, espéré où celle-ci se termine.
A cette coutume « vertueuse »
sont venues récemment s'ajouter des injonctions à prendre des
résolutions collectives : le mois sans tabac ou cette année un
« janvier sans alcool » importé de la perfide Albion. Ce
matin même, j'apprends, que pour sauver cette foutue planète pas
moins de 500 belles âmes, appellent les Français à ne plus manger
ni viande ni poisson le lundi. Tout cela est amusant.
Le mois sans tabac ne peut qu'être un
succès, vu que déjà plus de deux Français sur trois ne fument pas
et qu'il serait étonnant que nombre de non-fumeurs mettent à profit
cette occasion pour s'adonner à la nicotine. Quand au « janvier
sans alcool » il n'a rien d'étonnant venant d'un pays où la
consommation de boissons fermentées lors des fêtes de fin d'année
atteint des records suite à la multiplication des « parties »
et des repas de famille. Sans compter que le sujet de sa gracieuse
majesté montre une sérieuse tendance à ne lever le coude que les
week-ends et lors des fêtes et qu'il tend alors à rattraper le
temps perdu. Si on ajoute à ça un reste de culpabilité puritaine
qui tend à faire expier ses fautes, on comprend que le mois des
excès soit suivi de celui de l'abstinence.
L'appel des cinq cents
« personnalités » à s'abstenir de viande et de poisson
le lundi me paraît curieux. D'abord pourquoi le lundi ? Pour
expier de s'en être empiffré le dimanche ? Parce que le lundi
étant déjà le jour de grande tristesse où l'on reprend à regret
le collier, en accentuer la morosité ne changera pas grand chose ?
Comme je ne suis pas puritain et que je n'exerce plus aucune
activité salariée depuis belle lurette, ces arguments me laisse de
marbre. Quant au sauvetage de la planète je ne vois pas, vu que nos
personnalités ne connaissent qu'une notoriété relative auprès de
moins d'un pour cent de la population mondiale, comment, même en
étant aveuglément suivies, il pourrait s'opérer ainsi. Sans
compter que « sauver la planète » est un abus de
langage. Cette pauvre planète en a vu d'autres. Elle a vécu bien
longtemps sans le moindre vertébré. Si ceux-ci venaient à
disparaître, elle continuerait à tourner.
Lors de ma lointaine jeunesse, ce
n'était pas le réchauffement global qui allait détruire la Terre
mais un prochain conflit atomique. On s'imaginait une planète
vitrifiée par le feu nucléaire. Les arsenaux contenaient de quoi
anéantir 50, 100, 1000 planètes. On construisait des abris. On se
demande sur quelles base les habitants, sortis de leur bunker après
avoir terminé leurs provisions auraient bien pu subsister. Se
seraient-ils entraînés à manger des cailloux ?
L'apocalypse nucléaire n'a pas (au
moins pour l'instant) eu lieu. Nous vivons d'autres peurs. Nos
lointains ancêtres avaient les leurs. Bien des catastrophes se sont
produites mais pas forcément celles que l'on redoutait.